Chapitre 13 - Le Fruit Défendu (Partie 2)

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Joshua

Je suis debout, là, devant l'immeuble de Beatriz. Quelques officiers sont devant la porte, en train de parler. Je ne les écoute pas vraiment. Mon téléphone à la main, je regarde dans le vide. J'essaie de réfléchir du mieux que je peux, mais je n'arrive à aucune conclusion. Rien qui ne soit logique, rien de censé... Je suis vide. Détruit.

Je reprends petit à petit mes sens. Je regarde autour de moi, et je ne remarque vraiment les officiers que maintenant. Je m'approche d'eux, à grands pas. Je suis déterminé. Après tout, j'ai peut-être tort. Mais pour le savoir, il faut que j'aille leur parler. C'est important. La vérité, je veux dire. Il ne faut pas toujours suivre son cœur. Parfois, les faits surpassent les sentiments. Quand les policiers remarquent que je suis à quelques mètres d'eux, ils se précipitent vers moi, alertés. Comme si entrer dans un immeuble était un crime. Parfois, je me demande si la ville de Genève fait bien son travail en embauchant des idiots comme ces gars.

- Monsieur, un instant ! s'exclame un petit officier.

- Quoi ? dis-je froidement, en le regardant droit dans les yeux.

- Un crime a récemment eu lieu dans cet immeuble. Vous êtes un habitant ?

- Non.

- Alors qu'est-ce que...

- J'ai une question, l'interromps-je. Il s'est passé quoi, dans cet immeuble ? Est-ce que quelqu'un est mort ?

- Vous êtes journaliste ? demande l'officier, me trouvant, je pense, assez suspect.

- Non, répondez à ma question.

- Quelqu'un est mort, admet-il difficilement.

Je me fige. Alors j'avais raison. Mon instinct avait raison. Cette... cette stupide Lys a assassiné Beatriz. Tout ça parce qu'elle avait été éliminée lors du vote. Beatriz n'avait rien demandé. Premièrement, ce n'était pas elle qui était censée être éliminée, et deuxièmement, ce n'était pas elle qui était visée par le jeu de Lys. Alors... pourquoi ? Pourquoi avoir perdu son temps à assassiner quelqu'un qui ne le méritait pas ? Beatriz était profondément gentille, elle s'est même votée elle-même, rongée par le remords. Si elle savait - non, si on savait - que par éliminer Lys entendant tué, personne n'aurait voté, et personne n'aurait participé. Des émotions montent en moi. La colère, forte, violente, s'élève en premier et dégage toutes les autres. Elle prend le dessus, elle domine mon être, elle veut atteindre son but. Elle veut s'énerver, elle veut crier, elle veut frapper, elle veut détruire. La colère veut être entendue.

J'ignore l'officier qui me pose d'autres questions et fait volte-face. Devant moi, un homme dans la trentaine se dirige vers l'entrée. Il porte un costume noir. Je l'ignore lui aussi, je n'ai pas le temps de me concentrer sur ce genre de détails. Si je n'avais pas été énervé, j'aurai été émerveillé par le complet noir. Toutefois, en ce moment même, la colère voulait se faire entendre.

***

Je descends de l'arrêt du bus, et marche quelques minutes. Je suis en pleine zone industrielle. Il y a des immeubles de bureau à chaque coin de rue, et parfois quelques usines dont les cheminées dégagent de la fumée. L'air est étouffant. Heureusement que j'ai arrêté de porter mon manteau beige, autrement j'aurai rapidement fait une chute de tension.

J'arrive finalement à destination. L'énorme bâtiment abandonné se tient devant moi, me cachant dans son nombre. C'est le quartier général de Lys, cette usine. Avec les autres membres, on se donne rendez-vous au bâtiment administratif, dans une ancienne salle de réunion. C'est l'un des seuls endroits qui est encore propre. Je suspecte Lys d'y mettre du sien.

Les roses blessentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant