Attraction irrésistible

RETOUR AUX SOURCES

-Envie de faire demi-tour ou de partir en courant, Clarke ? ricane Gabi à côté de moi. 

-Oh, ne m'en parle pas. J'essaie déjà de garder tout mon self-control là. Ne me cherche pas. 

-Je te trouve tellement mignonne quand tu es stressée. 

     La foule de voyageurs grouillant autour de nous ne m'empêche pas de lui envoyer mon coude dans les côtes. Gabriel grogne tout en explosant de rire. Une femme le bouscule dans le couloir de l'aéroport mais il n'y attache même pas d'importance. Il est bien trop occupé à se moquer de moi pour en faire cas. 

     -Relax, Max. On dirait que tu viens d'atterrir en enfer. 

-Peut-être bien. Après tout, tu sens cette chaleur ? On se croirait dans un four. 

-C'est l'Australie, bébé. Ne me dis pas que tu as oublié comment c'était. 

     Comment le pourrais-je ?

     Le séjour que j'ai passé ici l'année dernière a marqué ma vie à jamais. J'ai tellement changé et grandi là-bas. Je me suis progressivement métamorphosée au point où ma mère ne m'a pas totalement reconnue à mon retour. Je n'étais pas la même quand je suis rentrée à Seattle. En plus, c'est ici que j'ai rencontré Gabriel et que tout a commencé. Je ne pourrais jamais oublié cet endroit pour tout ce qu'il a fait pour moi. 

     Revenir ici est tout à fait déroutant pour moi. Je n'avais pas mis les pieds en Australie depuis des mois et je ne pensais même pas revenir de si tôt. J'avais plus ou moins prévu d'y retourner pendant l'été avec Elliot mais je ne me doutais pas qu'Aaron demanderait June en mariage. Ces nouveaux plans sont d'autant plus stressant pour moi. Je sais que Gabi s'attend à ce que nous fassions une annonce nous aussi et malgré toute ma bonne volonté, je suis toujours morte de trouille. 

     Pour l'instant, j'essaie de me concentrer sur mes propres pas pour ne pas me perdre dans l'aéroport. Je veux prendre chaque chose en son temps. Je dois tout d'abord faire en sorte de sortir d'ici sans être piétinée. Il y a tellement de monde aujourd'hui dans les couloirs que s'en est étourdissant. 

     -J'ai hâte qu'on sorte d'ici, soupire-je en traînant ma valise derrière moi. C'est une vraie fournaise. 

-Moi, j'ai plutôt l'impression de retrouver ma vraie nature. Cette chaleur m'avait manqué. 

-Il fait chaud aussi à L.A.

-Oui mais ça n'a rien à voir avec ici. Je me sens bien mieux chez moi. 

     Gabriel n'évoque pas souvent le sujet mais je sais que sa vie ici lui manque énormément. Il est fait pour vivre dans cet environnement. L'Australie fait très clairement partie de lui. Il a toujours vécu ici et il n'y a que sous cette chaleur qu'il se sent chez lui. Je suis incapable d'imaginer le soulagement qu'il a dû ressentir en descendant de l'avion. Il n'avait pas mis les pieds dans son pays natal depuis des mois. Je suppose qu'il ne pourrait pas être plus heureux que maintenant. 

     -Et toi, qu'est-ce que ça te fait d'être de retour ? me demande Gabi alors que nous suivons le mouvement de la foule. 

-C'est...bizarre. J'ai l'impression de ne pas être revenue ici depuis des années et pourtant c'est comme si je n'étais jamais vraiment partie. 

-Je vois ce que tu veux dire. Il s'est passé tellement de choses depuis notre départ. On a vécu toute une vie à L.A. Pourtant, aujourd'hui, on est comme de retour à la case départ. Rien a vraiment changé depuis la dernière fois. On est toujours ensemble, toi et moi. 

-Il faut croire que l'Australie nous aime ensemble et pas séparément, glousse-je. 

-Ou que c'est nous qui ne pouvons pas être ici sans être ensemble.