CHAPITRE 55

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Bon, nous y sommes, le grand jour du concours est arrivé. Je suis légèrement stressée. Bon, ok, je suis tétanisée. J'ai bossé vraiment dur pour en arriver là que si je venais à tout foirer, je serai énormément déçue et je perdrai confiance en moi.

J'entre d'un pas peu assuré dans l'amphi où de nombreux élèves se sont déjà installés. Nous sommes cinquante aujourd'hui, pour seulement vingt-cinq places dans le programme. À la suite de ce concours, la moitié d'entre nous se verra offrir la possibilité d'intégrer le programme qui nous fait tant envie. Mais est-ce que je vais réussir à assez me démarquer pour faire partie du lot de chanceux ? Je prie ma bonne étoile, en espérant qu'elle soit avec moi aujourd'hui.

Je m'installe, et regarde un peu autour de moi pour jauger la concurrence. Ils ont tous l'air plus déterminé les uns que les autres. J'ai l'impression qu'il n'y a que des premiers de la classe, bien que j'aie souvent été première de ma classe durant mes années collège et lycée, là on est au summum du cliché.

Le garçon qui est assis dans la même rangée que moi porte une chemise blanche sous un polo en laine bleu marine. Il a des lunettes sur le nez et attend patiemment, les mains jointes sur la table, que quelqu'un nous distribue les sujets. Tout est bien ordonné sur sa table, ses stylos sont alignés par couleur et son crayon à papier est taillé à la perfection, sa bouteille d'eau et sa collation sont bien disposées à l'opposé de son matériel.

Ma bouteille d'eau ! J'ai complètement oublié d'en prendre une. Quelle idiote !

Nous attendons encore quelques instants que les derniers prennent place. Mes bras sont croisés sur ma poitrine et ma jambe droite commence à avoir la tremblote. Je stresse. Beaucoup trop. Mais je vais réussir, il n'y a pas de raison. N'est-ce pas ?

J'essaie de me concentrer sur autre chose pour m'éviter une crise de d'angoisse au milieu de l'amphi.

Respire, Emily, respire.

C'est alors que j'entends deux personnes discuter de quelque chose qui m'interpelle. Ça provient de deux rangées derrière moi. Je tends légèrement l'oreille pour capter ce qu'il se dit.

- C'est sûr que quand on fréquente le fils du doyen de l'université, on a plus de chances d'être présélectionnée pour le programme, voire sélectionnée sans trop lever le petit doigt. Qu'en penses-tu, Lévi ? demande un premier garçon.

Pardon ? Sa manière de parler me déplaît fortement. Il est hautain et sent l'argent à des kilomètres.

- Oui, c'est sûr.

Je les entends pouffer de rire, discrètement. Même leur rire pue le fric.

Je m'en fous de ce qu'ils peuvent penser, je suis ici par moi-même, je n'ai pas eu besoin de l'aide de Toby, de Monsieur Boland ou de qui que ce soit d'autres. Je ne le dois qu'à moi, point. Ce qu'ils viennent de sous-entendre est très rabaissant. Mais bon, si ça leur fait plaisir de se sentir supérieur à moi, grand bien leur fasse, mais je sais ce que je vaux.

L'épreuve débute enfin. Le dossier est très long, je feuillette les pages et je vois qu'il y a beaucoup de questions. Énormément de questions même. Je souffle un bon coup et je me concentre. Je lis la première l'énoncé de la première et je ne la comprends pas. Ça commence ! Je sens mon pouls qui s'emballe. Si je ne comprends déjà pas la toute première question, comment va se passer la suite ?

Mais bien sûr que tu comprends la question et que tu sais y répondre ! me hurle la petite voix dans ma tête. C'est vrai, je connais la réponse, c'est le stress qui fait que j'oublie tout. Je prends une grande respiration pour me reconcentrer et essayer d'évacuer un maximum la pression. C'est parti pour les quatre heures les plus longues de ce semestre.

Slow Hands (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant