Chapitre 2

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Roméo

Comme toujours, j'arrive juste au moment où le chauffeur referme les portes du bus. Heureusement pour moi, il les ouvre à nouveau et je me dépêche de monter les quelques marches. Il me lance un regard empli de reproches et je lui adresse un merci minable tout en passant ma carte devant la machine. Il n'attend pas que j'aie pris place et démarre - en même temps je ne peux pas lui en vouloir. Je suis tout de même très peu à l'aise, je me tiens comme je peux tout en avançant pour trouver des fauteuils libres. Le premier qui s'offre à moi est parfait. Les deux sièges sont entièrement vides ce qui veut dire que je vais être tranquille pendant tout le trajet. Même si crois que je me serais contenté du minimum à partir du moment où j'avais les fesses posées sur quelque chose. Dès que je monte dans un bus, ou même tout simplement un véhicule avec quatre roues, une sorte de stress s'empare de moi. La plupart du temps je le chasse avec la musique.

Je branche donc mes écouteurs à mon téléphone et me laisse bercer par les premières notes. Même si employer le mot « bercer » n'est pas vraiment correct puisque j'écoute principalement du Nirvana ou du AC/DC. Ce sont les deux groupes les plus présents dans ma playlist. Je reconnais directement Highway to hell de AC/DC. J'essaie d'y retrouver du réconfort mais j'ai du mal. Je ne sais pas ce qui m'arrive depuis quelque temps mais j'ai du mal avec toutes ces musiques. Je ne réussis pas à savoir pourquoi je ressens ça, mais je suppose que je vais bientôt passer à autre chose.

Je laisse les musiques défiler les unes après les autres et quand je commence à m'ennuyer je quitte le paysage des yeux et me mets à observer ce qui se passe partout autour de moi. Les deux personnes assises sur les sièges de devant sont en train de s'embrasser d'une façon très étrange et je préfère détourner le regard que supporter cette horreur une seconde de plus. Le paysage était finalement une bonne idée.

Malgré moi, mon regard dévie vers la fille du début de semaine. Celle qui écoute du AC/DC. Je ne l'ai pas oubliée. A vrai dire, je n'ai fait que penser à elle ces derniers jours.

Mais aujourd'hui, elle n'a pas le même léger sourire que lundi. Elle pleure. Des larmes silencieuses glissent sur ses joues.

J'arrête de la regarder pour ne pas attirer son attention. Je suppose qu'elle serait gênée. Ce n'est jamais agréable de pleurer en public. J'aimerais la rassurer, la prendre dans mes bras. Je n'aime pas la voir dans cet état-là. Et je ne sais même pas pourquoi je ressens tout ça à son égard. Je me sens mal pour elle. Mais ce ne serait pas correct de faire ce que j'ai envie de faire.

Je me trouve étrange depuis que je l'ai rencontrée, jamais je n'aurais agi comme ça habituellement.

Le bus s'arrête et elle est la première à descendre. Je laisse les personnes passer puis je me lève a mon tour quand je remarque une carte par terre. Je la ramasse et la retourne pour voir à qui elle appartient. Emilia Thomas. Je sors rapidement du bus avant que le chauffeur, peu aimable avec moi – on se demande pourquoi – ne referme les portes.

Je regarde plus attentivement la carte pour essayer de retrouver la personne à qui elle appartient et quand mon regard se pose sur la photo qui se trouve dessus, je me rends compte qu'elle appartient à la fille que je n'arrive pas à faire sortir de mes pensées.

Je vais pour la rattraper et lui rendre sa carte mais elle est déjà partie et n'est plus visible. J'espère la voir demain matin pour pouvoir la lui donner avant que le bus n'arrive.

Je prends donc la route de chez moi en rangeant la carte dans mon sac pour ne pas oublier de la lui rendre.

Quand j'arrive dans ma maison, il est déjà l'heure de manger alors je monte les marches de l'escalier et me dirige vers ma chambre pour enlever mes chaussures, ma veste en jean et mon sac.

Le dernier mot - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant