Le Dépeceur - une enquête signée Siméon Granville

Chapitre 3 : Le Dépeceur

Difficile de pouvoir dormir ne serait-ce quelques heures après avoir vu ces images. Le réveil fut brutal mais surtout matinal. Une douche et un café serré et il était déjà l'heure de repartir au bureau. Siméon Granville avait convoqué de bonne heure le conjoint de la défunte. Il savait pertinemment que la chose ne serait pas aisée, en plus de la perte de sa femme et de son fils, il était dans les forces de l'ordre. Difficile d'imaginer la réaction qu'il pourrait avoir pendant l'entrevue.

Le commandant toisa du regard l'homme qui passait le pas de la porte. Ils ne se connaissaient pas personnellement. À quel genre de personne allait-il avoir affaire ? Comment allait-il réagir en apprenant les détails des meurtres ? Car ça, il en était sûr, comme tout bon flic, Cogan voudra savoir et surement se mêler de l'enquête.

- Sébastien, asseyez-vous, je vous prie – dit un Siméon Granville plus doux et plus posé qu'habituellement – tout d'abord, permettez-moi de vous présenter mes plus sincères condoléances au nom de toute l'équipe de la Crim'. Le commissaire divisionnaire m'a mis sur l'enquête, vous pouvez être sûr que ce fumier sera traqué, trouvé et enfermé.

- Merci mon commandant... je n'ai pas encore tout compris... répondit le mari anéanti par la tristesse.

- Appelez-moi Siméon. Je vous demande simplement de ne pas vous immiscer dans l'enquête, ne pas chercher à faire justice vous-même. Vous pouvez être sûr de ma motivation dans cette enquête. En s'attaquant à votre famille, il s'attaque à celle de la Police.

- Personne n'a voulu me dire ce qu'il s'est vraiment passé, Siméon, peut-être voudriez-vous me le dire ?

- Euh... oui bien entendu. C'est vraisemblablement votre fils qui a été assassiné en premier. Le tueur avait bloqué la porte de votre chambre. Votre épouse ne pouvait pas en sortir. Puis, alors qu'elle était toujours au téléphone, elle s'est fait exécuter.

- Oui, mais je veux savoir comment ils sont morts ?

- Comment dire... vous êtes policier donc je vais vous parler sincèrement et de la manière la plus franche possible. Pour votre épouse, nous n'avons pas eu le rapport du légiste établissant la cause mais elle a été éventrée. Concernant votre fils, poursuivit le commandant Granville en s'éclaircissant la gorge, il a été décapité. La tête n'a pas été retrouvée dans votre domicile...

- Oh mon dieu, arrêtez-vous là. J'en ai assez. Cette pourriture me le payera. Faites-moi une faveur Siméon, une fois chopé, ne le laissez pas seul en ma présence.

Tout cela écœura presque tout autant Siméon. Comment rester de marbre face à un massacre pareil ? Son actuelle préoccupation était surtout de savoir ce qu'il était devenu de la tête du jeune enfant et ce à quoi elle était destinée.

- Je dois vous laisser Sébastien. Je viens de recevoir un SMS. Je suis demandé au sous-sol. Soyez sûr que la police vous accompagnera jusqu'au bout. Vous pourrez compter sur moi.

- Merci commandant. J'ai oublié de vous dire quelque chose...

- Oui, dites-moi ?

- J'ai découvert qu'Inès parlait avec un homme mais qu'elle le faisait passer pour une femme dans son répertoire. Je n'ai pas su découvrir qui c'était...

- Adultère selon vous Sébastien ?

- Non, je ne l'espère pas. Tout allait bien dans notre couple... On se parlait, on avait toujours des relations intimes...

- La vision n'est pas toujours la même du point de vue de la femme... j'ai le smartphone de votre épouse, je m'en occupe... conclut Siméon d'un clin d'œil.