Partie 1 - Chapitre 8

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Elle n'y resta pas longtemps.

À la seconde où nous rencontrâmes l'eau, sa main quitta la mienne et nous fûrent séparés par le tourbillonnement de l'eau.

Je virevoltai dans l'eau quelque temps, complètement perdu, avant de finalement m'arrêter. Trouver la surface me prit quelques secondes, mais dès que ce fut chose faite, je me mis à nager vers sa direction. C'était lorsque je sortis la tête de l'eau que j'ai pris sérieusement conscience de la gravité de ma blessure. Alors que je pensais que la lame m'avait simplement effleuré, elle semblait plutôt s'être enfoncé complètement dans mon épaule.

Bref, elle me faisait souffrir. Énormément. Du genre que je ne savais même pas comment je faisais pour être capable de nager.

Malgré tout, j'arrivai à me rendre au rivage.

À peine sorti de l'eau, je m'effondrai sur le sol. Je profitai quelques secondes du soleil, rassuré d'avoir à nouveau survécu aux gardes.

Je souris sous sa chaleur. Ah, ce que c'était bon! Je me sentais revivre. Même mon épaule semblait me faire moins souffrir sous l'effet du soleil.  Je pourrais rester ici toute la journée.

Soudain, je me redressai net. Une horrible pensée venait de m'effleurer l'esprit. Rayhana! Elle ne savait pas nager! En plus, avec ses longs cheveux, trouver la surface serait toute une épreuve. Ce dont j'avais été idiot de la forcer à sauter, tout ça juste pour sauver ma peau!

Je me suis mis à crier son nom plusieurs fois en courant vers le rivage, mais sans résultat. Encore pire, je ne la vis nulle part. L'eau était d'un calme angoissant.

Après une vingtaine de secondes sans réponse, je n'eus plus le choix.

Je pris une grande respiration, essayant d'oublier mon bras douloureux, et rentrai dans l'eau. Son contact avec ma plaie relança la douleur, mais je ne la ressentais à peine. À ce point, la peur et l'adrénaline avaient pris contrôle de mon corps.

Je plongeai ma tête dans l'eau, cherchant Rayhana du regard, mais rien. Je ne la voyais nulle part.

Je nageai plus rapidement. Elle devait bien se trouver quelque part.

Soudainement, je l'aperçus à quelques mètres de moi. Elle était là, les yeux fermés. Elle reposait au milieu de l'eau et ses cheveux qui flottaient autour d'elle semblaient l'entourer comme une sorte de nuage. On aurait presque pu dire qu'elle dormait, mais on savait tous que ce n'était pas le cas.

Je me précipitai vers elle et la secoua, mais rien. Elle resta inconsciente.

N'ayant aucune autre option, je rassemblai toutes mes forces et l'empoigna afin de l'entraîner vers la surface. Je sentais mes forces me quitter au fur et à mesure, mais je tiens bon, pour elle.

Nous atteignâmes enfin l'air. Alors que je la conduisais au rivage, je continuai à la tenir fermement. Une fois arrivée, je l'allongeai, espérant de tout mon cœur qu'elle aille bien.

Elle resta immobile, les yeux fermés, le visage vers le soleil, comme je l'avais été il y a à peine quelque secondes. Je craignais le pire. Elle ne pouvait pas mourir, pas dans ces conditions. Je lui priais de se réveiller, mais elle resta sans bouger. Je perdais de plus en plus espoir.

Elle ouvrit finalement grand les yeux en prenant une grande bouffée d'air. Elle se redressa en position assise en toussotant et se mit à cracher l'eau contenue dans ses poumons.

Après avoir repris ses esprits, elle s'asseya et se mit à m'observer.

- Vous m'avez sauvé la vie, remarqua-t-elle.

- Effectivement, je vois que vous êtes doté d'une perspicacité légendaire.

Elle regarda à l'horizon, songeuse, tout en tordant ses cheveux, un petit sourire aux lèvres.

De mon côté, je m'effondrai sur le gazon. Maintenant que l'adrénaline était tombée, mon épaule me faisait à nouveau épouvantablement souffrir.

- Pourquoi? finit-elle par demander, en se retournant vers moi.

Je restai silencieux. C'était ça le problème. Pourquoi lui avais-je sauvé la vie? Pourquoi ne l'avais-je tout simplement pas laissé là? Techniquement, c'était ce que j'aurais dû faire. J'aurais dû la laisser à sa mort. J'aurais dû aller chercher la couronne et partir refaire ma vie sans aucun remords. Tout aurait été réglé. Je n'aurais pas eu besoin de l'accompagner à cette stupide fête.

Alors pourquoi?

Car c'était de ma faute si elle a failli mourir, tout simplement. Et je n'aurais pas pu vivre avec la pensée qu'elle était morte par ma faute. Je ne savais même pas pourquoi, mais je n'aurais jamais pu me le pardonner.

La douleur était insupportable. J'ai l'impression qu'à tout moment, je pouvais m'effondrer. Je serrai mon épaule, essayant d'apaiser la douleur, sans succès.

- Tu es blessé, constata Rayhana

- Ce n'est rien, répondis-je. Nous devrions préparer un campement. Il va bientôt faire nuit.

Je me leva difficilement et épousseta mes pantalons. J'étais sur le point de partir chercher du bois lorsque Rayhana posa nerveusement une main sur mon bras.

- Attendez. J'ai quelque chose à vous montrer.

Réécriture de Raiponce - La Forêt des Druides AncestrauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant