L'Âme éparse

Chapitre 3

Son regard me hante.

Dès que je ferme les yeux, je le vois se jeter sur Bess.

Ma meilleure amie, que je ne pourrai plus jamais serrer dans mes bras.

Je suis tellement désolé, si tu savais Bess comme je m'en veux. Je n'aurai jamais dû vous quitter, j'aurais dû me méfier.

Tous ces corps, mes amis, ma famille ; aucun n'a été préservé.

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Je ne comprend pas pourquoi je suis encore en vie. Pourquoi m'avoir épargnée ?

Ma louve a prit le dessus sur mon esprit à la seconde où nous avons vu leurs corps, maintenant dénués d'âme.

J'aire alors sans but dans la forêt sous forme lupine depuis des jours, peut-être des semaines.

Je reste toute la journée dans un recoin, que j'ai trouvé par hasard, au pied d'un immense chêne. Je ne chasse pas, je ne me nourris plus et attend que la mort vienne me prendre.

Mon corps me fait souffrir mais je tiens bon, pour Bess, pour mes parents, pour ma meute. Je vous rejoins bientôt.

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Je ne comprend pas pourquoi je suis encore en vie.

Je ne comprend pas pourquoi.

Je ne comprend pas.

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- Alors Franck, je croyais que tu étais l'un des meilleurs pisteurs. Ça doit faire deux jours qu'on est là et aucun signe de tes foutus bestiaux !

Laissez moi mourir en paix ! Ça non plus c'est au-dessus de vos forces !

Je grogne et m'enfonce plus dans ma tanière, roulée en boule.

- Si tu faisais pas autant de bruit aussi peut-être qu'on aurait une   chance !

Je n'arrive pas à m'endormir avec ces bruits, je veux sortir pour leur dire de la fermer, leur satanée bouche. Mais à peine mon museau à l'air libre que je sens une odeur anormale. Comme si les voix que j'avais entendues n'étaient pas celles de métamorphes.

Oui c'est ça, ce sont des humains ! Avant j'aurai pu le savoir sans avoir besoin de sortir de ma cachette. Avant...

Ils ne sont pas censés être là.

- "Tu le vois ?"

- "C'en est un ? On dirait un chien galeux."

- "Il est mal en point, mais je peux t'assurer que je sais en reconnaître un lorsque je le vois !"

Ils parlent encore ! Je grogne pour montrer mon mécontentement et sors complètement de ma tanière.

Malgré que ne sois pas au sommet de ma forme, je ne permettrai personne de me traiter de chien galeux !

Ils sont à peine à quinze mètres de moi, mais je peux sentir leur peur en m'apercevant. Tout du moins sur l'un d'entre eux, l'autre à l'air ravi de me voir. Il sourit et commence à s'approcher de moi.

- Alors mon beau, tu es magnifique ! Je pense qu'avec une petite semaine de viande rouge comme repas tu auras repris des forces. Et à ce moment là je pourrais vendre ta magnifique fourrure à un prix d'or !

Je ne tiens presque plus debout mais il, n'est pas question qu'un simple humain touche un seul poil de ma fourrure.

Je montre les dents et grogne sur l'homme. Mais il continu d'avancer tandis que son coéquipier reste derrière.

- "Oh tu as aussi de très belles canines ! Tu doit être jeune, je dirais entre seize et vingt ans. La vente n'en sera que meilleure."

Seulement quelques mètres me sépare maintenant de lui mais je ne peux pas reculer.

Et si...

Et si, c'était mon châtiment pour avoir survécu ?

Et si, la déesse de la Lune avait entendu mes prières et avait envoyé ces hommes pour mettre fin à mes jours ?

De toute façon je n'ai pas la force de les combattre. Je grogne une dernière fois et me couche sur le dos en montrant mon ventre. Position de la soumission pour les loups. L'homme surpris de me voir capituler si rapidement s'approche prudemment de moi.

- "Et bien, quelle surprise ! Robin, il semble que le chien galeux soit en fait une louve qui pourrait rapporter gros au marché noir."

Je sens un pincement dans mon encolure et sombre dans l'inconscience. Enfin.