J. Stevens comprend dans les yeux de l'officier de la CIA qu'il lui demande une chose incompatible tant avec ses fonctions professionnelles que ses propres valeurs personnelles.
- Il s'agit d'éléments que je souhaitais vérifier, mais c'est irrationnel. Cela ne mérite donc pas de s'y attarder davantage, le rassure-t-il. Nous pourrons en reparler ou bien je vous en écrirai quelques conclusions.
- Bien sûr, c'est irrationnel, bien sûr c'est moi le Jackall, le prédateur fou ! saloperie de ricains à la con ! Ça balance sur Hiroshima puis ça fait une leçon de paix dans le monde !
Le psycho-criminologue est satisfait de voir que l'agent abaisse son attention, bien que cette manœuvre n'annihile pas complètement l'intérêt pour la question. Il se chargera plus tard d'en briser tous les sursauts avec quelques analyses dont il a l'habitude. L'essentiel est de focaliser la réflexion sur d'autres éléments plus factuels.
- Pourquoi cette sélection ? interroge J. Stevens. Y avait-il un sens à la tuer elle, notamment avec tout ce rituel sordide ?
- Oh... il vous a plu, Docteur, mon rituel ? jacte le criminel d'une voix heureuse de provoquer un intérêt. Je sais que vous êtes un visionnaire, Docteur, comme moi ! Que voyez-vous d'habitude ? Moi, souvent, des morts, tellement de morts...
- Pourquoi elle ? reprend froidement le psychologue.
- Je pourrais dire beaucoup de choses, de longues théories sur le pourquoi du comment un prédateur choisit une proie, mais les faits sont plus instinctifs et primaires. J'étais alcoolisé, drogué, en chasse.
- Seulement ça... pourquoi elle dans ce cas plutôt qu'une autre ?
T. Lewis approuve la relance du psycho-criminologue, lui qui apprécie que l'on revienne à l'enquête de terrain.
- Il y avait un homme au bar, vêtu d'un costume noir particulièrement élégant, ça je m'en souviens. L'homme était malheureux, il m'a conté ses mésaventures avec cette salope de « Célia » qui était là.
J. Stevens sent la pression monter, la colère, le sentiment d'un proche à protéger et défendre contre l'irrespect... un proche mort, tué par la personne qui en manifeste l'insulte.
- Et ?
- Je ne supporte pas les putes, Docteur...
- Qui était cet homme ? demande l'agent Lewis afin de rester focaliser sur les éléments essentiels.
- Aucune idée le bouffon, mais une femme ne doit pas faire de mal au cœur d'un homme. Je n'ai pas aimé son regard.
L'heure avançant, les deux hommes se retirent pour délaisser leurs éléments dans leur bureau, avant l'évacuation des lieux de tous personnels extérieurs.
- Entre le peu de jours qu'il nous reste, le décès médiatique du responsable des entreprises Stare, Newton, SBC et tant d'autres, les refus systématiques d'informations extérieures par le conseiller Whedon, je crains Docteur que nous arrivions bientôt à une impasse.
J. Stevens ne répond pas, concentré sur les éléments qui le troublent.
- A moins que vos découvertes avec le suspect n'avancent plus que ce que vous m'en dîtes.
L'agent le considère avec un sourire cynique.
- Je suis jeune, mais pas naïf.
- Je le mesure bien agent Lewis. Vous êtes, de loin, le professionnel le plus doué avec qui j'ai pu travailler. Mais je ne suis pas en fin de vie non plus, sourit-il.
Ce rare sourire alerte T. Lewis, soit d'une complicité visible, soit d'une information dont il ne dispose pas. Il décide de valider la complicité qu'il renvoie au Docteur :
- Le commissaire ne vous dit pas bonjour d'ailleurs, Docteur, car il ne sait pas si les Américains sont suffisamment courtois pour se saluer.
Les deux hommes s'esclaffent, puis Lewis poursuit :
- Si Naghten est un Anglais courtois, bien que sur le front, je ne vous remercie pas pour le contact avec l'autre commissaire, Joe Garidon. Je n'ai jamais échangé avec une telle créature, j'en enviais même nos moments c'est dire.
- J'imagine bien !
Fiche historique : Christian Naghten n'est pas un commissaire ordinaire. Elégant, distingué, il détient une intelligence discrète et naturelle. Des plus raffinées aux plus directes, toutes les personnes qui croisent le chemin de C. Naghten n'en restent pas indemnes. Dans ses sentiments mêmes, il reste un homme pudique. Cousin éloigné et compagnon depuis l'enfance avec qui il travailla de nombreuses années, Jerry Howes, il lui adopta la même posture : ferme, respectueuse, modérée, retenue.
Cela en fait-il un homme froid ? Bien au contraire. Il tient sa mesure d'une haute éducation sociale, auprès de sa famille, noble et de l'école militaire. Il aime sa patrie, ses collègues, sa famille, ses proches. L'Angleterre, de Leipzig, Waterloo à la Normandie, est une grande nation. La droiture de l'engagement, du professionnalisme, couplée à la juste transmission des sentiments en fait un supérieur respecté, approuvé, suivi, adoré.
Ce fut la conclusion de la discussion avec Trudy Lona, sa compagne et collègue, la veille au soir de l'arrivée du Dr J. Stevens.
Identité : Christian Naghten
Naissance : 1976 - Décès : 2022
Cause décès : Infarctus du myocarde.
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Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)
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