Ô sublime madone, affable créature,
En moi tu as laissé la fagne de tes fruits.
Tes seins froids et ton con, ignobles pourritures,
Hanteront à jamais et mes jours et mes nuits.
Que je ne t'ai-je connue au soir de mon enfance !
J'eusse juré alors, au nom de l'innocence,
De ne point succomber à de si vils appas !
Hélas j'étais trop vieux, beaucoup trop vieux déjà.
Je chérissais ta crasse, amère et langoureuse ;
Je t'aimais, inconscient, ô tigresse amoureuse !
Et toi, douce salingue, aimable puanteur,
Tu rendais mûrs les fruits de ma noble pudeur.
Je me rappelle encor ta terne chevelure
Qui, quand l'ombre du soir ternissait tout le jour,
Nappait de longs serpents ton affreuse encolure
Qui dansaient et sifflaient un sinistre discours.
Enfin sur mon sein nu, d'une horrible prouesse,
Ta gueule putréfiée crachait un doux poison ;
Et tes doigts tortueux, désirable diablesse,
Sans trêve, mignardaient mon vierge giron.
Mais je te désirais, admirable laideur,
Car jamais, ô grands dieux, homme sur cette terre
N'eût osé, sinon moi, s'offrir au cimetière
Que ta figure infecte éructait sur mon cœur.