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7. ❆ Le comte Alekseev

Le train à vapeur est une innovation technologique qui a grandement facilité les déplacements entre certaines villes de Snezhnaya. Inaugurée il y a quelques années, la première voie de chemin de fer a été construite de Kykovsky jusqu'au plus proche d'Anaskoye, en passant par la capitale, Tsaritsyne – la gare ayant dû être construite directement à la sortie de la ville, car les renforts extérieurs étaient une gêne trop importante pour laisser le train rentrer directement au milieu de la ville.

Cette inauguration a été un événement d'une importance considérable qui a fait la une des journaux pendant des lustres. Ce n'est que plus tard que Morepesok a vu les trains desservir cette ville portuaire, permettant de charger les wagons des chargements à peine descendus des bateaux.

Véritablement, cette invention a révolutionné le pays.

En ce moment même, de nombreux ouvriers œuvrent pour confectionner la ligne desservant Sibarod, qui demeure encore inaccessible par un autre moyen qu'une monture ou qu'une calèche.

Je n'ai eu que peu d'occasions de prendre le train auparavant, donc ce trajet que je dois faire jusqu'à Kykovsky demeure une nouveauté pour moi.

La gare est gigantesque, et bien gardée pour éviter toute invasion de monstres rôdant aux abords de la capitale. En dehors des remparts servant de barrière épaisse contre ces ennemis de l'extérieur, la gare a dû se munir d'un système de protection aussi redoutable qu'efficace.

La structure en métal loin au-dessus de ma tête pour abriter de la neige constante ne fait que réverbérer le bruit insupportable des moteurs des locomotives arrêtées à quai. Ces mastodontes métalliques imposants émettent des bruits stridents quand ils s'apprêtent à démarrer.

Sur la voie devant moi, un train en partance pour Morepesok se met en branle lentement, son espèce de cheminée gigantesque émettant un son à vriller les tympans pour avertir du départ du train. Les roues se mettent à tourner, tirant les wagons de voyageurs plus loin sur les rails alors qu'un gigantesque nuage de vapeur s'échappe de la locomotive avec un chuintement désagréable.

Le cliquetis métallique des roues sur les rails se fait entendre de moins en moins distinctement à mesure que le train prend de la vitesse, cédant la place à un tremblement de la terre qui finit par s'estomper une fois le train parti de la gare.

Une invention révolutionnaire pour le moins bruyante si vous voulez mon avis. Mais je suis sûre que je pense ainsi seulement parce que je n'en ai pas l'habitude.

Quand vingt heures approche, un employé se met à hurler pour rameuter la foule de voyageurs patientant, indiquant depuis quel quai le train pour Kykovsky partira. Il semblerait que de nombreuses personnes se sont d'ores et déjà habituées à effectuer ce trajet régulièrement. Se déplacer à Snezhnaya ne fait plus aussi peur, alors qu'avant seuls les véritables aventuriers se donnaient les moyens de se déplacer à travers la toundra. Des enfants, qui restaient auparavant enfermés dans une ville durant toute leur vie, accompagnent désormais leurs parents qui voyagent sans crainte, leur faisant voir du pays, et leur donnant goût à voyager.

L'engin massif et noir arrive peu après, écrasant les rails sous son poids extraordinaire que la cuirasse que le train revêt pour se protéger d'éventuelles attaques de monstres lors de son trajet ne fait qu'accroître. Son vacarme assourdissant qui se rapproche efface les voix comme si elles n'avaient jamais existé, le crissement des freins manquant de rendre toutes les personnes dans la gare sourde, jusqu'à ce que finalement le train s'immobilise pour notre plus grand bonheur, les portes s'ouvrant pour autoriser la montée.

À l'intérieur, l'air chauffé effleure agréablement ma peau. Les banquettes d'un tissu vert foncé se succèdent à l'intérieur des wagons de chaque côté du couloir central, et j'en trouve une de libre pour m'asseoir, posant mon coude contre la fenêtre pour observer le paysage qui ne tardera pas à défiler devant mes yeux.