« J'ai vu trop de formes de pauvreté d'où je viens. » commente W. Andrews.
Sur un chemin, devant un attroupement, J. Stevens observe le physicien face aux hommes narrer une histoire de bon samaritain.
« Oui, je choisis l'utilisation de paraboles. Ce fut complexe de me faire comprendre, les connaissances scientifiques dépassent de loin les habitants de cette époque, jusqu'aux pures représentations du monde. »
Pour partager, donner aux pauvres, mime l'homme...
« Qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d'entrer dans ce royaume ».
- Ils ont réellement cru dans vos « miracles » ?
- Vous raisonnez toujours avec jugement, Docteur, répond-il en pêchant depuis le milieu d'un bras de fleuve, au-dessus du niveau de l'eau à l'aide de sabots de bois. L'ingénierie scientifique est une sorte de miracle.
Il regarde les femmes et les hommes avec leurs enfants déguster savoureusement les mets qu'il leur prodigue.
« Pour moi, le miracle était ici. Avec mon aide et la réunion de tout ce travail fourni, nous avons pu nourrir cinq mille personnes, puis quatre mille encore quelques semaines après. » ajoute-t-il depuis ses pensées.
- Les hommes puissants ne devaient guère vous apprécier.
- De la même manière qu'ils vous apprécient d'ailleurs, Dr Stevens.
Derrière eux se tient un élégant soldat, venu spécifiquement rencontrer le nazaréen. Paul de Tarse, qui se rendait à Damas pour mater la rébellion selon les romains. Il apprit l'existence de l'homme et vînt le trouver.
- Ce n'était pas après la mort du Christ cette histoire avec Paul de Tarse ? questionne J. Stevens.
- Ne soyez pas naïf, Docteur, répond W. Andrews en coupant sa discussion avec le soldat dans la scène, pour s'adresser à J. Stevens. Comment pensez-vous que douze des miens aient appris à parler d'autres langues étrangères ? Vous pensiez sérieusement que cela leur était subitement venu dix jours après ma disparition ?
- Pourquoi vous a-t-il suivi ? Il aima votre discours ? s'étonne toujours le psycho-criminologue devant les meneurs de foule.
- Il entendit dans mes conseils ce qu'il voulait y entendre, comme bien souvent. Il fut surtout curieux de voir un juif comme lui prodiguer autre chose que les discordances romaines de son époque.
J. Stevens comprend. Il approuve de la tête la façon d'analyser de l'homme en tenue simple visiblement habitué au quotidien de son époque reculée.
L'éloignement d'une civilisation future, de ses membres, discours, actualités et technologies, lui fit un grand bien. Le criminologue observe l'homme aux cheveux désormais longs sourire puissamment, d'un bonheur rarement atteint.
"Revenir à des choses simples, Docteur. Bien faire les choses n'équivaut jamais à faire des choses de bien. Notre cœur a besoin de la seconde option."
- Votre Gardien vous suit partout, à ce que je vois.
- Père ne me quitte jamais. Cette période fut pour moi la première occasion de connaître vraiment mon père à travers ce Gardien qui n'est, je le compris au moment du martyr, qu'une représentation personnelle éloignée de ce qu'il était.
- Je vois très bien, indique J. Stevens en serrant la main de sa Gardienne. Est-ce Jean, ici ?
- Oui, après être allé le chercher en prison sur les conseils de Zabulon, je lui fis confiance pour me trouver de l'aide. Je le prévins que je ne resterai pas longtemps, mais que durant cette période, je viendrai en aide à tous.
W. Andrews sourit en voyant les réactions miraculées des personnes devant les effets thérapeutiques des médicaments.
- Les romains avaient une bonne médecine, saviez-vous Jonathan ?
- Je l'ignorais, je ne suis pas féru d'histoire.
- Ils étaient avancés, certes moins sur certains aspects que les Grecs. Mais tout de même, notamment sur la question publique. Toutefois, ils ignoraient tout de la question des germes.
« Je me sentis entouré. Pour la première fois depuis fort longtemps, la solitude était devenue une étrangeté. » parle-t-il depuis les pensées du psychologue qui le voit partager avec de nombreuses personnes.
« Si seul, si seul... » implore Jack Sallow réaction, dans les mémoires profondes du criminologue.
« Je deviens une sorte de professeur à ses hommes privés de certaines cultures. » continue W. Andrews.
- En effet, je sens en vous un relâchement de la main du désespoir Dr Andrews.
- Et pourtant. Je vis en de nombreuses personnes le même visage que Père et Lilas, mais jamais leur odeur, leur parfum, leur sensation.
En plein bourg, entouré de fidèles, le physicien regarde le ciel, détaché des événements qui se profilent autour de lui.
« Il est cruel de constater que perdre quelqu'un est définitif. Mais la plus grande cruauté reste que cela nous est rappelé par reflets imparfaits qui se confrontent à nous, comme une provocation contre nos sentiments. »
- Vous aidez beaucoup de gens... Vous vous restaurez en les guidant ?
- Nous avons chacun notre façon de réparer les blessures. Je m'intéresse aux vivants, vous aux morts, rappelle-t-il avec un sourire en direction du ciel.
« Je remarque le despotisme en cette triste période et triste ville. Je suis un peu l'espoir de la population dans cette vie de travail et de souffrance. Je leur enseigne des notions de politique moderne et surtout de bien-être. »
- Comment avez-vous expliqué à ces personnes le sens de votre présence, votre venue ?
- Voyez ici ce qui se passe, avec mes fidèles.
« A chaque fois qu'ils me demandaient où je m'en irai le moment souhaité, j'expliquais au mieux, sans mentir. Je ne pouvais évidemment pas leur dire avec exactitude la nature de ma venue, ni celle de mon départ. »
- Vous n'avez jamais été tenté de le faire ?
Il détourne le regard vers deux de ses fidèles, les larmes aux yeux.
- Si, et pourtant Père me le déconseilla... Disons que le plus souvent je me contentais de dire que je partirai dans une grande lumière à l'appel d'ELI...
Il soupire et se frotte le bras.
- Je ne savais pas quand je repartirai, les résultats des expérimentations étaient aléatoires. Nous avions peu d'invariants hormis un point : je savais que je serai renvoyé à l'époque souhaitée à l'origine et que le nombre de déplacements temporels en serait saturé.
- Pas de retour possible chez vous ?
- Chez moi... expire-t-il. Qu'est-ce encore que chez moi ? Non, ma seule destination, si cela fonctionnait bien sûr, était celle-ci, 2021.
- Je vois. Ce n'était pas une erreur bien sûr.
- Evidemment. C'est en vous voyant que j'en ai eu confirmation... le « Docteur », s'amuse-t-il. Vous étiez là, pour moi, envoyé par la Famille d'Eli... Après tout, c'est ainsi que se nomme ma mission et mon émetteur implanté dans le bras.
Il se tourne vers son Gardien : « C'est aussi ce que vous me conseillâtes, Père : prenez bien garde de ne pas pratiquer votre justice devant les hommes. »
VOUS LISEZ
Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)
Mystery / ThrillerPartie II du Livre vainqueur WATTYS 2021, Watts2022, Genesys, Watt'Cheers22 été, livre 2 vainqueur Watt'Cheers22 automne (1er Thriller, 1er toutes catégories) ! Livre édité par ©2PO Science & Fiction, livres accessibles sur Amazon (Kindle & format L...