Chapitre 1 : Himlensam

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La lumière du soleil se déversait dans la petite chambre bleue. Le silence qui y régnait était uniquement troublé par la respiration lente et régulière d'une jeune femme encore plongée dans les limbes rassurantes du sommeil. Un rayon vint chatouiller son nez constellé de petites tâches de rousseurs : il se fronça alors qu'un grognement s'échappait d'entre ses lèvres.

Il lui fallut quelques instants pour s'habituer à la luminosité ambiante, mais elle souleva finalement ses paupières pour dévoiler deux iris améthystes encore voilés par les brumes de ses rêves. Lentement, elle se redressa en passant une main dans sa tignasse cendrée et elle étouffa un bâillement.

Il était encore trop tôt pour se lever, mais elle n'avait pas le luxe de pouvoir traîner au lit toute la journée. Son estomac approuva vigoureusement : les odeurs qui s'échappaient de la cuisine l'auraient de toute façon tirées du lit aussi sûrement que la cloche du village. Comme si cette dernière l'avait entendu, elle se mit à sonner sept coups et presque instantanément, la porte s'ouvrit sur un petit garçon aux cheveux sombres.

- Debout, debout, debout ! s'exclama-t-il en bondissant sur son lit. Emi t'attends, elle est déjà dehors !

- C'est bon, ça va, j'arrive... répondit-elle en s'extirpant des couvertures.

Elle s'étira de nouveau puis jeta un coup d'œil à son reflet dans la vitre. Comme chaque matin, elle détailla son nez froncé, son menton carré et ses pommettes saillantes, tentant de se rappeler de qui elle les tenait. Lui venaient-elles de sa mère ? Était-ce son père qui lui avait légué cette tignasse impossible à coiffer ? Mieux encore, d'où lui venait ce petit bracelet d'argent, celui qu'elle ne quittait pas et sur lequel était écrit son nom ? Si tant est qu'il s'agisse de son nom.

Elle baissa les yeux vers le bijoux. Simple gourmette, il était orné d'une petite fleur gravée de chaque côté des quatre caractères qui résumaient aujourd'hui son monde. June.

Un raclement de gorge la fit sursauter. Une femme dans la fleur de l'âge s'était adossée à la porte de sa chambre et la regardait avec tendresse. Ses longs cheveux noirs étaient relevés selon la coiffure traditionnelle des femmes mariées de son peuple, camouflant leurs racines aussi blanches que la neige. Ses lèvres pleines s'incurvèrent en un sourire triste quand elle croisa son regard déçu.

- Toujours rien ?

- Peut-être demain, se força-t-elle à sourire.

Inoue hocha la tête puis attrapa la main du petit garçon pour le traîner hors de la chambre malgré ses protestations. June attendit qu'ils disparaissent pour laisser son sourire se faner. Peut-être demain. Un rituel qui durait depuis un peu plus de trois ans.

Elle prit une longue minute pour se reprendre puis enfila sa tunique brune et passa une main lasse dans ses cheveux. Décidément, quel que soit le parent qui la lui avait léguée, elle ne le remerciait pas.

La jeune femme rejoignit la pièce à vivre pour y retrouver Inoue et les jumeaux en train de dévorer leur petit déjeuner. Les deux petits garçons ressemblaient comme deux gouttes d'eau à leur mère, à l'exception de leurs yeux : alors que ceux d'Inoue étaient aussi blancs que la glace, les leurs avaient la couleur du soleil.

En la voyant entrer, Akio donna un coup de coude dans le ventre de son frère et ils lui adressèrent un sourire resplendissant :

- T'es en retard ! piailla le premier.

- Emi est partie ! poursuivit le second.

- Les garçons, laissez-là tranquille.

June adressa un regard reconnaissant à Inoue avant d'ébouriffer la tignasse des deux monstres :

Le Chant de LéthéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant