EROBYE - Tome 1 : Le Miracle

Chapitre 17.1 - rework

Hyro

Dissimulé sous mon épaisse cape noire, je retrouve Diego à l'entrée de la basse-ville, à la tombée de la nuit. Mon frère est également vêtu de noir de la tête aux pieds, le visage caché sous son capuchon. Je l'ai reconnu grâce à son odeur que j'ai flairée depuis déjà plusieurs minutes. Il m'attend au fond d'une ruelle sombre qui pue l'urine. La nuit est sombre malgré la Lune presque pleine et les étoiles qui parsèment le ciel.

— Charmant, j'ironise en atterrissant près de lui après avoir sauté du haut d'un toit.

— Tu en retard, me réprimande mon frère.

— Désolé je suis allé jusqu'au ruisseau j'avais besoin... de fraîcheur.

Diego me hume avant de sourire.

— Comment se passent tes séances avec Wassalie ?

— Elle comprend vite. Mais... Elle est en souffrance. Elle est détruite. C'est une proie facile pour les Ombres et les démons. Elle a du chemin à faire mais je pense qu'elle y arrivera.

— Tant mieux. Et toi ?

— Moi ?

— Oui. Comment tu gères ? Avec elle ?

— Ça va.

Je n'ai pas envie de m'étendre sur le sujet. La séance a été éprouvante.

Lorsque les Ombres ont commencé à la dévorer, j'ai été obligé de la plaquer sur le sol pour l'empêcher de se faire du mal et faire couler ma lumière dans ses veines. M'être retrouvé au-dessus d'elle, mes mains posées sur ses bras, son corps et son visage à seulement quelques centimètres du mien... J'ai dû faire appel à tout mon sang-froid pour penser à autre chose qu'aux lèvres de la jeune femme. À la texture de sa peau. Au frisson que j'ai ressenti. Et au brasier qui s'est allumé dans tout mon corps.

Maudit lien.

— Tu es sûr que ton contact est fiable ? je questionne Hyro.

— Oui. C'est un mercenaire à qui j'ai sauvé la vie et qui m'en doit une. Il ne se défilera pas.

Nous sortons discrètement de la ruelle pour contourner une maison avant d'entrer dans une auberge d'où s'échappent des éclats de voix et une forte odeur de tabac. Je ne peux pas lire l'écriteau, alors je demande à mon frère le nom de l'auberge.

— Le Chat Errant, me répond-il.

J'hausse un sourcil, tenté de rire face à ce nom ridicule. Quoi qu'il en soit, nous nous faufilons entre les tables et les ivrognes jusqu'à une porte gardée par un homme obèse à l'air pas commode. Je distingue mal sa silhouette au milieu de cette fumée mais devine que c'est une force de la nature qu'il valait mieux éviter de contrarier. Diego lui tend un papier qu'il lit.

Des bruits de verre brisés me font tourner la tête en direction de la salle où trois hommes se battent. Le colosse les ignore et nous ouvre la porte qu'il referme aussitôt derrière nous. Je devine un escalier un escalier sombre qui conduit certainement à une cave.

— Tu veux que je te guide ? me demande Diego.

— Non.

Je déteste qu'on me rappelle que je suis malvoyant. Et même s'il aurait été plus simple de laisser mon frère me conduire en bas, je préfère mobiliser mes autres sens pour me débrouiller. Avec mon ouïe et mon odorat, je détecte la présence de trois personnes en bas : deux hommes et une femme. Des Sang-Mêlés, comme nous. Instinctivement, ma main vient se poser sur le pommeau de ma dague qui repose contre mon flanc.

Nous arrivons dans une pièce meublée par un vieux bureau et une cave à vin qui s'étend sur toute la longueur du mur. Des chandeliers sont disséminés un peu partout pour éclairer la pièce. Les deux hommes sont debout, penchés sur le bureau où ils étudient un document, probablement une carte. La femme est appuyée contre le mur juste derrière eux.