Chapitre 9 - Motifs (Partie 2)

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Léa

Je n'en revenais pas. J'étais bouche bée. Je ne savais pas quoi répondre. Ma cousine, que j'aimais tant, était responsable de la mort de quelqu'un. Elle avait laissé le pauvre homme sur le bord de la route, le délaissant comme s'il était insignifiant.

Je me redressais sur ma chaise, totalement dévastée. Je ne savais pas comment réagir, j'étais perdue. Le silence s'étira pendant plusieurs minutes. Personne ne dit rien. Mais, finalement, la colère en moi prit le dessus, et, me levant, je criai à Beatriz :

- Tu es complètement folle ! Tu as tué quelqu'un ! Tu te rends compte de ce que tu viens de m'avouer, Beatriz ?

Elle mit sa main sur son cœur, surprise de ma réaction. Des larmes montèrent à ses yeux. Elles souffraient, mais je n'en avais rien à faire. Elle méritait cette souffrance. Toutefois, à ma grande surprise, elle se ressaisit et posa son thé sur la table basse. Lorsqu'elle leva les yeux vers moi, je vis en elle un regard plein de haine et d'incompréhension. Comment osait-elle me regarder ainsi ? Elle se leva à son tour.

- J'admets avoir commis un crime... irréparable ! s'exclama-t-elle. Mais de là à ce que tu m'accuses uniquement moi de l'avoir fait... Alors vraiment, je ne te comprends pas Léa ! Je... Je te rappelle que je n'étais pas la seule présente sur la route ce soir-là !

Elle pointa un doigt menaçant devant moi.

- Si je l'ai laissé, c'était pour sauver Timothé ! Parce que lui, il m'a vraiment aimé. Il a été le seul à me comprendre quand j'étais au plus bas. Alors que toi, tu m'as abandonné à cause d'une chamaillerie inutile !

Elle marqua une pause. Elle croisa les bras. Elle était toujours emportée par la haine. Et moi aussi. Mais j'étais trop sidérée par sa réaction que je n'osais pas placer ne serait-ce qu'un seul mot. Elle reprit :

- Donc... Timothé est aussi coupable, Léa ! D'ailleurs, à ce propos...

Elle serra le poing. Un sourire étrange apparut sur son visage. Elle était... satisfaite ? Oui, elle allait sûrement me dire quelque chose qui allait me blesser, ou alors me rendre coupable. Et cette chose, ça concernait Timothé. Elle se rassit et bu une petite gorgée de thé.

- Tu crois que je ne suis pas au courant, Léa ? demanda-t-elle, après avoir goûté de sa boisson.

Mes battements reprirent de plus belle. Je commençais à comprendre, je commençais à savoir quelle question elle allait me poser. Tremblante, je réussis à lui répondre.

- Au courant de quoi, B ? dis-je d'une petite voix.

- Je suis au courant pour toi et Timothé, révéla-t-elle, un grand sourire dessinait son visage : elle avait vu mon point faible. Disons que j'avais remarqué depuis un bout de temps que tu étais intéressée par lui. La façon dont tu le regardais à ton anniversaire m'a mis sur la voix... Et tu crois que je suis assez stupide pour ne pas comprendre que la réunion que tu as organisée avec tous tes amis les concernait ? Vous étiez tous en train de comploter pour me le prendre !

J'étais sans voix. Que devais-je répondre à une telle chose ? J'étais dans le tort, il n'y avait plus rien à faire. Elle avait tout découvert. Je n'aurai pas dû lui parler du mercredi après-midi par message.

Je n'allais pas me laisser faire pour si peu. Si c'était cette carte qu'elle voulait jouer, alors j'allais jouer aussi. Autant tout lui raconter de but en blanc. Peut-être se rendra-t-elle enfin compte qu'elle est une personne horrible. La colère reprit le dessus.

- Bravo, tu veux une médaille, B ? lui demandais-je, avec ironie.

- Quoi ?... répondit-elle, surprise que je prenne cette position.

Les roses blessentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant