Chapitre 2 :

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DÉBUT DU CHAPITRE

- ... Mais je t'ai dit que je n'avais pas mal.

- Allez... sur une échelle de 1 à 10, t'as mal comment ?

- Elliot ! Tais-toi ou je t'en mets une ! grogna Stan à l'attention du garçon.

Elliot. Il n'avait pas cessé de me poser des questions durant le trajet à pieds. À première écoute, c'était quelqu'un de très bavard, quelqu'un qui avait sans arrêt le besoin de communiquer avec le monde extérieur. Il semblait être plutôt petit et avoir un visage d'enfant, comblé par des yeux verts qui lui donnaient l'air d'être un gamin à peine finis.

Le jeune homme avait délicatement noué son pull vert autour de ma taille pour cacher ma blessure, et Stan, toujours caché sous sa capuche, assurait désormais seul de me garder debout.

Elliot esquissa un sourire malicieux, me regarda un instant avant de baisser son bonnet sur la moitié de ses yeux, un sourire en coin glissé sur les lèvres, à l'approche du groupe de femmes de tout à l'heure. "ESQUARD" régnait encore dans les hurlements. Pourquoi se cachait-il maintenant ? Ça n'avait aucun sens. Je secoua la tête, histoire de ne plus y penser. Nous fîmes encore quelques pas et une voiture se dessina peu à peu dans le brouillard apporté par la neige.

- Monte, me demanda Elliot en m'ouvrant une portière.

Stan venait de me lâcher après s'être approchée le plus près de la portière arrière. Je retirai ma main de son épaule et entrai dans la voiture. Je grimaçai lorsqu'il fut se baisser pour accéder aux sièges. Je lâchai un « Putain ».

Stan, au volant, roulait des yeux tandis qu'Elliot le rejoignait à l'avant. Je me calai dans le siège et observai le bolide dans lequel j'étais assise. Fenêtres teintées, sièges en cuirs, GPS hors de prix,... Avec qui m'étais-je dont embraquée ? Je poussai un soupir, la main posé sur le pull chaud entourant mon ventre.

- Accélère un peu toi ! dit Elliot après quelques minutes, ne m'ayant pas quitter des yeux depuis le départ.

- Je fais de mon mieux alors tiens toi un peu ou tu passes par dessus bord, grogna le second homme.

Mes vêtements étaient trempés à cause de la neige. Je retirai mon bonnet noir, puis le posai à côté de moi avant d'appuyer ma tête contre la fenêtre et de regarder les lumières défilaient sous mes yeux. Mon souffle chaud se cognait contre la vitre. J'en profitai pour réfléchir à la situation.

J'étais dans une voiture hors de prix, avec deux hommes qui me sont parfaitement inconnus. L'un gamin, l'autre étrange. J'étais blessée et ils allaient m'aider. Pourquoi n'étais-je pas rassurée ?

Je m'efforçais de rester éveiller depuis un moment lorsque la voiture s'arrêta. Je n'avais aucune idée du temps effectué en voiture, à vrai dire, je m'en contre-fichais. Je tirai la poignet de la portière en donnant un coup d'épaule dedans, puis sortis en dehors.

Il neigeait à gros flocons.

- Attends, j'arrive t'aider.

Elliot me prit le bras pour le passer sur sa nuque. Il posa ensuite sa main libre sur ma taille afin de me maintenir correctement. Je lui adressai un bref regard tandis que Stan était partit devant afin de nous ouvrir la porte. Un immeuble gigantesque se dressait devant moi. Je reconnus le quartier Est de la ville, le quartier riche de la ville. Je n'étais pas rassurée. Un frisson me parcourut.

À l'intérieur, je me dirigeai vers l'ascenseur où Elliot me trainait. On y rentra en compagnie de Stan. Il y avait une vingtaine d'étage, mais le leur était le treizième. J'étais appuyée contre le fond de l'ascenseur, Elliot à ma droite et Stan de l'autre côté. Leurs épaules touchaient les miennes, comme si je n'étais pas assez compressée par la douleur.

