C'est la vie, pas le paradis

Chapitre 18 : les montagnes russes

Tony se tient debout devant lui avec un pao de boxe en cuir dans chaque main alors que Steve porte deux gants de boxe et qu'il apprend à doser et à ajuster ses coups avec précision à chaque fois en essayant de suivre au mieux les ô combien précieux conseils de son ex.

- ouais, c'est bien, continue comme ça. Droite, gauche puis tu enchaînes.

Malgré cet entraînement intensif dans le garage de son ex, le frêle blond ne peut s'empêcher de repenser à la conversation de tout à l'heure chez Bucky et il n'y a qu'une seule et unique question qui lui brûle les lèvres à cet instant, c'est plus fort que lui.

- c'est vrai alors ce qu'on raconte ?

- quoi donc ?

L'air confus, Tony plonge son regard chocolat dans le sien et Steve manque de se noyer dedans une nouvelle fois, bon sang, quand est-ce qu'il sera guéri de lui pour de bon ? QUAND ? 

Pour être franc avec lui-même, la réponse est probablement jamais et le pire dans tout ça, c'est qu'il en a parfaitement conscience en plus.

- toi et Chris. Tu t'es vraiment remis avec elle ?

- alors là, pas du tout. Ils déforment tout au lycée. Ils sont loin de la vérité, crois-moi. Faut pas les écouter.

- apparemment, il y a des soupçons parce que vous passeriez beaucoup de temps ensemble.

Steve s'efforce de garder un air détaché, comme s'il parlait d'un sujet aussi futile que la météo alors qu'il ne s'est probablement jamais senti aussi investi et concerné dans une discussion qu'à cet instant précis.

Son cœur fait des bonds dans sa poitrine, Steve redoute plus que tout la réponse de Tony, s'il a vraiment fait le choix de se remettre avec cette sangsue de Christine, ça veut dire que sa vie est foutue, il ne lui reste plus qu'à sauter du pont de Brooklyn, il ne voit pas d'autres alternatives, c'est clair.

- ben je suis bien obligé vu qu'elle veut à tout prix que je lui arrange le coup avec Rhodey, tu vois qui c'est ? On est en cours d'espagnol tous les deux.

Un énorme soulagement s'empare de Steve dès que le surnom de ce cher James Rhodes est lâché, c'est officiel, c'est le plus beau jour de sa vie.

- ouais, il est plutôt beau gosse, je comprends mieux maintenant. Et ça avance ?

- pas des masses. En même temps, je dois t'avouer que de mon côté, je fais pas beaucoup d'efforts non plus.

Le visage de Steve se décompose à cet aveu, bon sang, c'est vraiment les montagnes russes cette conversation avec Tony, il va devenir fou si ça continue.

- ok, je vois, donc en gros, tu essaies de saboter tout le truc parce que tu veux que Christine n'ait d'yeux que pour toi en fait.

Steve s'efforce de parler d'un ton léger même si le cœur n'y est pas, mais alors vraiment pas, c'est le moins qu'on puisse dire.

- tu me connais Rogers, j'ai toujours eu un égo surdimensionné.

Un sourire joueur étire les lèvres de Tony et Steve en a assez de faire semblant, il prend un ton grave quitte à se faire démasquer par son ex, il s'en fiche, il n'est plus à ça près très franchement.

- sérieusement ? Tu veux qu'elle continue à craquer pour toi alors ? Oui ou non ? Qu'est-ce que ça cache exactement tout ce cirque ? Ça veut dire que tu es intéressé aussi ? Tu comptes te remettre avec elle, c'est ça ? Réponds-moi !

Steve ne s'aperçoit même pas qu'il met les bras en croix et Tony ne semble pas prendre ombrage de ce véritable interrogatoire qu'on lui fait subir en ce moment, au contraire, il ne bouge pas d'un cil et accepte sans broncher de répondre à toutes ses questions.

- mais non, tu te fais des idées, c'est juste que je l'aime bien au fond ce cher Rhodey, c'est un gars bien et tout le monde sait que Chris n'est pas vraiment un cadeau alors, je culpabilise un peu de la lui refourguer dans les pattes, c'est tout.

- et ben, vu comment tu parles de ton ex quand elle n'est pas là, j'ai peur de savoir ce que tu dis sur moi.

La remarque de Steve se fait sur le ton de la plaisanterie mais il ne peut nier qu'il y a une petite part de vérité dans cette pointe d'humour, il ne peut tout simplement pas s'en empêcher.

- Rogers, voyons, tu vas pas te comparer à Chris quand même.

- et pourquoi pas ? Tu es resté avec elle beaucoup plus longtemps qu'avec moi.

- la faute à qui ?

Outch. Ça tire à balles réelles par ici. Steve baisse immédiatement la tête comme pris en faute. Il parle d'une voix coupable, à peine audible.

- la mienne, je sais. À cent pour cent.

- désolé, je voulais pas dire ça. Excuse-moi.

La voix de Tony est empreinte de regrets, il le sent si sincère qu'il s'empresse de le rassurer.

- non, c'est rien, pas la peine de t'excuser. C'est la vérité en même temps.

- tu peux demander à n'importe qui, j'ai que des choses bien à dire à ton sujet, c'est juré.

- ça va, je te crois Tony, c'est bon.

- ok. Vas-y, continue de frapper. Ne t'arrête pas surtout.

Steve s'exécute aussitôt, c'est vrai qu'ils sont là pour ça après tout, non ?

- c'est bien, c'est mieux, t'es plutôt doué pour un débutant, tu apprends vite.

- merci.

Le rose monte immédiatement aux joues de Steve, c'est fou à quel point un simple compliment de la part de son ex arrive à avoir encore autant d'effet sur lui.

- y a vraiment rien entre ce Jack et toi ?

Le frêle blond relève la tête vers son ex avec surprise, il ne s'attendait pas à une telle question de sa part, apparemment, sa vie amoureuse l'intéresse autant que la sienne intéresse Steve.

- non. Rien du tout. Je te jure.

- pourquoi Rumlow pense le contraire ?

Son ex l'interroge du regard, il semble pendu à ses lèvres.

- je peux pas te le dire Tony, désolé, je sais que tu sais garder un secret, j'ai une totale confiance en toi mais je veux pas trahir Jack. On est pas si différents lui et moi. On a traversé les mêmes choses.

Il adresse un regard lourd de sens au beau brun devant lui et vu la lueur de gravité qui passe dans les yeux de son ex à ce moment-là, il a parfaitement compris que c'est de la santé mentale de Jack dont il est question ici.

- je comprends.

Comme d'habitude quand il s'agit d'un sujet délicat, Tony n'insiste pas, il bat en retraite et Steve lui en est extrêmement reconnaissant, encore une fois.