Chapitre 32

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If you look into the distance, there's a house upon the hill
Guiding like a lighthouse
It's a place where you'll be safe to feel our grace
'Cause we've all made mistakes
If you've lost your way 

I will leave the light on

Leave a Light On
Tom Walker

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       Au beau milieu de la salle, Atys commençait à avoir la tête qui tourne. Il n'écoutait plus qu'à moitié ce que les invités lui disaient, ne faisait plus attention à qui lui serrait la main. Tout autour de lui était devenu flou. Sans Gaïa à ses côtés, il était bloqué au milieu de la foule. Là résidait la différence fondamentale entre les jumeaux. Gaïa aurait sorti les armes pour faire de la place autour du prince. Lui était condamné à rester enfermé dans cette mare de corps, incapable de bouger. Il aurait pourtant tout donné pour prendre une grande bouffée d'air frais. L'odeur chaude de sueur, de nourriture et du vernis du parquet commençait à être trop dense pour son nez, trop infâme pour sa bouche. Il était déjà à moitié en apnée quand il tourna la tête vers sa sœur en appel au secours.

       « Recule de trois pas, tourne vers ta droite et marche tout droit. »

       Atys suivit les instructions et trouva une fenêtre ouverte sur un balcon.

       Pendant ce temps-là, dans leur coin reculé de la salle de bal, deux longues silhouettes le suivaient du regard en se goinfrant de gâteaux apéritifs. À côté de l'immense vêtement de Gaïa, Hélios paraissait minuscule dans son fin costume, bien qu'il soit plus grand que la jeune femme de plusieurs centimètres. Placé à moins d'un mètre de la princesse impériale, il s'était comme fait avalé par son énorme robe, si bien que l'on ne voyait plus le bas de ses jambes. Les deux compagnons observaient silencieusement le bal, chacun de leur cerveau battant à mille à l'heure.

       — Pourquoi tu nous as repoussé l'autre jour ?

       Hélios fut soulagé de voir que son abrupte question n'étonna pas la jeune femme. Gaïa n'avait pas bougé d'un poil, le regard fixé sur la vaste pièce qui s'étendait devant elle.

       — Quand ?

       — L'autre jour dans le désert. Tu nous as empêché de t'aider. Deux fois.

       La jeune femme ne réagit pas, le visage impassible.

       — Tu as fait en sorte de te retrouver toute seule devant l'ennemi en nous forçant à partir. Pire que ça, tu as refusé notre aide après la bataille alors que ton ventre était ouvert sur je ne sais combien de centimètres.

       Pour la première fois, le silence de Gaïa commençait à l'irriter. Légèrement attristé, Hélios se retourna complètement vers la princesse.

       — Ne refais jamais ça. S'il te plaît.

       — Je le referai.

       Son visage était redevenu sévère. Elle parlait d'une voix ferme et assurée. Calme.

       — Autant de fois que je le peux. Jusqu'à ce que j'en meurs. Parce que c'est moi qui décide de la manière dont je quitterai cette Terre, et si je décide que c'est pour vous, vous avez intérêt à déguerpir. Vous n'avez pas le droit de risquer vos vies pour me sauver.

À ces âmes égaréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant