11. Le malaise

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Cette drôle de sensation semblait vouloir m'envahir petit à petit, je n'avais d'ailleurs rien pu avaler. Je n'avais fait que jouer avec les aliments présents dans mon assiette. Je m'énervais contre moi-même en me disant que je ne voulais pas tomber malade ! Au même moment, Clémence se pencha vers moi d'un air inquiet.

- Quelque chose ne va pas Emma ? Tu es toute pâle et tu n'as pas touché à ton plat, c'est pourtant délicieux !

Elle avait raison, quelque chose n'allait pas et je ne pensais pas que c'était une très bonne idée que je persiste à rester ici. Il paraissait évident que mon état n'allait pas s'améliorer. Il valait donc mieux que je rentre à l'hôtel et que j'aille me coucher au plus vite en espérant récupérer d'ici demain. Rassemblant le peu de force qu'il me restait et combattant une nausée grandissante, je tentai de faire bonne figure.

- Euh... tu sais quoi ? Je crois que je vais devoir rentrer à l'hôtel, je ne me sens pas très bien et je pense que c'est la meilleure chose à faire.

Aussitôt, je vis que Clémence s'empressait de tirer sa chaise vers l'arrière.

- Bien, alors je t'accompagne !

- Non ! Reste, ne t'inquiète pas. Je ne veux pas écourter ta soirée. On est tout proche de l'hôtel, il ne va rien m'arriver !

Je lui souris afin de la rassurer encore un peu plus et après un instant d'hésitation elle finit par se rasseoir tout en continuant de m'observer.

- Très bien, comme tu préfères. On se retrouve à l'hôtel tout à l'heure alors, on ne va pas faire tard de toute façon. Je ne ferais pas de bruit en rentrant.

- OK, ça marche.

Au moment de me lever, je fus frappée de constater à quel point mes jambes étaient tremblantes. J'essayai tant bien que mal de ne rien laisser paraître de ma surprise devant les autres dont les regards s'étaient déjà posés sur moi. Voyant que j'enfilai mon manteau, Madame Lemarchand se leva à son tour, inquiète.

- Mademoiselle ? Que se passe-t-il, il y a un problème ? me lance-t-elle de l'autre bout de la table.

Clémence prit immédiatement la parole afin de lui expliquer que je ne me sentais pas bien, et qu'il valait mieux que je regagne l'hôtel. Notre professeur me dévisagea et me conseilla effectivement de rentrer au plus vite étant donné ma mine affreuse ! Sans perdre une minute, je saluai les autres qui n'étaient pas plus étonnés que ça que je parte et pus enfin me diriger doucement vers la sortie. Je n'avais qu'une hâte, être dehors! J'étais persuadée que l'air frais de la nuit allait me faire le plus grand bien !

Une fois la porte du restaurant franchie, je pris une profonde inspiration afin de laisser l'air froid envahir mes poumons. Je restai ainsi quelques instants adossée à la façade, essayant de récupérer mes esprits et un peu de force. Puis, je me mis lentement à marcher en reprenant en sens inverse la ruelle qui nous avait amenés jusqu'ici. Je ne comprenais absolument pas ce qui m'arrivait, n'ayant jamais de ma vie ressenti une telle chose !

J'avais des vertiges de plus en plus importants, la vision troublée et de plus en plus de peine à progresser comme si mes jambes n'avaient plus la force de me soutenir ! Je n'allais tout de même pas faire un malaise ici, me disais-je alors que je devais prendre appui pour la troisième fois aux murs des bâtiments qui longeaient le trottoir!

Contre toute attente, j'avais finalement réussi à avancer sur plus de la moitié du chemin. Je me rendis compte en jetant des coups d'œil aux alentours qu'il n'y avait plus personne dans la ruelle. Même s'il y avait eu quelqu'un, je n'étais pas sûre que j'aie eu la force de solliciter de l'aide. La nuit qui m'entourait était profonde et seule la maigre lueur des lampadaires éclairait le lieu. Je me sentais terriblement seule et vulnérable tout d'un coup et sentis ma gorge se serrer. Pendant une seconde, je me dis qu'il valait peut-être mieux que je rebrousse chemin, mais c'est à cet instant que mes jambes cédèrent et que je m'écroulai lourdement à genoux sur le bitume glacé. La douleur de ma peau qui s'écorcha en s'écrasant sur le sol fut intense, mais de courte durée, car je perdis aussitôt connaissance.

Quand je revins à moi, quelques secondes plus tard, j'aperçus quelqu'un qui se penchait au-dessus de moi et me soulevait de terre. Dans ma semi-inconscience, je crus un moment reconnaitre l'individu qui me portait secours, mais me dis que cela ne pouvait pas être possible. Je sentais une chaleur réconfortante m'entourer. Une fraction de seconde avant que mes yeux se referment, j'entrevis sur le sol ce qui me sembla être le corps d'une jeune femme, mais je sombrai à nouveau dans le néant.


Tout a changé ce jour là!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant