Partie 19

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   Vingt deux heures trente, affichait sans commode la montre de Léo. Il l'enleva avec une forte envie de la placarder contre les murs de l'hôpital mais son instinct le retint de faire pareille chose. Il se mit à faire des va-et-vient dans cet endroit macabre qui polluait tant le désespoir que la mort.

    Une voiture d'ambulance arriva en trombe et plusieurs infirmiers coururent hors de l'hôpital pour en revenir avec un homme gravement blessé au crâne. Il avait eu un accident à son lieu de service et sans casque, sa tête, lorsqu'il tomba d'une hauteur avait tout de suite reçu un grand choc.

    Entre les pas pressés des infirmiers et les pleurs des parents du patient, ce fut le brouhaha. Léo gloussa avant de voir Esther avancer sur son champ de vision, l'air extrêmement irrité. Ayant repérée son époux de l'œil, c'est tout en vitesse qu'elle s'approcha de lui.

      -- Tu aurais dû la laisser mourir bon sang, dit-elle comme un murmure, de peur qu'autrui ne l'entende.

      Léo se rapprocha d'elle, de façon à lui sursurrer à l'oreille.

       -- Mais tu es folle ou quoi ? La laisser mourir ? ....hum.

     Il jeta un regard discret aux personnes assises à quelques centimètres d'eux puis effectua un léger sourire flatteur à sa femme.

         -- Ok, suis-moi. Lui dit-il.

   Esther ne daigna sortir un mot et traqua son époux silencieusement jusqu'à ce qu'ils arrivent dans le jardin secondaire de l'hôpital. Là, Léo se mit à rire de façon détachée tout en veillant à ne pas attirer l'attention.

        -- La laisser mourir, tu as dit? Répéta t-il la pensée de son épouse. Non, le faire serait trop risquer qu'elle puisse se rétablir voilà pourquoi je l'ai plutôt aidée à mourir.

         -- Aidée à mourir ? Quoi ? S'étonna Esther.

         -- Ouais.

        -- Qu'as-tu donc fait concrètement ? Cria t-elle au cœur d'un stress émotionnel.

      Car pour elle c'était une chose que de laisser quelqu'un mourir et une autre que de participer à la mort d'une personne.

      -- Oula, calme-toi bébé. Je t'explique. Alors que le chauffeur avait tourné la tête et remarqué que Jemima ne respirait plus, feignant d'avoir le vertige et d'être mal en point, je lui ai demandé de doubler en vitesse. Ce qu'il fit. Et alors j'ai posé ma main droite sur la bouche et le nez de Jemima, lui coupant de l'oxygène afin qu'elle pui.....

        Esther n'écoutait plus Léo. Cette histoire l'avait fait plonger dans un épisode douloureux de sa vie d'adolescente. Un épisode fatal qui avait fait d'elle la femme qu'elle était.

  Elle avait quatorze ans à l'époque et n'avait  pour amie qu'Olivia, une jeune fille Ivoirienne de vingt deux ans. Elles s'étaient rencontrées le soir où n'en pouvant plus de sa vie aux côtés de Boubacar, Esther avait décidée de fuir la maison conjugal, laissant derrière elle des traumatismes et une vie cauchemardesque. Elle pleurait ce soir-là car elle avait à la fois faim, froid et peur. Elle ne savait où aller. C'est alors qu'un groupe de filles la remarqua. Des filles comprises entre la quinzaine et la vingtaine. Parmi elles, Olivia s'était montrée beaucoup plus accueillante et souriante. Esther confia son besoin et les filles l'amenèrent dans un restaurant où elle pu manger ce qu'elle voulait. Après cela, Olivia la prit de côté et lui demanda ce qu'elle faisait dehors. Esther expliqua son histoire avec des yeux apeurés. Elle était tellement fragile et innocente à cette époque que l'Ivoirienne la prit sous son aile.
    
      Les choses allaient pour le mieux et Esther s'épanouissait vraiment bien que ce soit elle qui fasse toujours la cuisine étant donné qu'Olivia sortait presque chaque soir et ne rentrait qu'à l'aube sans vraiment expliquer la raison de ses sorties nocturnes. Et quelques fois, c'était Romaric, son petit ami qui réussissait de par sa présence, à la clouer chez elle.

Si seulementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant