Tu es au château Dimitrescu.
Tu ne te souviens de rien, mais tu t'es redressée rapidement du lit dans lequel tu te trouvais. Tu étais en état de stress intense, tu tremblais et ta vue obscurcie. Le liquide chaud qui s'écoula de ton nez et l'alourdissement soudain de ta tête te fit rapidement comprendre que tu t'étais relevée trop vite. Les taches noires qui se posèrent sur toi et qui se mirent à bourdonner te laissèrent ensuite croire que tu étais dans un état encore bien pire. Alors que ton corps s'effondra sur le lit, la tête cognant contre l'oreiller et que tu te mises à distinguer d'énormes mouches autour de toi, comme dans un cauchemar, jusqu'à les entendre dans ta tête et les sentir à l'intérieur de toi.
Elles rendaient cet espace doux et soyeux répugnant, comme être dans un bassin d'ordures et de viandes mortes mais de reposer sur le lit d'une reine. Tes gémissements de peur et de douleur attirèrent des pas lourds jusqu'à ton lit. La vision te revint, pour constater que les rideaux du lit à baldaquin t'isolaient du monde avant quelqu'un ne les écarte et que tu tombes face à face avec une femme géante, dominatrice, sensuelle et dangereuse.
_ Oh mon Dieu ! Vous êtes le Diable ?! Ou Lilith ? Je vais être violée pour l'éternité, c'est ça ?
Tu es tétanisée et anéantie, alors que tu crois être en enfer et sur le point de subir mille sévices pour l'éternité, tandis que la femme devant toi affiche plutôt un air choqué pendant que tu t'effondres en larmes, incapable d'affronter les tourments éternels que tu imagines mériter.
Lorsque la main géante saisit ton visage et que le cuir robuste du gant noir toucha ta peau, tu ne t'attendais à rien d'autres qu'une gifle, comme l'esclave bruyante et insolente que tu étais. Cependant, rien ne vint violenter ta joue, mais tu entendis une réaction attendrie et émerveillée au-dessus de toi. Tu ouvris les yeux et rencontra les merveilleux iris d'ambres, tandis que ton visage fit face à un sourire victorieux, terrifiant et terriblement inquiétant.
_ Ohhh... Comme aux premiers jours... Si adorable... Tu es en sécurité, mon petit moucheron, mon château, ta maison. Et moi, je suis ta mère, Alcina Dimitrescu.
_ Ma mère ? Mais je suis... Je suis...
Son gant quitta ta mâchoire pour l'une de tes mains et te tira du lit pour te positionner face à un miroir où tu rencontras un reflet que tu ne reconnus pas.
_ Tu es Bela Dimitrescu, répondit ta mère, c'est ce que tu es, maintenant, et, je suis sûr, ce que tu seras encore dans l'avenir.
Tu ne peux pas t'empêcher de crier et de te reculer d'effroi. Ta bouche est alors couverte et ton corps se bloque contre ta mère. Tu lèves les yeux vers elle qui te regarde toujours avec admiration. Tu es encore plus désorientée et terrifiée. Tu hurles donc un cri étouffé. Elle sourit bien plus. Tu verses des larmes, elle y répond ainsi :
_ Les premiers cris adorables de mon bébé...
Après ça, sa main se retira de ta bouche et tu repris ton souffle. Ta "mère" secoua son gant, légèrement imprégné de salive et de larmes. Tu n'as plus envie de crier mais tu continues de pleurer et tu trembles. Au moment où tu vois ta "mère" se saisir d'une robe de chambre, elle s'arrête, la regarde un instant, perds son sourire, puis la jette au sol. Elle se met à genoux et te prend dans ses bras.
_ Tu es parfaite, ma fille, ma Bela, mon trésor. Je te retrouve enfin, j'en suis sûr.
Tu es perturbée. Il y a quelque chose qui te dérange chez cette femme géante qui pourrait te briser la nuque d'un seul coup. Mais, elle est très maternelle avec toi, très aimante et très attentionnée. Elle te parle également d'avoir conscience que tu n'es pas vraiment sa fille à l'intérieur, vous semblez être des inconnues l'une pour l'autre, mais n'a de cesse de te dire que tu es "Bela Dimitrescu" maintenant.