Chapitre 40 : La queue du serpent (époque : 2022) (2/2)

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Ils entrent dans la cellule sous l'autorité du Lieutenant. A l'intérieur, l'homme est assis en tailleur et a disposé les affaires de façon à accueillir deux personnes. Il les fixe comme s'il s'attendait à leur entrée.

- Bonjour, les salue-t-il chaleureusement.

J. Stevens et T. Lewis se regardent, tous les deux aussi étonnés. Les yeux de Lewis cherchant à savoir si cet accueil est à l'image des précédents, étant pour la première fois réellement confronté à l'homme au sein d'un entretien ouvert.

- Bonjour Dr Andrews, répond avec sympathie J. Stevens, quand l'officier se contente d'une expression faciale, tous deux en s'asseyant en face du détenu dans l'espace confiné de la cellule pour ennemis de l'état.

- Je vous ai installé ma bassine si vous souhaitiez vous laver les pieds ou les mains.

L'officier cherche à nouveau une réaction de son collègue, validant la normalité de la proposition.

- Etes-vous croyant Docteur ? déduit J. Stevens.

- Je crois dans les humains, répond-il d'une voix basse et inspirante derrière sa barbe. C'est déjà beaucoup d'efforts.

Alors que le jeune officier observe avec minutie tous les détails de la posture, intonation, choix des mots et réactions du suspect, celui-ci renvoie la même considération.

Bien sûr, dans ses fonctions, T. Lewis a déjà été observé, épié, dévisagé et analysé, mais toujours avec dédain, provocation ou défi, jamais avec une telle bienveillance dans le regard. Il se sent désarmé, mis à nu par une telle intensité dans les yeux.

- C'est courageux de votre part, venir contre les consignes de sécurité. Encore le Docteur, il sera certainement suspendu ou pire à la fin de cette enquête, mais vous, un agent de la CIA... Je suis agréablement surpris, prononce-t-il distinctement avec un sourire aimable.

- Qu'en savez-vous ? s'irrite sans emportement T. Lewis.

- N'ayez de craintes, je ne vous veux pas de mal, mais seulement que vous me fassiez confiance.

- Demain un comité viendra surveiller l'état de nos recherches, explique J. Stevens. Si nous ne possédons rien de concret, il n'y aura plus rien à faire.

- Je vous ai déjà dit que je souhaitais en finir, Docteur, ne vous en faîtes pas pour moi.

Il plonge ses yeux clairs et perçants dans ceux abyssaux du psycho-criminologue pour ajouter :

- On a ce que l'on mérite, je ne désire aucun combat.

- Tout ce que vous nous dîtes peut rester entre nous, Dr Andrews. L'agent Lewis et moi-même trouverons des informations cohérentes à donner, mais délivrez-nous des éléments sur lesquels nous broderons. Gardez la vérité.

- La vérité...

- Oui, la vérité Dr Andrews.

- Docteur, il y a des choses qui ne doivent s'apprendre qu'au moment venu.

- Le moment venu ? rebondit J. Stevens.

W. Andrews prend le temps d'observer le maigre clinicien, l'évaluer pour conclure :

- Vous n'êtes pas dans un bon jour Docteur, c'est dommage. Si proche de la fin, j'espérais pouvoir davantage vous aider. Je constate qu'ici, comme pour tant d'autres choses, je suis inutile.

- De quoi parlez-vous ? demande Lewis.

W. Andrews repose l'arrière de sa tête contre le mur, ferme les yeux et expire de lassitude. Toujours dans cette position de recul, il demande doucement :

Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant