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Gabrielle me regarde droit dans les yeux pour la première fois depuis ce fameux soir. J'ai l'impression qu'elle s'apprête à me le révéler, à me révéler ce qui c'est passé ce soir-là, à me le révéler pour ainsi soulager sa peine, mais non, elle s'abstient et baisse directement le regard. Nos échanges n'ont jamais été aussi silencieux. Depuis maintenant deux mois, Gabrielle n'a plus en elle cette étincelle, cette joie de vivre pour laquelle je suis tombé amoureux d'elle. Je la soutiens du mieux que je peux, mais je dois avouer que cela est assez dur pour moi. Je souffre de la voir souffrir ainsi, à se noyer dans son propre silence. Quoi qu'il s'est passé, je pense que je n'ai pas envie de le savoir, j'ai peur, mais je ne lui montre pas. C'est mon rôle de l'épauler et ce n'est pas le mien de m'effondrer en vue de la situation qui ne me concerne même pas.

Depuis la mort de sa sœur jumelle, Margot, Gabrielle n'ose plus regarder les gens en face, ni parler et encore moins sortir de chez elle. Je viens lui rendre visite tous les soirs à la sortie des cours. La plupart du temps, on s'allonge le long du parquet de sa chambre, les mains entrelacées puis nous fixons les guirlandes suspendues à son plafond, en échangeant deux trois phrases de temps à autre. Je veux qu'elle sache que peu importe ce qu'il s'est passé, je l'aime et l'aimerai toujours.

Je jette un coup d'œil bref à mon téléphone. Il est tard, il faut que je rentre. Je tourne la tête pour me retrouver le nez collé à celui de Gabrielle. Je dépose un léger baiser sur ses lèvres puis me relève tout en lui disant :

« -Je suis désolé, je dois y aller. Je t'aime Gaby. 

J'ai toujours apprécié ce surnom. Celui qu'elle me donne aussi d'ailleurs.

-Moi aussi, je t'aime Nestie, murmura Gabrielle. »

Ernest, Nestie ... Je m'en fiche un peu de la façon dont elle m'appelle. Ma priorité, c'est qu'elle aille bien. Si tout va bien, elle retournera en classe la semaine prochaine. Ses parents et moi avons essayé de l'inciter à voir une psy, mais elle refuse toujours, elle ne se sent pas encore capable d'aborder le sujet. Donc, en attendant, on oublie, on fait semblant. Nous sommes de sacrés bons menteurs tous les deux.

En mettant mes chaussures, j'observe autour de moi. Les longs cheveux roux de Gabrielle sont étalés autour d'elle, sur le plancher, Gaby, elle, regarde avec mélancolie la photo sur son bureau. Cette dernière montre leur famille : les parents, les deux petites jumelles ainsi que leur chien, Nemo. Tous sourient à la caméra, sur la plage. Margot sourit, mais non sincèrement. Tandis que Gabrielle sourit à pleine dent, rayonnante. Cette Gabrielle là me manque.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 05, 2022 ⏰

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GabrielleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant