38 - Les mots ne sont pas assez forts

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Camille eut besoin de faire une pause. Elle ne pouvait encore se prononcer sur ce qu'elle venait de lire. Elle savait les thèmes qui allaient être abordés dans la suite de cette lettre et ça lui faisait un peu peur. Malgré ça, elle ne se voyait pas abandonner maintenant. Cam était loquace et c'était ce qu'elle avait souhaité. Il fallait qu'elle aille jusqu'au bout.

Elle alla se servir un verre d'eau avant de continuer sa lecture.

« Marco a tout gâché. Il a tout détruit et c'est pour ça que je l'ai détruit à son tour.

Tu es partie en furie. Tu avais raison. Je ne pouvais t'en blâmer. Tu venais de voir ton amant coucher avec ta meilleure amie.

J'aurais voulu te prendre dans mes bras, te cajoler. T'expliquer que c'était ma faute. Te raconter mon plan et te dire que tu étais le centre d'attention de tous mes actes.

Je t'ai entendu pleurer le long de la rivière. J'aurais voulu sécher tes larmes, mais ce n'était pas possible. Quand je prends le contrôle, tu n'es plus là. Tu voulais mettre fin à tes jours. Je t'aurai empêché de te noyer. J'attendais le bon moment.

Et ce gros porc est venu pour nous voler notre vertu. Ce vieux plouc vicelard sorti de nulle part et qui pensait qu'avoir un pénis lui donnait tous les droits. Je sentais la haine monter en nous. Je connaissais ta faiblesse, il ignorait ma force. Tu as baissé les bras et j'ai pris la relève. Je lui ai appris qu'on ne pouvait pas prendre de force ce qu'on lui refusait. Je n'ai pas retenu mes coups et je l'ai laissé gisant sur le sol.

J'ai paniqué. Je ne pouvais pas te rendre le contrôle. Nous venions de commettre un homicide. C'est du moins ce que j'ai cru à cet instant. Depuis, Pierre nous a confirmé que ce pervers était toujours en vie. Non, mais tu y crois toi ? Le maire du village. Un élu. Des dégénérés ont voté pour cette boule de graisse. Je me demande s'il est toujours en vie et s'il garde une trace de notre altercation. Il ne devait pas être fier de s'être fait éclater la tronche par une femme. J'espère que ça lui a passé toute envie de recommencer.

Je ne voulais pas que tu saches ce que j'avais fait. J'avais honte. Je nous avais sauvées de ce tordu, mais je pensais l'avoir tué.

Il nous fallait fuir. En revenant vers la ferme, j'ai évité Pierre et Michèle. Je n'aurais pas pu leur expliquer. Je pense qu'ils nous auraient protégés, mais je ne voulais pas faire d'eux mes complices. Le risque était trop grand. Marco était resté à la maison. Je n'ai pas eu d'autre choix que de partir avec lui. Si j'avais su conduire, les choses auraient peut-être été différentes.

J'étais affreusement mal. Mal parce qu'on a subi ce viol, et que tu étais également en colère contre Marco. Tu le tenais pour responsable de ce fiasco. Je n'avais rien contre lui, mais toi tu lui tenais grief. Il devait donc payer et il n'y a pas trente-six façons de briser un homme pour une femme. Je le savais amoureux de toi. Je le soupçonnais de connaître mon secret. Il nous l'a confirmé depuis.

J'étais si triste. Au début de cette lettre, je t'ai dit ne pas connaître la tristesse. Les choses avaient changé. Nos émotions étaient trop intenses, nous les partagions. Maintenant, tu sais que ce n'était pas la faute de Marco, mais bien de la mienne. J'avais fait les mauvais choix sans te consulter. Je pensais bien faire sans vraiment réfléchir aux conséquences. Notre idylle avec Michèle et Pierre, je savais que c'était ce que tu voulais sans le dire. J'étais là pour ça. J'aurais dû faire autrement. J'ai toujours agi selon ton cœur et pour la première fois je ne pouvais plus te laisser sur le devant, car tu aurais trop souffert.

Tes sentiments étaient puissants, et c'est devenu un enfer. Je ne contrôle pas tout, tu es celle qui insuffle la façon dont nous devons agir. Si tu veux quelque chose, même inconsciemment, je me charge de l'avoir. Si tu n'as plus de goût à la vie, je nous maintiens. En aucun cas, je ne peux influencer ton état d'esprit.

Au-delà de l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant