Chapitre 17.3 - rework

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Hyro

Je me détourne et prends la direction de la Rose Ecarlate. Je prie pour que Valeria ne soit pas « occupée » car en cet instant, la seule chose qui pourrait me calmer serait de me lover dans ses bras.

Lorsque j'arrive devant l'entrée de l'établissement, Erbast me salue avant de m'ouvrir la porte. Il y a beaucoup de monde mais j'évite la foule et gravis le vieil escalier jusqu'à la chambre de mon amie. Mes sens m'indiquent qu'elle n'est pas seule mais je frappe tout de même à la porte, annonçant mon arrivée par notre signal.

Les pas feutrés de la jeune femme se rapprochent avant qu'elle n'entrouvre légèrement la porte.

— Hyro ? s'étonne-t-elle. Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai besoin de te voir.

— Ce n'est pas possible.

— Fous ce crétin dehors et laisse-moi entrer.

— Hyro... soupire-t-elle.

— Je t'en prie, Val.

Elle me dévisage. Puis se décide.

— Laisse-moi quelques minutes, dit-elle simplement en refermant la porte.

Je m'adosse contre le mur les bras croisés. La porte s'ouvre enfin. Un homme au visage dissimulé sous un masque en sort. J'attends de le voir disparaitre avant d'entrer. Les fenêtres sont grandes ouvertes malgré le froid, chassant les odeurs des corps qui planent dans la pièce. Val est en train d'allumer des bougies parfumées sur la table.

Puis elle s'assoit sur son divan et tapote l'assise à côté d'elle pour m'inviter à la rejoindre. Ce que je fais.

— Alors, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui te tracasse au point de m'obliger à chasser mon client ? Magaria va me passer un saxon si elle l'apprend.

— J'en fais mon affaire.

— Alors ?

— Je...

... N'arrive plus à parler tellement je me suis ravagé par la colère. La jeune femme se rapproche et m'enlace. Je laisse ma tête reposer sur son épaule et la serre contre moi. Je sens l'odeur de l'autre homme sur sa peau nue et grimace. Elle caresse mes cheveux avec douceur, attendant que je sois prêt à me confier.

— Je sais où il se trouve, finis-je par lâcher.

— Qui ?

— Dorh'Orin.

Elle tressaille.

— Et je ne peux rien faire, je poursuis avant de me dégager de son étreinte. J'ai le pouvoir de le détruire mais je dois attendre l'ordre du Roi pour aller le trouver ! Comme un gentil petit chien !

— Hyro... Je comprends ta colère.

— Diego est devenu tellement servile ! m'emportai-je. Il ne peut plus rien faire sans l'approbation du Roi ! On devrait y aller tous les deux et venger notre frère !

— Diego a toujours été plus sage que toi, me fait-elle remarquer en souriant. Aie confiance en lui, Hyro. Il sait ce qu'il fait. C'est ton grand frère. Tu devrais l'écouter, il ne veut que te protéger.

— Peut-être mais... Je n'en peux plus d'attendre !

— Regarde-moi.

J'aurai tellement aimé pouvoir voir l'éclat de ses yeux. De son visage. Aussi, je caresse la courbe de ses joues du bout des doigts.

— Le Sorcier aura ce qu'il mérite, j'en suis certaine. Ne fonce pas tête baissée. Ne prends pas de risques inutiles, me recommande-t-elle.

J'entends l'inquiétude dans sa voix. Je soupire et me laisse tomber contre le dossier. Je ferme les yeux tandis qu'elle grimpe à califourchon sur moi, passant ses bras autour de mon cou.

— Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose, poursuit-elle, la voix vibrante. Que ferais-je sans toi, mon Hyro ? Tu es... mon soleil. Tu le sais, n'est-ce pas ?

— Val...

Je l'attire à moi pour déposer un baiser fugace sur ses lèvres. Je sais que je viens de franchir la limite que nous nous sommes toujours imposés mais...

Contre toute attente, elle me rend mon baiser. Elle frémit entre mes doigts. Puis je sens une larme rouler sur sa joue. Je m'écarte d'elle pour essuyer la larme avec mon pouce.

— Val...

— J'aimerais tellement...

— Pars avec moi, la suppliai-je. Laisse-moi te faire sortir d'ici !

— Et où m'emmènerais-tu ? Au Palais ? ironise-t-elle. Je ferais sensation ! La putain du mage !

— Arrête de parler de toi de cette façon. Tu es tout sauf une putain !

— Vraiment ? Je crois que tu n'as pas les idées claires. Regarde autour de toi !

— Au contraire. Je suis sérieux. Et je l'ai toujours été. Tu mérites tellement mieux que tout ça !

Elle s'éloigne pour déposer une nouvelle bûche dans l'âtre de la cheminée.

— Il est tard. Tu devrais partir, me dit-elle sans me regarder.

— Pourquoi ? Pourquoi ne me laisse-tu pas t'emmener ? insistai-je en la rejoignant, l'enlaçant par derrière.

— Je le souhaite, plus que tout au monde. Mais...

— Mais quoi ?

Elle se dégage à nouveau et se dirige vers la porte.

— Un jour, tu comprendras. Et quand ce jour viendra, j'espère seulement... Que tu ne me détesteras pas.

— Comment pourrais-je te détester ?

Même si je ne peux la voir, je sais qu'elle pleure.

— Bonne nuit, Hyro.

Je serre les poings mais n'insiste pas. Val m'a toujours dissimulé des choses. Elle n'a jamais évoqué son passé ni les funestes raisons qui la lient à cet endroit. Et ce soir, elle n'en dira pas plus.

Résigné, je me dirige vers la porte, frustré, mais respecte son choix, comme je l'ai toujours fait.

— Hyro ! m'appelle-t-elle depuis l'embrasure de la porte.

Je me retourne.

— Prends soin de toi.

Quelque chose dans sa voix m'interpelle. Mais je ne saurai dire quoi.

— Toi aussi, Val.

Puis je m'en vais, regagnant le Palais.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant