Chapitre cinquième : les yeux de biche.

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Il a des yeux de biche.

Des qui font douter de sa capacité à mentir ou blesser. Il fait des efforts. Il a de petites attentions et des mots doux. Enfin, il le fait croire pour les personnes qu'il apprécie. Il n'aime guère beaucoup de monde. Il les aime ingénues, belles et un tant soit peu farouches. Il n'a pas d'amis, il a des sujets ou des boucs émissaires. Et bien sûr, les femmes n'en font pas partie. Les femmes sont des objets de désir ou de haine.

Il a des yeux de biche.

Pourtant il est le chasseur. Il n'a rien pour plaire, il pense pouvoir traquer les filles comme il le fait pour les animaux. Sauf qu'il tue ces animaux, les coupe, les vide et les affiche dans sa maison. Les femmes, il joue avec. Les suit, les caresse, les tape et les garde dans son répertoire. Il se la joue cool, il rigole et sourit constamment. Il est positif et entreprenant dans toutes ces choses avec lesquelles il n'est pas d'accord.

Il a des yeux de biche.

Mais il voit trop de choses qu'il n'aime pas. Il est contre les étrangers, contre les pauvres, contre les bourges cultivés, contre les artistes, contre les intellectuels, il est contre les légumes et les végétariens, contre l'écologie, contre l'amour non hétéronormé. Il s'indigne des hommes faibles, ceux qui pleurent, ceux qui ne se moquent et ne répriment pas les autres. Il aime les mâles bancs virils et français. Des qui peuvent chasser, rouler de grosses voitures et qui ont assez d'argent pour payer leur tournée de bières à la fin d'un match de foot. Il les aime forts et si fort qu'il les préfère aux femmes. Mais il aime d'avantage se sentir supérieur.

Il a des yeux de biche.

Il ne les utilise que pour ses fins. Il ne recherche pas l'amour, il recherche l'obéissance. Alors il choisit les femmes qui n'auront pas assez d'amour pour elles-mêmes, il choisit de les charmer quand elles en ont besoin, car, il les sait plus dociles lorsqu'elles sont battues. Et il aime sa mère. Elle le nourrit et l'accueille peu importe le moment. Elle est stricte avec lui, c'est ce qu'elle pense. Mais il fait ce qu'il veut, il blesse tout. Il est grand mais ne l'a pas toujours été. 

Il a des yeux de biche.

C'est la seule chose qu'il aime dans son physique. Il était gros et en était complexé. Il a de très grandes cernes naturelles et en était également complexé. Le pauvre petit n'était pas le meilleur de sa classe, il était dans la norme, avait peut-être même des difficultés. Il mangeait le midi chez lui, au début. Après il traînait. Il se cherchait une bande, un royaume. Il grandissait, il pouvait être leur roi. Mal aimé, il s'assurait d'avoir du soutien. Sa technique d'approche est l'alliance contre un marginal faible. C'était simple. 

Il a des yeux de biche.

Et est rusé comme un renard. Il était attentif à bien comprendre et interpréter les murmures de mécontentement et souffles de révoltes de ses suiveurs perdus. Il transparaissait comme le bouclier nécessaire d'une vie farouche. C'est ce qu'ils voyaient en lui. Il avait de l'argent. Et ne s'en cachait pas. Ou peut-être suffisamment pour rejeter ceux qui en avaient plus. Il est un chasseur, il harcèle comme il traque. Il ne les lâche jamais, les observe attentivement et les frappe doucement là où cela fera le plus mal.
Toujours dans l'ombre, il regarde avec naïveté les adultes, attendrissant, il a des yeux de biches.

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