La nouvelle était tombée le matin même, prévisible et imprévisible, impitoyable, horrible.
Comme une bombe qui avait secoué tout ceux devant les infos, en direct ou pas, et qui avait entendu.L'avortement était illégal.
Ils avaient fait un bon de quelques siècles en arrière.Et devant sa télévision, Louise, 14 ans, était horrifiée. Désastrée.
Comment des hommes avaient pût faire ce choix? Un choix qui ne les concernaient pas.
Un choix qu'ils n'auraient jamais dû faire.
Qu'ils ne comprendraient jamais.Elle n'avait jamais suivit les médias, ce qu'il se passait et s'éclipsait dès que la chaîne d'information était allumée chez elle, parce que ses parents finissaient toujours par débattre d'une façon houleuse devant elle.
Mais ce jour ci, elle avait fait une exception, parce qu'elle savait que c'était important, et qu'elle ne devait pas ignorer ça.Ce vendredi là, Louise vit sa vie défiler devant ses yeux.
Elle était terrifiée.À 14 ans, elle était jeune, tellement jeune.
Trop jeune pour conduire, boire.
Trop jeune pour travailler, pour gagner de l'argent.
Trop jeune pour savoir correctement s'occuper d'un animal.
Trop jeune pour maintenir une plante en vie sans quelqu'un pour lui rappeler de l'arroser.
Trop jeune pour avoir du recul sur certaines choses.
Trop jeune pour comprendre le monde qui l'entourait.
Trop jeune pour s'occuper d'elle même.
Trop jeune pour s'occuper de quelqu'un.Et cette nouvelle qui tombait lui avait donné ce curieux goût amer dans la bouche.
Dans son état, là où elle vivait, où elle avait apprit à aimer vivre, ceux qui avaient un utérus n'avait plus accès à l'IVG.
Quelque chose s'était brisé dans sa poitrine, et elle s'était mise à pleurer.Elle évacuait tout, en criant, pleurant, tremblant, protestant.
Mais c'était trop tard, et ses parents la regardait, impuissant.Ça ne pouvait pas être possible, elle était sans doute en train de nager en plein cauchemar.
Si elle frappait sa tête assez fort, peut être qu'elle réussirait à se lever.Mais elle ne se réveilla pas.
Louise était obligée d'affronter la réalité de ce monde, de ces monstres ayant interdit un droit, qu'elle savait fondamental.Elle savait que sa mère avait avorté, car elle ne se sentait pas prête à avoir un enfant.
Son médecin l'avait fait aussi, car elle n'avait pas le temps pour un enfant et ne voulait pas lui faire subir le manque de sa mère.
La femme de son voisin avait avorté, car leur préservatif avait craqué, et qu'ils n'avaient pas les moyens.
Une amie de sa mère était passée par là, parce qu'elle avait peur d'avoir le même comportement que sa mère avait eut.
Un ami de son père avait avorté, violé par un membre de sa famille, car ils n'acceptaient pas sa transition de genre.
Et elle, devait se rendre au centre pour avorter, car elle avait été agressée par le garçon qui avait été son petit ami.
Elle était trop jeune, pas prête, sans ressources financières, incapable de prendre soin de quelqu'un, elle n'en voulait pas, car il était le fruit d'un traumatisme ignoble.
Mais voilà que cette interdiction avait laminé tout ses espoirs de survie.
Il ne manquait que deux étapes pour qu'elle puisse commencer à réapprendre à vivre, et la plus importante lui avait été enlevée.
Sa liberté sur son corps.Un corps qui ne lui appartenait désormais plus, à elle comme à toutes ces femmes, jeunes filles, hommes transgenre.
C'était son corps, mais plus son choix.
Et désormais, elle et toutes celles à qui elle pensait, devraient avancer dans un monde, dans un corps, dont les droits s'étaient envolés, évaporés, disparut, détruits.
Détruits comme toutes ces âmes qui avaient apprit cette nouvelle, cette horreur.
Elle se sentait prise au piège, par la société qui lui imposait tout, un comportement, des habits, des manières de parler, même de marcher.
Et maintenant, on lui imposait de garder un bébé, un enfant qu'elle hairait toute sa vie.Cette pensée lui donnait envie de vomir.
Elle ne s'arrêta de pleurer que quand elle fût trop épuisée pour rester éveillée.
À 14 ans, elle voulait simplement vivre, commencer une adolescence à peu près normalement.
À 21 ans, elle voulait profiter de son entrée dans la vie active.
À 30 ans, elle voulait attendre d'avoir une situation financière stable.
À 17 ans, elle voulait juste réviser son bac, et sortir avec ses amies.
À tout âge, elles voulaient simplement pouvoir choisir quand et comment avoir un enfant, ou même choisir de ne pas en avoir.
Mais qu'importe ce qu'elles voulaient, au diable leurs envies.
Elle n'avaient plus le choix.Pourquoi pouvoir choisir, quand d'autres se permettaient de le faire à leur places ?
Un hochement triste de son père lui confirma que c'était réel.
Que l'avortement était illégal."On va trouver une solution."
Mais il n'y en avait aucunes, à part revenir en arrière, mais les Grands ne reviendraient pas sur leur décision, bah, ça voudrait dire qu'on contestait leur autorité, et leur fierté n'assumerait pas.
Elle avait regardé le cintre en fil de fer, pendu dans son armoire, elle avait entendu parler de cette "technique".
Mais elle n'y arriverait pas, par peur des conséquences, de la douleur.Et, treize jours après l'interdiction de l'IVG, et sans qu'ils n'aient trouvé aucunes solutions, elle surplombait l'escalier, il était 3 heures du matin, et ses parents dormaient.
Elle pleurait.
Elle n'avait aucunes autres solutions.Louise avait prit sa décision, trois jours auparavant, après y avoir mûrement réfléchi, et elle espérait simplement s'en sortir avec quelques blessures sans gravité.
Et cette nuit là, une main posée sur son ventre, face aux escaliers, Louise se laissa tomber, tête en avant.
Sa tête avait heurté une des marches, et elle avait agonisé quelques minutes, en entendant se parents se précipiter vers elle, affolés en entendant le bruit.
Elle avait tenté de leur dire que tout irait bien car ils n'auraient plus à se préoccuper de ce bébé.
Mais elle mourut avant.
Louise était morte, pour ne pas avoir à subir une grossesse non désirée, et traumatique.
Et certainement des dizaines d'autres étaient dans le même cas.
Mais ce n'était plus leur corps.
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Illégal.
Random"My body, my choice." Texte sur l'interdiction à l'avortement. TW; mention de vi*l, et de m*rt. Il faut le crier, qu'avoir un enfant, c'est avant tout un choix. Un choix que certains ne veulent pas comprendre.