V : Un instant aux airs d'éternité

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Un instant aux airs d'éternité

Assise aux abords du Lac Noir, la jeune femme laissait glisser son regard sur la surface miroir de l'eau

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Assise aux abords du Lac Noir, la jeune femme laissait glisser son regard sur la surface miroir de l'eau. Même si elle avait assisté aux derniers cours de la semaine, ses conversations avec Jedusor avaient été timides. C'était comme s'ils se rencontraient pour la première fois, et n'osaient pas se dire les choses. Ce qui était stupide ! Ils n'avaient plus dix ans, ils pouvaient tout de même agir en adulte par Merlin !

Passant une main frustrée dans sa tignasse emmêlée, elle échappa un souffle fatigué. Si seulement elle n'avait pas été choisie ! Si seulement elle pouvait être différente ! Si seulement on n'avait pas désigné son destin à sa place ! Si seulement... « Si seulement quoi ? » Faisant un bon phénoménale et attrapant sa baguette par instinct, la jeune femme brandit son arme vers la personne qui venait d'interrompre ses pensées. « Qui est là ?! » Effrayée d'avoir révélé son plus grand secret à un inconnu, la jeune sorcière analysa frénétiquement ses alentours avant de finalement poser les yeux sur le sourire amusé du préfet de Serpentard. « T-tom ? » Ce dernier eut un petit rire. « En effet. » La jeune femme roula des yeux et rangea sa baguette, légèrement rassurée. Le noiraud s'avança en sa direction, son sourire irritant toujours aux lèvres. « Alors ?Qu'est-ce qui te tracasses à ce point ? » Troublée, la plus petite posa un regard incrédule sur son vis-à-vis. « ... rien qui ne te concerne. » Ce fut le pire mensonge qu'elle prononça de toute son existence, mais ça, il n'était pas obligé de le savoir.

Tom leva un sourcil curieux. Elle mentait, et il le sentait bien, mais il ne dit rien. Il n'était pas là pour la mettre encore mal à l'aise. Glissant ses mains dans ses poches, il reprit d'une voix qui se voulait sûre. « Je suis venu te parler de quelque chose, angel. » La jeune sorcière arqua un sourcil, mais le laissa parler. « C'est à propos de l'Armotentia. » À ces mots, la pauvre ne put s'empêcher de rouler des yeux. Il ne lâchait vraiment pas l'affaire quand il s'y mettait ! Le noiraud remarqua son agacement et sourit légèrement. S'il avait été à sa place, il aurait sûrement réagi de la même façon. « Attends avant de partir en courant. C'est sérieux, cette fois. » La plus petite fronça les sourcils. « Cette fois ? Dois-je donc comprendre que tu n'étais pas sérieux dans la Grande Salle ? » Jedusor se mordit l'intérieur de la joue, il venait de gaffer. « J'étais complètement sérieux, angel, et tu le sais. Pourquoi diable simulerais-je des sentiments que je ne suis même pas censé éprouvé ? » La jeune femme ne dit rien, il marquait ce point, mais elle ne lui donna pas sa confiance pour autant. « Continue. Que je rentre au château finir quelque chose. » Le noiraud acquiesça et vérifia qu'ils étaient seuls avant de lui indiquer d'avancer plus loin le long du lac. Cette dernière s'exécuta, sans un mot, attendant patiemment ses explications. « J'ai parlé au Professeur Slughorn dans la semaine. Nous avons découvert quelque chose d'intéressant. » La plus petite l'interrompit. « Je n'ai rien à faire de tes histoires avec Slughorn. Tu es son chouchou, tout le monde le sait. » Tom sentit sa mâchoire se serrer sous l'agacement mais ne se démonta pas. « Laisse-moi au moins aller jusqu'au bout. Ensuite, tu me diras si tu es intéressée ou non. » La plus jeune se contenta de hocher la tête, le regard fixé devant elle. « Je disais donc ; nous avons découvert quelque chose. Et ce quelque chose est en lien avec ce que j'ai vu dans l'Armotentia. » La jeune femme se figea. « Ce que tu as vu ? Tu n'es pas censé voir quoi que ce soit en sentant de la potion, Tom. » Le préfet des verts et argents hocha la tête. « Je le sais bien. C'est pour ça que j'en ai parlé à Slughorn. Même si maintenant, il me colle au train pour m'empêcher d'en savoir plus. » La plus petite sentit ses sens s'engourdir. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi intelligent ? À peine avait-il eu un maigre signe et déjà il était sur le point de connaître la vérité ! Elle glissa ses mains dans ses poches et serra les poings pour cacher son anxiété. « Et qu'as-tu découvert de si exceptionnel dans ce cas ? » Tom eut un maigre sourire. Il avait senti le changement de ton dans sa voix, mais il s'efforça pour l'instant de ne rien laisser paraître.

Arrivés devant un grand arbre vieux d'une centaine d'années, le plus grand stoppa sa marche. Il posa son regard bleuté sur son vis-à-vis et déclara. « Il existe un lien magique inviolable entre moi et la personne que j'ai vu dans ce souvenir. » Une once de panique traversa les yeux de la plus petite avant qu'elle ne retrouve son calme. « ... et pourquoi m'en parler à moi ? » Tous deux connaissaient la réponse à cette question. L'héritier de Serpentard s'avança vers le bord du lac, son sourire ne quittant jamais ses lèvres. « Je pense que tu le sais ça très bien, angel. » La pauvre détourna son regard de la silhouette aguicheuse de son camarade pour observer le château au loin. « ... c'est moi... Dans ton souvenir, c'est moi que tu as vu, n'est-ce pas ? » Sa voix fébrile pinça étrangement le cœur du plus grand. Il acquiesça, et lança son plus beau sourire à la jeune femme. « Mais je ne t'en veux pas. Par Merlin, tu pourrais me faire la pire des crasses, je n'arriverai pas à t'en vouloir. » Subjuguée, la jeune sorcière eut soudain une idée. Un sourire mutin germa ses lèvres alors qu'elle s'avançait derrière sa cible. « Vraiment ? Je peux faire ce que je veux ? » Tom fronça les sourcils à la voix plus que doucereuse qu'elle venait d'utiliser. Il n'eut à peine le temps de jeter un œil par dessus son épaule qu'un sort le projetait dans le lac.

Lorsqu'il remonta à la surface, le rire éclatant de sa compagne fit instantanément disparaître sa colère, et il sourit tendrement. Mais il n'allait pas se laisser faire de la sorte. Il sortit discrètement sa baguette de sa poche et vint attirer la sorcière dans l'eau glacée avec lui. La pauvre étouffa un juron mais ne perdit pas son sourire. « Ce que tu peux être sournois quand tu t'y mets ! J'avais un livre dans ma poche ! » Le jeune Jedusor eut un petit rire et s'avança vers la berge pour se mettre au sec. « C'est toi qui l'as cherché, angel. » Avec un petit de baguette, il sécha l'entièreté de son uniforme et observa sa camarade sortir de l'eau en grelottant légèrement. « Tu veux ma veste ? Tu grelottes. » La jeune femme hocha négativement la tête et se sécha en vitesse avec un léger sourire. « Non merci, monsieur Jedusor. » Ce dernier roula des yeux mais ne dit rien. Ce qu'ils pouvaient se montrer gamins lorsqu'ils étaient seuls.

Mais alors qu'il allait reprendre la conversation sur le souvenir et leur lien magique, la voix reconnaissable du maître des potions se fit entendre de loin. « Monsieur Jedusor ? Vos camarades de Serpentard m'ont indiqué que vous seriez dans le coin. » Tom et sa compagne échangèrent un regard. Ni l'un ni l'autre n'avait envie d'écouter Slughorn déblatérer pendant des heures sur tel ou tel ingrédient. Ils en convinrent donc silencieusement de se cacher derrière le tronc énorme du vieil arbre à leurs côtés, espérant que le vieil homme abandonnerait ses recherches. « Monsieur Jedusor ? C'est à propos de notre dernière conversation. » Les deux cinquième année, plaqués contre le bois, n'esquissèrent pas le moindre mouvement. Et alors que leur professeur s'avançait dangereusement vers leur cachette, la plus petite des deux eut l'idée de contourner le tronc pour ensuite s'avancer dans le sous-bois en silence. Elle fit un premier par-dessus une grosse racine et sursauta violemment lorsque la voix de Slughorn se fit plus proche. Elle manqua trébucher si la main ferme de son aîné ne s'était pas glisser autour de sa taille pour lui éviter cette humiliation. Tom la ramena contre son torse et dut se résoudre à affronter les discours sans fin de son professeur de Potions. « Ah, vous voilà enfin, mon garçon ! » Sa camarade cachée contre lui, le préfet fit de son mieux pour afficher son sourire de façade. « Professeur, je ne pensais vous voir aujourd'hui. » Mais le vieil homme ne l'écoutait pas. Ses petits yeux malicieux étaient fixés sur la silhouette féminine calée dans les bras de son meilleur élève. « Navré de faire irruption ainsi, mon garçon. J'aurai dû vous prévenir de ma venue. » Le Serpentard força un nouveau sourire et glissa une main dans la chevelure de la plus petite pour la maintenir en sécurité contre lui. Si jamais son identité était révélée, il savait que tout Poudlard serait immédiatement animé de rumeurs sans fins sur leur relation. Hors il n'avait nullement besoin que de nouvelles rumeurs naissent à propos de la jeune femme dans ses bras. « Ce n'est pas grave, Professeur, vous ne pouviez pas savoir. » Le pauvre vieil homme fit une petite moue, mais décida d'en rester là. « Je vais vous laisser, Tom. Nous parlerons de cela plus tard, ne vous dérangez pas pour moi. » Et il fit demi-tour, silencieux.

Tom patienta quelques secondes, s'assura que son aîné ne revenait pas sur ses pas, et libéra enfin sa cadette. « Il est parti... » Aussi rouge qu'une pivoine, la pauvre s'éloigna légèrement du plus grand. « J'ai cru que j'étais finie... » Le noiraud eut un petit rire et ramena la jeune femme contre lui. « Tant que tu restes avec moi, tu seras toujours en sécurité, angel. » Il glissa ses mains sur ses joues chaudes et approcha son visage du sien. Mais la réaction de sa compagne ne fut pas celle qu'il espérait. Celle-ci glissa un doigt sur ses croissants de chair, hochant la tête. « Ce ne serait pas raisonnable, Tom. » Jedusor fronça les sourcils mais ne lâcha pas son sourire, glissant alors un léger baiser sur le front de la jeune sorcière. « Qui a dit que j'étais raisonnable ? » 

Angel of Death | Tom E. JedusorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant