Chapitre 1

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Mira

Sept. C'est le nombre de personnes qui sont présentes aujourd'hui, à l'enterrement de mon père. Sept. Moi, mon frère, le prêtre et les quatre types qui portent son cercueil. La loi l'a traité comme un criminel alors il est devenu un paria. Pourtant, s'il l'a tuée c'était pour nous protéger. La loi est une garce. Elle n'écoute personne et se contente de donner son jugement : innocent ou coupable. Pas de demi-mesure. Mon père a été jugé coupable et le monde s'est éloigné de lui. Ses collègues, ses amis et même sa famille. Tous des pourris. Ils n'ont même pas cherché à comprendre. Les circonstances ? Tout le monde s'en fou. Tout ce qu'ils ont retenu c'est qu'il a pris une vie. Dans ce monde, on n'a pas le droit à l'erreur. 

- Et maintenant, qu'est-ce qu'on va faire Mira ? Me demande mon frère.

Les larmes dévalent sur ses joues, rosies d'avoir tant pleuré. Comment dire à un enfant de six ans qu'on est dans la merde ? Qu'on va devoir aller vivre chez des personnes qui ont tourné le dos à notre père au moment où il en avait le plus besoin, qui l'ont trahi. 

- On va aller vivre chez Papy et Mamie mon chat. Juste quelques temps. Je vais trouver un boulot et dès que j'aurai assez de sous on se cassera d'ici. T'es d'accord ? 

Il me scrute de son regard azur, me prend la main et acquiesce. Allons rendre visite à nos traîtres de grands-parents. 

Quelques heures après nous étions déjà devant leur porte. J'étais beaucoup plus à l'aise durant tout le trajet en taxi que là, maintenant, sur ce palier blanc. Mathias me regarde, attendant que je me décide enfin à appuyer sur la sonnette. Après ce qui me semble une éternité, ce moment arrive enfin et nous entendons des voix résonner derrière la porte. 

- Gérard c'est eux ! Dépêche-toi ! Crie une voix à l'intérieur.

Je sens le stress monter en moi. Je jette un regard à mon frère et découvre un énorme sourire sur son visage. Il va enfin rencontrer ses grands-parents, c'est un grand pas. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre sur une femme ravissante. Le teint hâlé, une grande taille, des yeux d'un bleu renversant et des cheveux gris et blanc descendent sur ses épaules. 

- Bonjour les enfants, je suis Jane. Et voici Gérard. Nous dit-elle en souriant.

L'homme qui vient se placer à ses côtés, mon grand-père, est grand lui aussi. Il a les cheveux gris, les yeux marrons et la peau pâle. Devant ce tableau, je ne peux m'empêcher de penser à mon père, il était la parfaite fusion de ses deux parents, pas de doutes possibles. Cependant, derrière le beau sourire de Jane, je distingue beaucoup de nervosité. Elle non plus ne semble pas à l'aise à l'idée de nous accueillir. Après ce qui me semble être une éternité, je comprends qu'ils attendent qu'on entre. Je récupère donc ma valise et passe la porte de la maison. 

- On vous a préparé une chambre à chacun. Enfin, si vous aviez l'habitude de dormir ensemble on peut déplacer le lit dans l'une des deux chambres hein, il n'y a pas de soucis ! Hum... Suivez-moi.

Elle à l'air de plus en plus nerveuse à chaque mot qu'elle prononce. Malgré tout, elle affiche un sourire en permanence. Comment peut-elle sourire alors que son fils vient d'être enterré ? Cette femme n'a vraiment pas de cœur. Quant à son mari, il n'a même pas daigné nous accompagner en haut et a préféré aller se vautrer dans son fauteuil. Vivement qu'on se casse d'ici. Lorsqu'elle nous montre nos chambres, je ne prends même pas la peine de la remercier et m'engouffre dans celle qui est destinée à de venir « ma chambre ». Mathias m'emboîte le pas et je ferme la porte derrière lui. Lorsque je tourne à la tête vers lui, il me fait son fameux regard qui signifie : « pas cool Mira ». Je hausse les épaules, pose ma valise par terre et y récupère mon ordinateur. Je m'assois sur le lit, aux côtés de mon frère et commence mes recherches d'emploi. Mon frère joue sur mon téléphone à divers jeux d'arcade pendant que je m'énerve sur les critères d'embauche. 

A jamais toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant