12- Sybille

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Après cette matinée éreintante, je commence à sentir une migraine s'étendre sous ma cavité frontale

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Après cette matinée éreintante, je commence à sentir une migraine s'étendre sous ma cavité frontale. J'ai le cerveau qui bourdonne, rempli de bips répétitifs et incessants. Avec la fatigue accumulée et le concert de vendredi, je sens que je vais exploser. Mais avant de pouvoir me reposer, j'ai un dernier effort à faire. En sortant de la grande surface, je me mets à sprinter en voyant le bus arriver. On est dimanche et qui sait quand passera le prochain ? Généralement, quand il fait beau, je rentre à pied. J'en ai pour quarante-cinq minutes de marche intensive. Mais vu mon niveau d'énergie aujourd'hui, je risquerais de finir le trajet en rampant.

Je tombe sur un chauffeur plutôt gentil ce midi. Quand il me voit m'agiter dans tous les sens et en secouant les bras au-dessus de ma tête, il maintient les portes ouvertes jusqu'à mon arrivée.

— Merci... beau... coup... réussis-je à articuler alors que je peine à reprendre mon souffle.

Mon endurance est vraiment catastrophique. Ça va faire cinq ans que je n'ai plus pratiqué de sport et ma condition physique en a pris un sacré coup. Je suis sûre que ma mamie Coco me bat à plate couture à la course. Sa victoire est toute assurée, d'autant plus maintenant qu'elle a sa nouvelle paire de hanches bioniques. Elle galope partout comme si elle avait de nouveau vingt ans.

— Je ne pouvais délibérément pas vous ignorer, m'annonce-t-il, un grand sourire aux lèvres. En plus, j'ai entendu des passagers parier sur votre arrivée entière ou non. J'étais obligé d'attendre pour connaître le résultat.

— C'est... trop... gentil... tenté-je de prononcer, entre trois respirations.

— Allez vous installer, m'invite-t-il avec un clin d'œil, et profitez du trajet. C'est moi qui fais tout maintenant !

Oui, bon, il est sympa mais je ne crois pas que tourner l'énorme volant de son engin soit aussi sportif que de me porter sur son dos alors que je suis à l'agonie.

Assise confortablement sur un siège, je ferme les yeux et je colle mon front sur la vitre. Je sais que les chauffeurs n'aiment pas que l'on fasse cela car ça laisse des traces et ils ont plus de boulot pour nettoyer leur véhicule, mais la fraîcheur qui me parvient m'aide à apaiser ma respiration. Je dois être rouge comme une écrevisse.

Après avoir lutté plusieurs fois pour ne pas m'endormir, je rentre chez moi et je m'affale dans mon canapé, tête la première. Ce vieux truc pue le renfermé. Je ne sais pas comment Grâce peut dormir là-dessus quand elle reste ici. Quoique, la plupart du temps, elle finit dans mon lit et on passe la fin de soirée à parler de tout et de rien en refaisant le monde. Assaillie par une quinte de toux, je me redresse et sors de là avant que je ne meurs réellement étouffée aujourd'hui.

Avant de me rendre dans ma chambre, je m'arrête un instant dans la cuisine à la recherche d'un truc à me mettre sous la dent. J'ouvre mon frigo sans trop d'espoir, il est prévu que j'aille faire mes courses demain. Au tour des placards de subir une inspection désespérée. Des bocaux, de toutes les couleurs, de toutes les tailles, de tous les styles, remplis de gâteaux apéro, de pâtes à ne plus savoir qu'en faire, de biscuits... Il me semblait qu'il me restait un sachet quelque part. Cette cuisine est vraiment trop haute ! Ou est-ce moi qui suis trop petite ? Le fait est que je n'arrive pas à distinguer quoi que ce soit dans le fond de mes placards, ni sur l'étagère supérieure.

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant