Chapitre 15

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Installée sur le lit au centre de la pièce, je la contemple lentement. Une immense armoire habille l'entièreté du pan de mur devant moi, qui pourrait largement contenir les deux seules tenues que je possède. De grandes baies vitrées laissent entrer la douce lumière d'automne et baignent un coin lecture. Deux fauteuils ainsi qu'une table ronde font face à la forêt, celle où nous nous sommes nourris de la biche en début de semaine. Penser à l'animal me fait saliver, je n'ai pas encore eu le temps de déjeuner et mon estomac sait me le rappeler. Je me lève de l'immense lit, qui prend une bonne partie de la chambre par sa taille. Mes pieds viennent se recroqueviller sur le tapis sous le couchage et un frisson s'empare de moi. Mes vêtements étant mouillés, Ian m'a glissé une de ses chemises sur les épaules et ne couvre que le haut de mon corps jusqu'à mes genoux du fait de notre différence de gabarit. Distraitement, je tourne sur moi-même et m'approche des fenêtres.

— Tu pourras agencer notre chambre comme il te conviendra Val.

La voix de Ian suspend ma rêverie. C'est vrai, cette pièce deviendra la nôtre d'ici quelque temps.

— Je la trouve parfaite comme elle est.

Je m'assieds sur l'un des fauteuils avant de reprendre, contemplant Ian ce séché.

— Tu peux m'expliquer ce qui suivra la grande cérémonie, enfin après l'étape de... ?

Je mime un ventre arrondi et l'Alpha se fige. Il met de longues minutes à me répondre, tout en promenant plusieurs fois sa serviette sur son visage. Je comprends rapidement qu'il cherche ses mots et pèse chacun d'eux, pour ne pas m'effrayer.

— Zofia t'a parlé de cette étape ? me questionne-t-il en s'approchant des baies.

— Oui, elle m'a expliqué beaucoup de choses. Comme le déroulement de la Grande Cérémonie, de Mabon et de la fête après être passés devant un passeur. D'ailleurs, c'est qui ?

— C'est comme un prêtre ou un imam. Il fera en sorte que notre lien soit reconnu par les autres clans.

— Et c'est tout ? Après ça, je dois seulement faire des enfants ? Je resterai enfermé dans le château ? Mon ton est légèrement grinçant et cela me peine.

— Non, bien sûr que non, Valentina ! Si tu n'en souhaites pas, nous n'en aurons pas. Je veux que tu sois heureuse Mo Ghraidh, si tu ne désires pas tout ça il suffit de me le dire. Mais, si cela est ton choix, nous devons aller chercher une pilule, au cas où ce qu'il vient de se passer dans notre salle de bain ait porté ses fruits.

C'est fou la facilité avec laquelle il m'intègre à sa vie et qu'est-ce que j'aime l'entendre parler de nos projets !

— Je la prends déjà et puis Zofia m'a bien précisé qu'un enfant né hors Cérémonie n'était pas pur. Je l'arrêterai une fois que nous serons unis. Quand devons-nous entamer les préparatifs ?

— Je préviendrais mes inspirateurs pour la Grande Cérémonie, ne te tracasse pas pour ça.

— Tes aspirateurs ?

Ian part d'un rire franc. Qu'il est beau dans sa serviette enroulée autour de la taille et ses cheveux encore humides ! Je sens mon cœur battre plus vite, je reconnais cette sensation, c'est la même qu'il y a quelques jours.

— Les inspirateurs sont deux membres proches qui nous guident. Ils sont chargés de notre protection contre les autres familles, chasseurs ou sorciers. Ce sont des bêta, mais ici nous préférons un mot moins dégradant. D'ailleurs, tu devras réfléchir aux deux personnes que tu souhaites avoir à tes côtés pour remplir ce rôle.

— Mis à part Franziska et Zofia, je n'ai vu personne.

— Ils savent être discrets. Ils sont mes ombres et vivent au manoir pourtant, mais tu n'as pas eu l'occasion de les rencontrer. Entre ton arrivée et le départ pour le Cottage, ils étaient assez occupés. Je te présenterai Conor et Finn dans l'après-midi.

— Ce ne sont pas les filles tes inspirateurs ? Comme elles habitent au château, j'ai cru que...

Ian secoue la tête et rejoint son armoire afin de s'habiller.

— Zofia t'a parlé de son vécu, il me semble ? Tu sais donc qu'elle est ici parce qu'elle ne dispose pas d'autre endroit où aller. Pour Franziska ce n'est pas la même histoire, mais elle n'a plus que nous, elle aussi.

— Alors, mon choix est vite fait.

Son smartphone nous coupe, jette un œil à l'appareil et me le tend.

— Je pense que c'est pour toi, me dit-il le sourire aux lèvres.

— Allo ?


— Val, tu vas bien ? Tu m'as fait peur en partant à toute vitesse tout à l'heure.


Valentina Tome 1 : un monde nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant