Gé...Général.e Xuan Zhen ?

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Un violent coup de porte résonna dans tout le palais du Général Xuan Zhen. "Abruti de Nan Yang, je te hais !" pensa Fu Yao. Ou, plutôt, pensa Mu Qing, amer et furieux de voir qu'une de ses tuniques préférées avait été salie par ce maudit chien de Nan Feng - Nan Yang. Ne savait-il pas à quel point ce tissu était rare ?! C'était à se demander ce que ce Général faisait de ses journées !

Son visage joliment renfrogné, Mu Qing rentra dans sa chambre. C'était une pièce vaste, lumineuse, où ses couleurs prédominaient. Ses yeux d'obsidienne, oscillant entre un ambre ardent et un argent glacial, s'écarquillèrent lorsque son regard sombre se posa sur un adorable chaton à la douce et lisse robe blanche. Ses traits raffinés, éthérés, s'adoucirent, ses lèvres scintillantes s'esquissèrent en un sourire tendre ; le félin, qui laissait échapper un ronron apaisant de sa gorge fragile, caressait ses jambes. La main délicate du Dieu Martial se promena sur cette fourrure neigeuse dans une caresse aimante, insoucieuse. Mu Qing, encore sous son apparence de beau et jeune homme, semblait être retombé en enfance avec le timbre suave de sa voix qui questionnait l'adorable félin.

- Que fais-tu là mon mignon ? Tu t'es perdu, mh ?

Un miaulement, adorable, fut la seule réponse du chaton blanc comme neige. Les lèvres pulpeuses de Fu Yao laissèrent échapper un bref soupir de sa gorge. Après tout, si ce chaton s'était égaré, il pouvait très bien le recueillir jusqu'à ce que son propriétaire vienne le retrouver. Oui, bonne idée... Et puis, un chat c'était tout de même bien plus propre qu'un chien galeux ! Le félin aux ronronnements doux et apaisants s'appuya sur ses deux pattes arrières et, dans un bond souple, puissant, il sauta sur Mu Qing qui, sous le coup de la surprise, laissa échapper un petit, mais adorable, cri effrayé. Les griffes, longues et acérées, du chaton s'accrochèrent au tissu fin, léger et très précieux de la tunique intérieure de Mu Qing qui hoqueta de terreur. "C'est pas vrai... C'est pas mon jour, on dirait..."

Pensant que la journée ne pouvait pas plus mal se passer, le Dieu décida de calmer son esprit furieux et en ébullition en cousant. La couture, en plus d'être une activité qui demandait beaucoup de délicatesse et de minutie, réclamait une concentration absolue et un maintien de soi presque surnaturel. Et, étant donné son état d'esprit actuel, valait mieux déverser toute sa frustration et sa haine sur du tissu déjà endommagé que de s'entraîner à se battre avec Nan Yang ! Là, il risquerait d'avoir des morts ! Dans une grâce... féline, Mu Qing s'assit, à même le sol. Dans des gestes vifs, légers et gracieux, il sortit, d'entre les plis de ses multiples tuniques, une fine aiguille ainsi que des fils de la même teinte écarlate que celle qui avait été, sauvagement, tailladée par ce stupide Nan Yang qui n'en faisait qu'à sa tête ! S'il pouvait se mêler un peu plus de son cul celui-là... Retroussant ses lèvres généreuses en une adorable moue, sa langue rose se reposant avec une délicieuse nonchalance sur sa suave lèvre supérieure, Mu Qing commença à coudre dans des gestes qui mêlaient dextérité, minutie et une gracieuse délicatesse. Le museau du chaton blanc comme neige dépassait, adorablement, d'entre les nombreuses robes opalines et écarlates du Dieu Martial. Les ronrons incessants, mais divinement réconfortants et doux, du félin aidèrent Mu Qing à se concentrer davantage. Ses gestes devinrent plus agiles, plus souples, plus vifs... Jusqu'à ce que la pointe, d'une singulière finesse, ne finisse par piquer son index. Étouffant un juron, qui ressemblait à une envolée de noms d'oiseau, Mu Qing amena son index fin, d'où s'échappaient des perles de sang, à ses lèvres, suaves et ensorcelantes. Avec douceur, sa bouche généreuse se mit à suçoter le liquide carmin qui s'écoulait, avec une certaine lenteur, le long de sa peau opaline. Le Dieu Martial laissa échapper un soupir de sa gorge délicate. Au moins, ce fluide vital à la vive teinte grenat, à la senteur amère et au goût de rouille, ne tombait pas sur la tunique qu'il tentait de recoudre. Tout ça à cause de Nan Yang ! Il lui devait une tunique !

Le cadeau de trop (TGCF/HOB) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant