One-shots

Dans la brume de l'amour éternel

⚠️ ATTENTION ⚠️ Cette histoire contient des mentions du suicide et de la mort. Aux âmes sensibles passez votre chemin.

Il était une fois un enfant. Cet enfant était très joyeux et respectueux de tout et tout le monde. Sans jamais se plaindre il écoutait sa mère. Sans jamais se plaindre il obéissait au père. Cet enfant s'appelait Théodore. Et il était très intelligent. Souvent, sa maîtresse d'école vantait à ses parents ses capacités. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Avec sa mère ils formaient une fusion parfaite. Ils étaient heureux, dans leur petite maison. Celle-ci était d'ailleurs très charmante ! Le sol en bois d'acajou était chaleureux, les murs beiges soyeux et l'odeur était toujours propice à discuter. Celle-ci était spéciale de par la confection du thé vert à la camomille d'Estelle, la mère de Théodore. Et le père me diriez-vous ? Il n'est plus depuis bien longtemps. Mais pour son nom, il s'appelait Édgares.

Un matin, Estelle appela son fils : « Théodore, lève-toi ! Il faut se réveiller pour l'école ! » Cependant, aucune réponse. La jeune mère le rappela une fois, deux fois. Le pain tressauta à l'intérieur du grille-pain mais elle n'en n'eut cure. Elle traversa le couloir et toqua à la porte. Aucune réponse. Ouvrant cette dernière, Estelle vit son fils. Il était entier. Il était beau. Sa peau pâle, ses yeux noisettes et ses cheveux bruns clairs. Elle vint lui relever une mèche de son visage. Le corps était froid.

À travers la fenêtre, la pluie battait à plein. Il faisait gris au dehors et un peu d'humidité se répandit à l'intérieur de la pièce : le volet fermait mal. Estelle pesta un peu, ferma celui-ci rageusement puis se retourna vers son fils. Toujours aucune réaction. Elle alluma la lampe de chevet et l'examina. Il n'avait à peine que neuf ans... Qu'arrivait-il ? Il ne pouvait pas être mort comme ça, si ? Elle prit son pouls : rien. Il était bien mort. Prenant son téléphone et composant le numéro d'urgence, la jeune mère ne comprenait pas. Qu'arrivait-il ? Pourquoi ? Il n'y avait aucune raison !

Dans la cuisine, le pain était cramé. Elle revint, sentant l'odeur et rangea machinalement le beurre et la confiture, essayant de s'occuper l'esprit. Après tout, pourquoi serait-il mort ? Et comment ? Soudain, tremblante, l'assiette qu'elle tenait entre ses mains se brisa. Elle tomba sur le sol, les larmes coulant peu à peu sur ses joues.

« Ding dong ! » Fit la sonnette. La jeune femme se releva, ramassant les bouts d'assiette cassée. Elle se précipita légèrement vers la porte, sa respiration saccadée, et l'ouvrît, peinant à la déverrouiller. « Bonjour madame, vous nous avez appelé... Que se passe-t-il ? » Rapidement, elle expliqua la situation. Ils prirent immédiatement l'enfant en charge, lui administrant un médicament pour qu'elle se calme. Son enfant était loin, mort. Son si bel enfant. Son trésor. Et à peine la porte refermée qu'elle tomba au sol, sanglotant doucement. Mais elle était seule. Toute seule.

Cela faisait maintenant quelques semaines. Quelques semaines que Théodore, son fils, était mort. Il était loin. Loin d'elle. Alors Estelle se leva, prenant une décision. Elle passa le pas de la porte, pris le métro parisien morose et sortit à la Seine. Alors, la jeune femme se dirigea vers le pont, contemplant la vue. Il faisait beau. Très beau. Elle sourit. Aucun nuage, simplement un peu de soleil. Cela serait une journée que Théodore aurait adoré. Elle chassa ces pensées. Elle ne supportait pas de penser à son défunt de fils et les funérailles avaient été si complexes... Si dures à réaliser. Toute habillée de noire, elle avait paniqué et avait fondu en larmes. Aujourd'hui encore elle était habillée de noire.

Mais ce n'était pas grave. Estelle sourit. D'un sourire signifiant bien des choses. Elle s'adossa à la rambarde, monta et s'amusa un peu à marcher. Et soudain quelque chose la poussa. Une brise ? Un être ? Elle n'en savait rien.

Elle ne sentit que le choc.

Elle ne sentit que l'amour qu'elle avait envers son fils.

Son fils.

Théodore.