K-OS [Commandes Fermées]

34 - Liar

Une goutte s'écrasa silencieusement sur le dos d'une main, alertant à peine le propriétaire du soudain changement de temps. Il laissa son regard glisser sur la zone humide, les yeux bordés de larmes contenues. Sungjae joua du bout de son index avec les restes de la goutte, l'étalant et l'étirant sur sa propre peau. Il ne savait même pas pourquoi il faisait ça, peut-être parce qu'il avait l'impression d'être aussi pitoyable que ce ramassis d'eau.

La pluie ne tarda pas à tomber, s'abattant avec force sur ses épaules et le reste de son corps. Vouté sur un banc, Sungjae se laissa maltraiter par les éléments sans bouger. Il n'avait pas de force, pas de motivation et il avait encore envie de pleurer. Les larmes débordèrent de ses yeux, voyageant dans un silence parfait le long de ses joues avant de s'échouer sur le sol détrempé. Personne ne verrait à quel point il était pathétique sous cette averse. Sungjae ferma les yeux, ses lèvres fermement pincées pour éviter qu'elles ne tremblent et qu'elles ne laissent s'échapper ses sanglots.

Un frisson remonta le long de son échine et il éternua soudainement. Ses paupières étaient lourdes, il n'avait aucunement envie de les rouvrir. Il préférait rester dans son monde d'illusions, même si cela voulait dire tomber malade par la suite. Son téléphone vibra pour la énième fois et il se résolut à le sortir de sa poche pour répondre à l'appel. Il n'avait pas besoin de regarder l'écran, il savait déjà qui essayait de le joindre depuis deux bonnes heures.

— Oui ?

Sa voix était faible, son ton plat. Sungjae baissa les yeux vers le sol, le cœur aussi lourd que s'il était lesté de plomb.

— Bébé, tu vas bien ?

— Oui.

— Bébé.

— Je vais bien, souffla le jeune homme. Désolé de ne pas avoir répondu, j'étais plongé dans mon travail.

— Je m'inquiétais, tu es censé me répondre ou au moins me prévenir quand tu rentres plus tard, le gronda son petit-ami.

Sungjae laissa ses paupières se baisser, le nœud dans sa poitrine prenait de plus en plus de place.

— Je suis désolé, vraiment.

— Je viens te chercher, je te ramène à la maison.

— Non !

Le jeune homme se reprit et parla plus doucement.

— J'ai encore beaucoup de travail à faire, je suis juste sorti m'acheter à manger. Je vais y retourner, ne t'en fais pas pour moi.

— Bébé, je sais que quelque chose ne va pas. Dis-moi ce que c'est et arrête d'en faire autant, tu vas te rendre malade à autant travailler.

— Je ferai attention mais je dois le faire, c'est un gros projet tu sais ? Je dois y aller, je rentrerai tard.

Sungjae raccrocha sans laisser le temps à son petit-ami de répondre et il s'accrocha désespérément à son téléphone. Il se sentait si mal, mal de lui mentir et de lui faire du mal, parce qu'il le savait que Minhyuk souffrait de la situation. Il ne devait pas comprendre pourquoi Sungjae s'éloignait subitement, mais le plus jeune était dans l'incapacité de lui avouer la vérité, parce qu'il avait conscience qu'à l'instant même où il le ferait il perdrait Minhyuk pour toujours et il ne pouvait s'y résoudre. Le jeune homme sanglota de plus belle, recroquevillé sur son banc.

La pluie le laissait transi jusqu'aux os, il avait froid et lorsqu'un nouveau frisson le traversa il eut la certitude qu'il serait enrhumé au minimum le lendemain. Pourtant il ne bougea pas d'un cil, prostré comme un enfant au milieu du parc désert. Sungjae essuya inutilement ses joues mouillées, la respiration haletante et le cœur débordant de tristesse. Il se sentait tellement nul, il ne savait pas ce qu'il pouvait faire pour se débarrasser de cette sensation étouffante.