Terreur Lunaire - Livre 1 - Vers le Cœur Arkhale

XXIII - Rage Léonine - Partie 3

  Des étincelles grésillèrent autour d'Assad. Une clarté céleste l'enveloppa, l'enfermant dans un cocon lumineux. Lunera se masqua les yeux, la vision troublée par cette sphère aussi rayonnante que l'astre solaire.

Qu'est-ce que ces pouvoirs ? A-t-il vraiment appelé... ses ancêtres ?

Tout à coup, la sphère éclata, dévoilant le roi de Sultakara dans une forme parfaite, sublimée. Ses aïeux, par l'intermédiaire du cristal, lui avait répondu. Portant fièrement les couleurs du blason sultakarois, ses vêtements étaient un assemblage de draps resplendissants. Ses bras, son torse à découvert et son visage scintillaient d'un bleu inquiétant, rappelant les bas-fonds sous-marins où vivaient les plus terribles des créatures abyssales.

Une tête de lion, similaire à celle du drapeau du royaume, était tatouée sur le pectoral droit. Il arborait humblement une tiare royale en platine, tout comme la chevalière qu'il portait à son doigt, le Sceau du Lion, qui venait complétait son alliance. Ses cheveux noirs, eux, avaient poussé et étaient maintenant coiffés en une queue de cheval, qui serpentait furieusement à l'arrière de son crâne, comme un léviathan des abîmes.

Le sabre d'Assad aussi avait changé. Le sabre démesuré n'était plus, Assad tenait à présent deux lames, plus grandes que des épées, mais pas assez pour être désignées comme des sabres. Le manche de ce duo de fer était taillé dans un bloc d'obsidienne, sur lequel était apposé l'emblème de Sultakara. Quant aux lames, elles étaient d'un bleu aussi transparent que les eaux d'une lagune.

Au loin, les pupilles de Lunera se dilatèrent, son corps tout entier saisi par une grande appréhension. Assad étalait sa pleine puissance. Leurs âmes frémissaient ; le premier de colère, et la seconde d'effroi.

— Arcanes de Sultakara ! Rage d'Hécate !

Déjà glacial, l'air environnant se refroidit encore plus, plongeant la terre de Callisto dans des températures extrêmes. Il se mit à neiger, et par delà les immenses crevasses, et les failles terribles qui balafraient le continent, surgirent des pics de glace massifs qui se dressèrent farouchement vers les cieux, menaçant Lunera de leur grandeur.

Ses lames levées, Assad entama une folle danse dans les airs, filant comme le vent entre les différents blocs de glace, qu'il cisaillait en une multitude de morceaux fins et d'échardes gelées, sous l'oeil d'une Lunera désemparée, ne comprenant pas le principe de ce sortilège dont elle ignorait tout.

À chaque lame de gel brisée, comme animés par la volonté de satisfaire l'humeur vengeresse d'Assad, les éclats pointus et étincelants le suivaient dans ses mouvements effrénés, si bien qu'à la fin, lorsque que chaque massif fut annihilé par ses sabres, une quantité colossale de ses débris l'entouraient et gravitaient autour de lui, comme des planètes autour d'un astre.

Lévitant toujours, Assad observait Lunera sur la terre ferme, comme si elle n'était qu'une souillure sur ses bottes. Une seconde plus tard, prêt à châtier, il donna l'impulsion et cette myriade de fragments verglacés filèrent à une vitesse folle vers la jeune fille. La stupéfaction passée, celle-ci répliqua farouchement avec une protection sanguine, mettant toute son ardeur pour assurer la solidité de l'égide.

— Tu ne m'auras pas ! grinça-t-elle.

CRAC ! Dans son orgueil, jamais Lunera n'aurait pu envisagé que l'on puisse briser sa barrière. Les lames de glace d'Assad y parvinrent pourtant. Vindicatives, elles auraient tordu le plus solide des boucliers.