Ecrire
c'est capturer quelques souvenirs uniques dans des pochettes immenses,
c'est coller ses tympans sur l'enceinte afin d'approcher l'silence,
c'est l'insolence du cerveau d'celui qui à l'apogée s'élance,
c'est voir défiler sa vie dans l'noir jusqu'à la prochaine séance.PDV Louane
janvier 2007- 8h08
Écouteurs enfoncés dans les oreilles, capuche et casquette visées sur la tête, j'attendais sagement dans un des couloirs du 1er étage de ce bahut, que mon prof de français de cette année se décide, enfin, à venir nous donner cours.
D'autres lycéens se plaignaient de son retard constant.
J'observais ces jeunes de mon âge, de tout genre autour de moi. Des stéréotypes pour tous les goûts.Ça faisait maintenant plus d'une semaine que j'étais arrivée sur Paris.
Mes parents et moi avions emménagé dans le 15e arrondissement. J'y suis née, mais ça restait étrange de revenir après ces années à grandir loin de la capitale.-Bonjour, les élèves! Excusez mon retard!
Un petit monsieur maigrichon, aux cheveux blancs, arriva en courant, le souffle saccadé.
Les élèves entrèrent un par un dans la classe, mais quand je voulu les suivre, ce que je redoutais arriva.-Hop, hop, hop! Je ne te connais pas toi! Tu es sûrement la petite nouvelle, n'est-ce pas?
La petite nouvelle... sortez moi de là.
J'hochai doucement la tête en enlevant ma capuche.
-Parfait! Nous allons te présenter, ne t'inquiète pas! Je suis M.Simon, ton professeur de français. Louane, c'est bien ça, hein?
J'hochai de nouveau la tête comme seule réponse. Il souriait avec beaucoup d'enthousiasme, ce qui me fit esquisser un sourire malgré moi.
-Silence, s'il vous plaît! S'il vous plaît!!!
Apparemment, ce professeur avait un peu de mal à se faire entendre. Il attrapa donc son sac, et le lâcha sur la table, ce qui provoqua un bruit lourd qui me fit sursauter.
En remarquant le silence et l'attention soudaine vers nous, je raclai ma gorge en enfonçant un peu plus ma casquette sur ma tête.
-Merci. Je vous présente Louane, votre nouvelle camarade de classe. Je sais qu'on est presque à la moitié de l'année déjà, mais que cela ne vous empêche pas de l'intégrer comme il se doit dans notre établissement!
Les regards rivés sur nous me mettaient bien trop mal à l'aise. Il était clair qu'après avoir espéré être discrète, on ne pouvait pas faire pire comme entrée...
Je ne savais pas vraiment où poser mon regard, il passait du prof à mes chaussures, puis de la fenêtre aux affiches sur les murs. Putain, ce moment me semblait durer une éternité.-Bien alors où vais-je bien pouvoir te mettre...? marmonna-t-il en replaçant ses lunettes sur son nez.
Je sentis mes joues devenir bouillante, ma gorge se serrer, j'enfonçai mes points un peu plus loin dans les poches de mon sweat, tout en prenant soins de baisser la tête le plus bas possible pour cacher mon visage.
Cette timidité allait finir par me tuer, j'avais envie de disparaître.-Je ne vais quand même pas te mettre sur une des tables du fond...
Si, le plus loin possible, mettez moi n'importe où tant que c'est loin du regard oppressant de tous ces ados, pensais-je si fort dans l'espoir qu'il m'entende.
-Bon, écoute, il y a une place juste ici, tu peux t'y installer pour qu'on puisse démarrer le cours?
Le rang du milieu, 3ème rangé, table de gauche. La place qui m'était destiné pour le reste de l'année pendant les cours de français avec M.Simon.
La table de droite était occupé par un garçon complètement affalé sur cette dernière.-À côté de M.Samaras! ajouta le prof en élevant la voix dans le but de réveiller mon nouveau voisin.
Il releva la tête en panique, en s'agrippant à la table, ce qui fit bien rire ses camarades.
-Il est actuellement 8h17 du matin, nous sommes en classe de français, salle 112, dans le lycée Paul-Bert, se situant dans le 14ème arrondissement de notre belle capitale française, Paris. Bienvenue à toi Ken, bien dormis?
Le garçon fixait son professeur les sourcils froncés, l'air ahuri, toujours sous les ricanements des autres élèves.
Le prof soupira désespérément et m'indiqua à nouveau la place qu'il m'avait attribué pour que je m'y installer.Je pris une légère inspiration avant de me faufiler entre les tables pour atteindre ma place le plus vite possible. Le regard pesant de certains m'angoissait toujours autant, si ce n'était plus. Je n'allais vraiment pas m'y faire...
*
J'avais passé le reste de l'heure à griffonner quelques trucs qui me passaient pas la tête, dans mon cahier, histoire de stimuler mon cerveau sur autre chose que la pression que je ressentais. C'était une habitude que j'avais prise, j'ai toujours aimé écrire. Je noircissais des journaux depuis que j'avais appris à écrire mon prénom. J'ai toujours eu la tête plongé dans les bouquins, c'était une conviction de maman qui était une grande fan de littérature, notamment de poésie et de théâtre; quant à papa, il était certain qu'un jour, c'est moi qui en écrirais.
J'y tenais beaucoup, car en plus d'être un de mes centres d'intérêts principal, dont j'étais complètement éprise, c'était aussi l'une des seules choses qui me rapprochait de lui, mon père. On ne discutait pas beaucoup, nous n'avions pas vraiment d'affinité ou de complicité père-fille. Ce que j'allais bien pouvoir faire de mon avenir, ça, ça comptait plus que tout à ses yeux, c'était bien la seule chose qui l'intéressait à mon sujet. J'avais du talent, je devais l'exploiter, pour faire honneur à l'image de cette famille issue de l'immigration, qui avait tant souffert depuis des générations. J'aimais mon père pour cela, c'était mon père, je ne pouvais que l'aimer. Alors j'écrivais sans arrêt, c'était mon seul moyen d'attirer son attention du haut de mes 5ans, jusqu'aujourd'hui.
L'heure passait, lentement, et mon voisin se faisait de plus en plus curieux. Je le voyais observer la plus part de mes faits et gestes, ce qui était plutôt déstabilisant.
-Eh?
Je sursautai, ne m'attendant pas à cette interpellation, et tournai la tête pour faire face à mon interlocuteur.
-C'est quoi ton blaze?
Mon blaze.
Allé Louane, c'est peut-être le moment de s'intégrer, ne fait pas les mêmes erreurs, souffle un bon coup, lance-toi.-Louane.
-Ken.
Il avait un sourire en coin, et me tendait son point pour me proposer un check. Ses cheveux brun étaient mal coiffés et lui tombaient un peu devant les yeux.
Je répondis à son geste avec un maigre sourire avant de me re concentrer sur mon cahier.Bravo Louane.
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Alunissons
Fanfic"J'avais l'impression que le monde entier s'effondrait sur moi, mais il était là." Comment avaient-ils pu en arriver là? Malgré une infinité de trajectoires possibles, le destin a choisi de les mener à cet instant précis dans l'univers. Qui aurait...