ACCROCHE-TOI A MOI

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Même après six mois, je n'ai toujours pas l'habitude de voir autant de soleil. Los Angeles est une ville lumière. Il fait toujours beau et il est rare que la pluie se mêle au spectacle. J'aurai pourtant dû m'acclimater plus facilement après avoir vécu plusieurs mois en Australie. Mais rien y fait. Nous sommes au mois de janvier, un mois que je suis habituée à passer sous la neige de Seattle, et je n'en reviens toujours pas d'être à la plage sous le soleil brûlant. 

     En ce week-end ensoleillé, les habitants de L.A. se sont donnés rendez-vous à la mer. La plage est bondée de monde. Tous mangent des glaces, se baignent ou se font dorer la pilule sur le sable. Je suis moi-même étendue sur ma serviette à savourer les rayons du soleil sur ma peau alors que mes parents et mon frère, au nord du pays, doivent probablement être emmitouflés dans de gros manteaux, des gants aux mains et un bonnet sur la tête. 

     Gabriel ne semble pas plus dépaysé que ça, lui qui a toujours vécu au soleil. Le climat ici n'est pas bien différent de celui qu'on peut trouver en Australie. Il fait beau, il fait chaud et tout le monde se balade en t-shirt la plupart du temps. Le fait qu'on soit en hiver n'a aucune importance pour lui. Il ne voit aucune différence. 

     Certains de mes amis sont plus troublés par ce genre de température comme Jo. Seulement, elle profite tout comme moi de ce temps exceptionnel qu'elle n'aurait pas trouvé chez elle à cette période de l'année. C'est même elle qui a proposé que nous passions tous la journée à la plage. Leah, Cami et Reed ont tout de suite répondu présent et Cole a accepté l'invitation que je lui ai faite. Gabriel a suivi le moment et Oliver, lui, a été le premier à dire « oui ». 

     Arrivés sur l'immense étendue de sable, tout le monde a sorti sa serviette pour s'allonger en direction du soleil mais les garçons n'ont pas tenu longtemps avant de foncer dans l'eau. Nous les avons rejoins presque aussitôt après, les filles et moi. L'eau n'était probablement pas aussi chaude qu'en été mais rien de trop méchant. Cela ne nous a pas empêché de finir à l'eau comme des gamins n'ayant pas vu la mer depuis une éternité. 

     -Tu me mets de la crème solaire dans le dos ? me demande Cole.

     J'ouvre les yeux et me redresse, encaissant un léger étourdissement provoqué par le soleil. 

     -Bien sûr. 

     Il me tend le tube et se tourne de façon à ce que je puisse tartiner sa peau de crème solaire. Je masse ses omoplates et l'arrêt de son dos tout en faisant en sorte que la crème s'imprègne. A côté de moi, Cami en fait de même avec Reed. Le soleil tape si fort aujourd'hui qu'une bonne couche de crème est recommandée. 

     Pendant que je masse le dos de Cole, mon regard croise celui de Gabriel. Il nous observe avec attention derrière ses lunettes de soleil. J'essaie de ne pas en faire cas. Ce n'est qu'un contact physique anodin. La jalousie de Gabi est justifiée mais elle ne doit pas m'empêcher d'être à l'aise avec Cole. Il est si gentil avec moi qu'il mérite sa chance. 

     -Merci. 

-Je t'en prie, réponds-je en lui rendant le tube. 

-On dirait que tu as des mains d'expertes. 

-Pourtant, je n'ai pas souvent eu l'occasion de me servir de ça. A Seattle, ce n'est pas la pluie qui manque. C'est à peine si le tube de crème solaire pouvait nous servir deux années de suite. 

-Alors, tu apprends vite. 

-Il faut croire. 

     Cole essaie de flirter avec moi à sa façon. Je rentre dans son jeu tant bien que mal mais j'avoue que la présence de Gabriel à quelques mètres de nous n'aide pas du tout. J'ai toujours ce curieux sentiment de le tromper juste devant son nez alors que nous avons mis les choses au clair. Nous ne sommes plus ensemble et il n'y aura plus jamais rien entre nous. Je ne devrais pas être aussi gênée d'être avec Cole devant lui. 

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