Nous sortîmes de l'ascenseur et ils me conduisirent chez eux. Je n'eus pas le temps de m'attarder sur le mobilier qu'Elliot m'attrapa le bras pour me mettre dans une pièce, suivit de Stan.

- Reste ici, on revient, dit-il d'un ton rayonnant et calme, comme si j'étais une enfant.

Je me retins de rouler des yeux et acquisai simplement d'un « Oui ». Ils partirent tous les deux, se parlant à voix basse, sûrement à mon sujet. J'attendis leur disparition de la pièce pour me laisser succomber sous la douleur. Je fermai fort les yeux, refermai mes mains sur la laine du pull et m'empêchai de crier à tout prix.

Quelques secondes plus tard, mon regard partit à la découverte de l'environnement où je m'étais retrouvée, histoire d'oublier le mal. La pièce n'était pas très grande. Il y avait une fenêtre sur la gauche du lit sur lequel je me trouvais actuellement, une commode, une bibliothèque remplie de livres et CDs, puis quelques carnets sous une guitare.

- C'est toi qu'ils ont trouvé dans la rue ?

Une nouvelle voix. J'étais en train de me lever du lit quand une main sur mon épaule m'empêcha illico de le faire. Je relevai mon regard vers la personne qui venait de faire cela.

Il était grand, avait une carrure robuste, des yeux gris perçants cachés derrière des lunettes et des boucles châtains parfaitement rangées sur la tête. L'inconnu était habillé d'une simple chemise blanche retroussée au niveau des avants-bras, un jean trop grand et rien aux pieds.

À ses côtés, je pouvais désormais mieux voir Elliot et Stan.

Elliot avait réellement un visage aux traits doux. Sa peau semblait douce et ses yeux verts clairs semblaient pouvoir deviner n'importe quelle pensée. Ses cheveux blonds étaient ébouriffé sur sa tête. Il portait un T-Shirt rouge, un jean kaki et des baskets.

Quant à Stan, il était différent de ce que j'avais imaginé. Ses cheveux ondulés noirs comme la nuit glissaient parfaitement à gauche de son visage, mais étaient inexistant sur l'autre côté de son visage. Son regard noisette planté dans le mien aurait été capable de me donner des frissons. Un sweat noir, un jean de la même couleur et des Doc's formaient sa tenue.

- Vous l'avez sortie d'un ravin ou quoi ? Puis c'est quoi cette odeur... me dites-pas que c'est elle ? s'exclama le bouclé avant d'émettre un petit rire désagréable.

- James, fais pas le con. Arrête de parler pour rien et occupe toi d'elle, siffla Elliot après lui avoir donné un coup de coude dans les côtes.

Mon visage aborda une expression proche de l'incompréhension, ma tête légèrement rentrée sur mon cou. Je regardai James, Elliot, James, puis Stan. C'était quoi ce délire ?

- Elle est blessée à l'abdomen. Elle saigne beaucoup, dit Stan. Stan s'approcha de moi, souleva mes deux couches de vêtements afin de le montrer à James. Matte son état.

Je gonflai les joues pour me retenir de le frapper, puis expirai tranquillement. Je me redressai sur le lit, puis tins les vêtements au dessus de ma plaie pour permettre à James, qui s'était rapproché, de regarder. Il approcha ses doigts et effleura l'entaille.

- Ouch ! Ça te dit pas de me prévenir avant de faire ça ? grognais-je en le foudroyant du regard.

- Si en plus, il se tourna vers Stan et Elliot qui étaient derrière lui, elle me parle mal, ça va pas l'faire.

Stan, en deux pas, se retrouva à côté de James. Il se pencha près de son visage, son regard encré dans le sien.

- Tu as accepté de nous aider, alors tu l'aides ou je m'occupe de te mettre dans le même état.

Plus rien. Personne ne bougeait, seul mon souffle court s'entendait. Le soupir du bouclé brisa ce silence. Il s'accroupit face à moi.

- Tente de pas crier trop fort, y a les voisins qui dorment.

Une vieille blague. Voilà à quoi ressemblait cette scène.

FIN DU CHAPITRE

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