Chapitre 21

43 4 0
                                    

Après ce qui m'a semblé une bonne trentaine de minutes, Ianatan gare la moto en face d'une petite maison de ville coquette. Toutes les lumières sont éteintes sauf celle située au grenier, elle est bordée de longs murs en brique, de plusieurs fleurs de couleurs différentes et d'un immense portail en fer forgé. Je me tiens derrière Ian tout en examinant l'extérieur et les alentours. J'ignore qui je trouverai après cette porte, la seule chose que je sais, c'est que je peine à rester en place. La brise fraîche du matin me caresse la nuque, ce qui me fait frissonner et ce n'est pas les vêtements en cuir qui me réchauffera. Alors que mon Alpha n'a pas bougé d'un centimètre, je m'avance près d'une fleur qui accapare toute mon attention, elle retombe de notre côté du mur, une magnifique rose à la couleur rouge aussi vif que les yeux de Ian.


– Ne la touche pas.

Sa voix est dure, pleine d'angoisse et d'inquiétude. J'arrête mon geste à quelques millimètres du bouton de rose, alors que je m'apprête à répondre, mon instinct de vampire se réveille. Le craquement d'une branche suivi de pas lourd venant dans notre direction me met en alerte. Je sors mes canines, prête à attaquer celui ou celle qui souhaiterait s'en prendre à nous. La main chaude de Ianatan se pose sur l'une de mes épaules, acte réconfortant habituellement, mais qui ne parvient pas à me détendre. Tandis que le bruit est assez proche, je distingue que ce n'est pas une personne qui arrive à notre rencontre, mais un magnifique loup de couleur fauve, noir et blanc. Il sort de sous un cerisier en fleur tout en nous examinant de ses iris perçants de prédateur. Il s'arrête à quelques centimètres de nous et me jauge des pieds à la tête en plongeant son regard dans le mien. Je n'y visualise rien d'animal au contraire, il m'a l'air tout ce qu'il y a de plus humain. Ses yeux s'arrachent aux miens et viennent s'ancrer à ceux du vampire près de moi qui, à sa vue, s'est rapproché.


– Bonjour Sam, lui lance mon ami. Ça fait longtemps.

Pour toute réponse, le loup penche sa tête dans une petite révérence et nous fait signe de le suivre, mais mes pieds refusent de bouger. Mon instinct de surnaturel est en alerte, il ressent d'autres paires d'yeux sur nous, sent différentes odeurs de poils, de terre et de fleurs m'envahir les narines à la moindre brise.

– Tu ne risques rien Val, fais-moi confiance. Ian tend la main dans ma direction, j'y plonge la mienne et enlace nos doigts.

La panique me tord la poitrine, à chaque enjambée ma gorge se serre, les regards des loups dans la pénombre me brûlent la peau et le chemin me paraît interminable. Pourtant, lorsque j'étais près de la barrière, je n'avais pas l'impression qu'il y avait tant de distance entre l'extérieur et l'immense porte en bois. Une fois devant l'entrée, je me retourne en direction d'où nous avons laissé la moto, elle est si loin que je dois plisser les yeux. Face à mon étonnement, Ianatan me murmure à l'oreille :

– De la sorcellerie. Tout se passera bien, je te le promets. Il m'offre l'un de ces sourires qui a le don de me couper le souffle et je sens mon courage revenir légèrement.

L'animal pousse la porte qui s'ouvre dans un grincement, comme si les gonds n'avaient pas été huilés depuis belle lurette. J'ignore depuis combien de temps la personne que nous venons voir n'a pas eu de visites. Je me surprends à avoir de la peine pour l'habitant de cette drôle de maison magique. Une fois l'entrée grande ouverte, un amas de poussière fonce sur nous, ce qui me fait partir dans une quinte de toux horrible, je crois même apercevoir le loup ricaner. Ma gorge me brûle de crachoter pour évacuer tout ce que j'ai inhalé. Après plusieurs secondes, mes bronches se sont enfin calmées, me laissant contempler le hall de cette magnifique habitation. Tandis que d'extérieur, elle avait l'air d'être tout à fait normale et vieillotte, à l'intérieur tout me paraît extraordinaire... Entre les balais sur notre gauche, qui bougent sans que personne les guide pour nettoyer la poussière qu'à causer l'ouverture de la porte et le lustre qui s'allume dès nos premiers pas dans la pièce, j'en perds mon souffle. Ce ne sont pas les seules choses inattendues que je peux voir, car à quelques mètres de nous les chaises se déplacent d'elle-même, une horloge à cinq aiguilles près d'un vaste escalier sur notre droite sonne laissant apparaitre un chat et des corbeaux installés sur plusieurs perchoirs un peu partout, croassent lorsqu'ils aperçoivent Ianatan, allant jusqu'à foncer sur lui. Une femme d'une vingtaine d'années dégringole les marches à une vitesse folle, ses cheveux ébène balaient son dos et ses yeux rouges sont ancrés à ceux de Ian. Une fois au bas, elle se précipite dans les bras de mon Alpha, sans même m'octroyer une once d'attention.

– Mon frère ! hurle-t-elle. Tu n'es pas venu depuis une éternité, tu m'as tellement manqué. Ne me laisse plus autant de temps sans nouvelles !

Valentina Tome 1 : un monde nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant