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Daniela


Ce jour-là, j'étais de corvée de ménage.

C'était une tâche ingrate, mais ça ne me dérangeait pas. Les travaux manuels m'avaient toujours vidé la tête, et Dieu sait si j'en avais besoin depuis que Livai était parti.

Je devais garder mes distances avec Alessio, mais...

J'aimais être avec lui. J'aimais qu'il me fasse rire. J'aimais qu'il me regarde de cette façon si particulière, avec désir, admiration, tendresse...

Personne ne me regardait comme il me regardait. On me regardait, bien sûr, mais... pas comme ça.

Est-ce qu'Alessio regardait Chloé de cette façon, aussi... ?

Sûrement pas.

Nom de Dieu !

Je passai méticuleusement l'aspirateur dans toutes les pièces du rez-de-chaussée, puis la serpillière, chargeai le lave-vaisselle, et comme il y avait tout ce qu'il fallait dans le frigo, je décidai de préparer une quiche aux légumes et du poulet grillé pour le déjeuner.

Je croisai Soraya à quelques reprises. Elle ne m'adressa pas la parole, et je fis de même. J'attendais des excuses, je crois, qu'elle ne semblait pas disposée à me faire. Je lui en voulais, mais je crois que je m'en voulais surtout à moi-même.

Puisqu'elle avait raison, dans le fond, et que je n'étais pas sûre de ne pas être d'accord avec elle.

C'était ça, le problème.

Je ne mangeai pas avec Jules et Soraya. Je me pris une part de quiche et la dégustai tranquille dans le jardin, tandis qu'ils mangeaient dans la cuisine.

Flemme du drama. Envie d'être tranquille.

─ Merci pour le repas, c'était très bon, me dit Soraya lorsque je revins avec mon assiette vide.

─ Pas de problème.

Elle triturait sa queue de cheval noire.

─ Tu aurais pu manger avec nous.

─ Je n'ai pas l'impression que tu en avais envie, répondis-je sans m'embarrasser de faux semblants. Clairement, je ne suis pas dans tes petits papiers, en ce moment, hein ?

Je connaissais Soraya depuis dix ans. Pas le temps pour l'hypocrisie.

─ Bien sur que si, soupira Soraya. Ecoute, tu es mon amie, Dani.

─ Ah ?

─ Je veux juste... que tu fasses attention, c'est tout.

─ OK, fis-je, ne voulant pas entrer dans un nouveau conflit avec elle.

Elle était têtue comme une mule.

Le fait est que moi aussi.

C'était donc inutile et contre-productif.

─ Comme je t'ai dit, on sort, avec Julou, reprit Soraya en attrapant son sac à main qu'elle avait posé sur le comptoir de la cuisine.

─ Pas de problème, j'ai des trucs à faire moi aussi. A plus.

─ A plus.

**

Les garçons rentrèrent en fin d'après-midi alors que je lisais sur un transat, au bord de la piscine, cherchant à me détendre. Ils n'étaient pas seuls ; apparemment, Ajay et ses copains les accompagnaient.

─ Salut, ma belle, dit Ajay avec un grand sourire.

─ Tiens, Ajay. Salut.

Je ne l'avais pas revu depuis la fête au bord de la mer, et il ne m'avait pas tellement manqué. Normal : il m'envoyait beaucoup de messages, auxquels je ne répondais pas toujours, pour être honnête.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant