CHAPITRE 61

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Ah Noël... Qu'est-ce que j'aime cette fête. J'adore voir tout le monde s'affairer pour les derniers préparatifs.

Je me souviens quand nous étions à Chicago, j'adorais décorer le sapin avec ma mère, il était toujours vraiment magnifique. J'aimais passer devant tous les jours en me levant et voir l'étoile scintiller au sommet. Enfin, ça, c'était quand mon géniteur ne le mettait pas par terre au cours de l'un de ses nombreux accès de colère. Dans ces moments-là, j'aidais ma mère à tout nettoyer et nous ne prenions pas le risque de tout remettre en place, par crainte d'envenimer sa colère.

Je me souviens aussi des rares fois où nous passions Noël en famille, tous ensemble. La plupart du temps Kyle était déjà trop ivre pour aller au repas de famille ou bien il venait de nous rouer de coups donc nous n'étions pas en état de nous rendre à quelconques festivités.

Ma mère trouvait toujours un prétexte pour ne pas y aller. Soit j'étais malade, soit il nous était impossible de nous déplacer... Toutes les excuses étaient bonnes. Mais quand par miracle nous pouvions partager ce moment en famille, nous ne le rations pour rien au monde et c'était toujours merveilleux. Des moments incroyables.

Aujourd'hui, c'est différent, pas de Kyle pour nous gâcher la soirée, pas d'excuses bidons à trouver et encore moins l'appréhension de se dire que c'est peut-être la dernière fois que nous passons un tel moment ensemble avant longtemps.

Non, aujourd'hui est un bon jour, je sais que nous allons passer un super réveillon. Je suis entourée de toute ma famille, que j'aime plus que tout. Que demander de plus ?

Pendant que ma mère, Jodie et ma grand-mère Ophélia s'attardent en cuisine, mes cousines et Gaby s'attaquent à la décoration de la table. Les hommes ont été chargés d'effectuer les dernières courses pour les repas de ce soir et de demain. Wendy quant à elle, qui est enceinte de quatre mois, essaie de participer comme elle peut à la préparation. La pauvre elle se fait rejeter de partout car elle « devrait se reposer » à en croire tous les autres. Je la connais très bien, elle est têtue et elle déteste ne rien faire et se sentir inutile. Elle va bien trouver quelque chose à faire et s'incruster quelque part.

Et puis il y a moi, plantée entre la cuisine et la salle à manger, un sourire idiot sur le visage, admirant toute ma belle famille ayant fait plus de deux mille kilomètres pour passer Noël avec nous.

Lorsque nous nous installons à table, tous bien apprêtés, mon oncle Harry remplit les verres de tout le monde puis ma mère se lève faisant tinter sa fourchette sur son verre en cristal. D'une main, elle s'appuie sur la table, pas encore complètement apte à tenir debout toute seule.

Tous les regards sont rivés sur elle.

- Je voulais tous vous remercier d'être ici et d'avoir fait le déplacement pour passer Noël avec Emily et moi (elle me sourit). Vous savez que ces derniers temps, que dis-je, ces dernières années, n'ont pas été très faciles pour nous.

Quand Kyle s'est fait arrêter, ma mère a tenu à ce que l'on informe la famille de la situation. Et quelle situation. Elle sentait que c'était le moment de tout leur avouer, elle ne voulait plus garder ce secret qui nous a tant gâché la vie.

- Je suis sincèrement heureuse de vous avoir à nos côtés pour ce réveillon..., sa voix commence à trembler.

Je baisse la tête et fixe mes doigts afin d'éviter que les émotions ne me submergent et de pleurer. Ma mère poursuit.

- Merci d'avoir été aussi compréhensifs. Merci pour tout ce que vous avez fait depuis ce fameux jour. Je suis extrêmement reconnaissante de vous avoir parmi nous ce soir et de pouvoir enfin profiter pleinement de ma famille. Je vous aime infiniment. Merci.

Elle essuie les larmes qui perlent aux coins de ses yeux avant de se rasseoir pendant que le reste de la famille applaudit et lui lance des « On vous aime aussi » en levant les verres.

Un repas copieux, des anecdotes plus hilarantes les unes que les autres, une famille unie... Voilà ce que j'appelle passer un bon réveillon.

Quand arrive l'ouverture des cadeaux, à minuit passé, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles, jusqu'à m'en faire mal à la mâchoire. Je suis si heureuse de voir tous ces gens autour du sapin en train de s'échanger des cadeaux.

Ma famille m'a particulièrement gâtée cette année, d'habitude j'ai le droit à une enveloppe avec de l'argent. Eh bien oui, c'est plus pratique à envoyer par la poste, quand on ne pouvait pas assister au repas, qu'un gros colis.

Ma mère et moi avons reçu énormément de paquets, comme s'ils voulaient rattraper les autres années, ou bien se faire pardonner. De quoi ? Je ne sais pas. De ne pas avoir compris ou vu plus tôt que mon géniteur était un enfoiré, peut-être.

Certains avaient des soupçons, mais ma mère niait tout le temps en bloc. Ils ne la forçaient pas, bien que parfois ils lui tendaient la perche.

Même si on leur a répété à maintes reprises que ce n'était pas leur faute et qu'ils n'y étaient pour rien, ils ont toujours une pointe de culpabilité qui les ronge.

- Ma chérie ?

Ma mère me sort de ma rêverie.

- Oui ?

- Il y a un cadeau assez spécial pour toi.

Elle me tend un petit paquet, son sourire malicieux sur son visage.

- De la part de qui ?

Je suis assez surprise, tout le monde ici m'a déjà offert quelque chose. Je secoue le paquet, aucun bruit. Alors que je commence à déchirer le papier, ma mère s'éclipse.

Je m'empresse de déballer ce cadeau. Une boîte rouge. Que contient-elle ? Je l'ouvre délicatement pour en révéler le contenu. Je tombe sur un mot :

« Joyeux Noël, mon cœur. Toby ».

Je souris bêtement quand je réalise que le cadeau vient lui. Il a pensé à moi. Puis je prends conscience que je ne lui ai rien offert. Je culpabilise.

En-dessous de la note, un magnifique collier en or avec un pendentif en forme de goutte dans lequel s'incruste un saphir me laisse bouche bée. Il est très beau.

Je ne perds pas une minute, je sors le bijou de la boîte et me le passe autour du cou. Je surprends ma mère qui m'observe, je lui adresse un sourire qu'elle me rend. Je baisse la tête pour admirer le collier. Je ne m'y attendais pas. Je décide de prendre mon téléphone et d'envoyer une photo de moi en train de porter le collier à Toby. J'accompagne la photo d'un message :

« Merci, Toby. Il est magnifique. Joyeux Noël à toi aussi. Je t'aime ».

Sa réponse ne se fait pas attendre.

« Tout le plaisir est pour moi, mon cœur. Il te va très bien. Hâte de te voir le porter, sans rien d'autre... Je t'aime ».

La vache ! Même par message il arrive à me faire rougir et à me faire de l'effet. Je me surprends à me mordiller la lèvre quand je pense à ce qu'il pourrait faire quand on se verra et que je le remercierai de vive voix.

En attendant, je rejoins ma famille pour finir cette fête comme elle a commencé. Dans la joie, la bonne humeur et l'amour.

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Salut les bichettes !

C'est une belle soirée n'est-ce pas ?

Toby a offert un cadeau à Emily, c'est pas mignon ?

Love U,

Chloé

Slow Hands (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant