40

249 45 9
                                    


Daniela

─ Je sais qu'il a eu « un peu » de mal à tourner la page te concernant, et voilà que j'apprends vous avez passé plein de temps ensemble à la Terrasse, poursuivit Chloé. A l'évidence, je ne peux pas et je n'ai pas l'intention de t'interdire de rester seule avec lui. Cependant, si tu as froid en sa présence, ne lui demande pas de te prêter ses affaires, s'il te plaît.

─ Ah ! Son pull ! Je n'ai jamais demandé à Alessio de faire une chose pareille, dis-je d'un ton doucereux. Tu devrais peut-être lui en parler à lui.

Elle grimaça. De toute évidence, elle n'appréciait pas mon sous-entendu : c'était Alessio qui se montrait galant envers moi, pas moi qui réclamait.

Chloé 0, Dani 1.

─ Personne ne t'oblige à accepter, reprit Chloé.

─ Ouais, j'imagine.

Chloé avait raison. Je n'allais pas me disputer avec elle. Franchement, je n'en avais rien à faire d'elle. Mais elle comptait pour Alessio. Leur relation aussi. Alors oui, je n'allais plus accepter le pull d'Alessio et tutti quanti.

─ Autre chose ? fis-je.

─ J'aurais préféré que tu n'ailles pas faire ton footing seule avec lui.

─ Je comprends, mais, dis-moi : j'étais supposée courir où ?

Chloé pinça les lèvres.

─ Dani, ne l'encourage pas à avoir une amitié avec toi. Je te demande de faire très attention. Alessio est fragile et émotionnellement, il pourrait être perturbé par ta présence.

Cette fois, je ne pus m'empêcher de rire. Chloé parut offensée.

─ Heu... OK. Chloé, écoute... Alessio, il est à toi, hein. Y'a pas de problème. Il t'a choisie, voilà.

─ Je sais, dit Chloé. Je suis contente de voir que tu le sais aussi.

Nom de Dieu. Elle se sentait menacée. Elle avait peur de moi ! Peur qu'Alessio me courre après. Exactement comme Sophie, sa mère. Ne voyaient-elles pas que leurs craintes n'étaient pas du tout fondées ? Chloé avait la bague, non ?

Et maintenant, je devais me les farcir ensemble toute la journée, en plus.

─ Tu n'as pas confiance en lui ? demandai-je.

Chloé leva les yeux au ciel.

─ Si. Mais pas quand ça te concerne, tu vois.

─ Je vois.

─ Je ne suis pas idiote. Malgré ce qu'il dit, ou se dit à lui-même, je sais qu'Alessio ne t'a pas encore oubliée. Je m'en accommode. Je n'ai pas le choix, si je veux qu'on avance.

Selon moi, on n'oublie jamais personne, mais je savais que ce n'était pas la chose à dire ici.

─ Avec le temps, répondis-je doucement. Il oubliera. Le temps efface tout. Regarde, moi : j'ai bien fini par surmonter la perte de mon fiancé Rubén. Ca m'a demandé dix ans, mais j'y arrive.

─ Heureusement que l'amour qu'il y a entre nous est beaucoup plus stable. Ce ne sont pas juste des paillettes dans le vent, ou le feu qui se consume, mais quelque chose de sérieux, qui va quelque part.

Chloé me regardait droit dans les yeux. Je soutins son regard. Elle parlait de moi. De moi et d'Alessio. De notre relation assez... « tumultueuse ». Je préférais le terme « intense ». Bref. Elle sous-entendait que ça avait l'air intéressant à vivre mais que ça ne valait pas grand-chose sur le papier si on voulait construire dessus. Son opinion m'importait peu mais, malgré tout, ses mots m'atteignirent.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant