VI : Un baiser mortel

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Un baiser mortel

Le temps passait vite lorsque l'on appréciait son entourage

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Le temps passait vite lorsque l'on appréciait son entourage. C'était le constat de Jedusor un matin de Novembre. Un mois était passé depuis sa déclaration à sa compagne et il était toujours aussi heureux en sa présence. Ils passaient d'excellents moments tous les deux, à jouer l'un avec l'autre et être naturels. Parce que s'il y avait bien quelqu'un avec qui Tom n'affichait pas de façade, c'était en compagnie de la jeune sorcière. Elle avait toujours vu à trouver son jeu d'acteur, et il était heureux de pouvoir souffler à ses côtés, sans peur d'être jugé.

Mais un détail venait gâcher le tableau. Un petit quelque chose qui était sujet à quelques disputes entre les deux Serpentard. Et le préfet n'en démordait pas.

« Pourquoitu refuses de m'embrasser ? » Assis sur le lit du jeune héritier, les deux sorciers lisaient tranquillement leur manuel de Métamorphose. Ils avaient un rouleau parchemin entier à terminer avant les vacances de Noël et savaient parfaitement que le Professeur Dumbledore – encore enseignant en ce temps-là – ne leur pardonnerait pas le moindre centimètre de texte manquant. « On en a déjà parlé, Tom. » Concentrée sur son paragraphe concernant les métamorphoses animales, la jeune femme s'était tendue. Elle était éperdument amoureuse du noiraud mais chaque fois que ce sujet revenait sur la table, elle ne pouvait empêcher la tristesse d'envahir son esprit. Tom souffla, fermant son manuel. « Je sais, je sais... c'est la première fois que tu sors avec quelqu'un. » Il observa le profil séduisant de sa compagne en fronçant doucement les sourcils. « Mais ce n'est pas si impressionnant t'embrasser quelqu'un, angel. » Un sourire mutin germa ses lèvres, il leva un sourire presque moqueur. « Aurais-tu peur ? » La pauvre manqua s'étouffer avec sa salive. Elle serra inconsciemment la plume d'oie entre ses doigts et leva un regard farouche sur son vis-à-vis. « Bien sûr que non ! C'est juste que... que... » Aucune excuse ne lui vint à l'esprit. « Que tu as peur, darling. » Tom souffla du nez. « Je suis aussi inexpérimenté que toi, angel. Tu n'as aucune crainte à avoir. » Incrédule, la jeune sorcière observa l'expression certaine qu'affichait Jedusor. Il ne pouvait pas comprendre. Il ne connaissait pas la vérité, c'était évident. Mais à ses yeux, il avait quelque chose d'insupportable à cet instant. Il était si sûr de ce qu'il avançait qu'elle avait envie de lui crier que c'était faux. Mais comment pouvait-elle lui révéler toute l'histoire dans un moment pareil ? Il croirait sûrement qu'elle inventait cette histoire pour cacher sa timidité. Et par Merlin il aurait raison de la prendre pour menteuse ! Qui pourrait croire à une telle chose ? Même Dumbledore, qui avait une grande confiance en elle, la prendrait pour une folle.

« Tu ne comprends pas, Tom... tu ne comprends rien. » Le venin qui laçait sa voix fut plus acéré qu'elle ne l'aurait voulu. Mais il dépassait la seule limite imposée. « Non, tu ne peux pas. Tu ne peux pas comprendre ce qu'il se passe. » Perdue dans sa colère, la petite sorcière se leva, ramassa ses affaires et s'avança vers la porte de la chambre. La main sur la poignée, elle s'arrêta. « Qu'est-ce que je ne peux pas comprendre, angel ? Qu'est-ce que je ne sais pas ? » Le noiraud sentait une infime partie de lui se déchirer. C'était la première fois qu'il se disputait aussi violemment avec la jeune femme, et il n'aimait pas ça. « Rien, oublie. J'ai besoin de prendre l'air. » Mais Tom n'avala pas cette excuse. Il était sur le point d'apprendre quelque chose de trop important pour faire l'idiot et laisser tomber. « Dis-moi. Je peux peut-être t'aider... » La jeune sorcière, qui faisait toujours face à la porte, leva son regard au dessus de son épaule. « Non. Tu ne peux pas. Tu ne peux rien. » Ces mots firent tiquer l'héritier. Il se leva du lit et s'approcha de sa compagne. « Si tu ne me dis rien, oui, je ne peux rien faire. Mais si tu acceptais de me parler... » À nouveau, la sorcière le coupa. « C'est hors de question. » Peu à peu, Tom sentait la patience le quitter. Il faisait déjà tous les efforts du monde pour rester calme, mais la jeune femme ne l'aidait pas beaucoup. Ce fut avec une voix plus grave qu'il reprit. « Je refuse que tu quittes cette pièce sans avoir parlé. » Cette dernière eut un rire amer. « Tu veux parier ? » L'héritier de Serpentard passa une main agitée dans ses cheveux. « Tu peux au moins essayer ! Je fais déjà beaucoup d'effort pour ne pas m'énerver alors j'apprécierai que tu en fasses de même ! » Cette fois, la plus petite se détourna de la porte. Elle posa son regard noir sur son vis-à-vis, profondément agacée. « Tu fais des efforts ? Alors ça c'est la meilleure ! » Elle passa à son tour une main hâtive dans ses mèches désorganisées. « Toi, tu fais des efforts ? Tu m'excuseras mais je crois que les tableaux du château ne sont pas trop du même avis ! » Un coup de massue s'abattit sur la tête du sixième année. De parlait-elle ?

Abasourdi, il ne sut quoi répondre. « Ah ça fait bizarre d'être de l'autre côté du miroir, hein Tom ? » La jeune femme savait qu'elle était peut-être allée trop loin, mais ça lui avait échappé. « Maintenant, essaies de penser aux conséquences de tes actes avant de t'en prendre aux autres. » Elle refit face à la porte, le regard aussi vide qu'une nuit sans étoiles. « Et sois gentil ; ne me fais plus jamais la morale quand tu ne sais rien de ma situation. »

Avec un claquement sinistre, la porte se referma sur la jeune sorcière, laissant le préfet des verts et argents dans l'inconnu le plus total. Dans un réflexe presque inconscient, son regard s'attarda sur le vieux grimoire de magie noire qui dépassait de sa penderie. L'aurait-elle vu ? Serait-elle au courant de ses sombres desseins ? Mais en quoi les tableaux étaient-ils concernés ? Confus et agacé, le noiraud ne reprit même pas ses devoirs et se laissa tomber sur son lit.

Dehors, la lune pleine et ronde éclairait de sa douce lumière les larmes qui roulèrent sur les joues blanches du sorcier au sang maudit. 

Angel of Death | Tom E. JedusorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant