Chapitre 11 : mascarade

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Le lendemain matin, quand Steve descend rejoindre ses amis dans le salon sous les coups de onze heures, il est dégoûté d'apprendre que Christine devait impérativement être chez elle avant dix heures sur ordre de ses parents et que Tony a naturellement joué les chauffeurs de service en bon gentleman qu'il est.

Si ça se trouve c'est parce qu'elle doit assister à la messe du dimanche et l'ironie de la chose n'échappe pas au frêle blond.

Au fond, il est amer parce que c'est le plus loin qu'il soit jamais allé avec une personne du même sexe, avec une personne tout court d'ailleurs et il ne peut même pas en parler avec la personne concernée, fait chier putain de merde !

On est mercredi aujourd'hui, et ni Christine, ni Tony n'ont mis un pied au garage de Bucky depuis le début de la semaine. Steve ne sait pas trop comment prendre la chose, il ignore encore si c'est un mauvais présage ou non.

Il a seulement la confirmation que Sam a bien sympathisé avec Bucky car il les retrouve tous les deux à la médiathèque du coin pour donner des cours de soutien à des élèves du primaire.

Steve aussi a l'habitude de s'y rendre pour prêter main forte à Bucky dès que son emploi du temps le lui permet et il ne s'attend pas mais alors pas du tout à voir débarquer Tony dans la médiathèque une trentaine de minutes plus tard. Ça pour une surprise, c'en est une belle !

Les employés de la médiathèque le conduisent immédiatement à une autre table que celle de Steve et le frêle blond ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil subtil en direction de son crush qui a l'air d'avoir le contact facile avec les enfants car la bonne humeur semble au rendez-vous dès que ce dernier ouvre la bouche.

Une fois l'heure de cours de soutien terminée, Steve voit que Tony a rejoint Bucky et Sam à leur table pour pouvoir discuter avec eux, ils ont l'air de bien se marrer tous les trois et le frêle blond ne veut pas les interrompre, enfin, c'est surtout qu'il est bien trop fier pour aller voir son crush, il veut que ce soit lui qui fasse le premier pas.

Steve prend alors la direction des toilettes et une fois sa petite commission terminée, il se lave les mains dans le grand évier quand il entend qu'on pousse la porte d'entrée dans son dos et qu'une voix familière résonne dans la pièce.

- oh tiens professeur Rogers, c'est marrant de se retrouver là !

- marrant, c'est pas vraiment le mot que j'aurais choisi mais bon...

- ça va, ne sois pas si surpris, je suis quelqu'un de généreux au fond, ça m'arrive souvent de prendre sur mon temps pour aider les autres.

Tony lui lance un clin d'œil joueur et le rose monte immédiatement aux joues de Steve, Dieu sait qu'il en sait quelque chose, pas vrai ?

Prendre sur son temps pour les aider à éjaculer par exemple ? L'allusion à ce qui s'est passé entre eux dans sa salle de bain est à peine voilée, à moins que ce soit le frêle blond qui n'arrive pas à penser à autre chose, mieux vaut qu'il change de sujet, c'est préférable.

- ils ont vraiment l'air de t'adorer ces gosses. Je les avais jamais entendu rigoler autant pendant un cours jusqu'à aujourd'hui.

- ouais, c'est tout moi ça, tu me connais, je suis un petit marrant. Ça va sinon ?

- et toi ?

- toujours quand je te vois. Tu l'as déjà fait dans les toilettes ?

Les yeux de Steve s'écarquillent de surprise pendant que ceux de Tony balaient les quatre murs de la pièce avec attention. Il n'en revient pas que son crush se montre aussi détaché à son égard.

- quoi ? Ici ?

- ouais, viens, on va se mettre dans une cabine, tu verras, ça va être fun !

Il sent la main de son interlocuteur se poser fermement sur son bras afin de les mener tout droit à destination mais Steve se recule aussitôt.

- non, je... attends deux secondes Tony...

- j'ai tout ce qu'il faut sur moi si c'est ça qui t'inquiètes !

Tony lui fait voir un pan de sa veste en jean, sa poche intérieure plus précisément où il peut distinctement y voir une boîte de capotes et du lubrifiant.

Le visage de Steve se décompose, en gros son crush vient le voir juste pour se vider les cojones, il n'y a pas d'autre mot et il s'attend à ce que le frêle blond soit à sa disposition h24 dès que l'envie lui en prend, elle est là la cruelle vérité. Il n'est qu'un plan cul à ses yeux, pas du tout un plan cœur comme il l'espérait.

- et sinon, ça t'arrive souvent de te balader avec tout cet attirail pour aller à la médiathèque ?

- non mais avoue que nos dernières entrevues n'ont pas été des plus chastes donc quand Barnes m'a dit que tu serais sûrement là aujourd'hui, je me suis dit autant être prévoyant.

Tony prend clairement les choses avec légèreté et Steve secoue la tête d'un air agacé, bon sang, qu'il s'est montré naïf, si c'est vraiment tout ce que son crush a retenu de lui, il est grand temps qu'il mette fin à toute cette mascarade et pas plus tard que tout de suite.

- c'est n'importe quoi... faut qu'on arrête ça... tu as une copine Tony, j'aurais dû te dire non dès le départ.

Il aurait dû avoir la force de lui dire non surtout.

- j'ai eu tort de...

- tu regrettes ?

Les sourcils de Tony se froncent tout à coup, son regard devient noir en un instant.

- c'était une erreur, oui. Désolé.

- oh ça va, redescends mec, c'est pas un crime non plus, je cherchais quelqu'un avec qui me venger de Christine, tu te trouvais sur mon chemin, j'en ai profité, affaire classée, on oublie !

Le visage de Steve se décompose, alors c'est ça qu'il a été pour Tony ? Un vulgaire pion qu'on utilise à sa guise tel un mouchoir jetable ?

Ça veut tout simplement dire que Tony a sûrement dû avoir la confirmation que son pot de colle de service l'a trompé et comme il voulait lui rendre la monnaie de sa pièce, il a porté son dévolu sur Steve, la proie facile, la bonne poire quoi.

Steve se rend compte qu'il est à présent seul dans les toilettes, Tony a quitté la pièce au plus grand soulagement du frêle blond, bon débarras !

C'est la vie, pas le paradisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant