ARC I - Chapitre IV - Corbeau.

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Un soupir, long et râleur, franchit les lèvres de Bao dont le pied continuait de taper sur le sol glacé de la grotte. Qu'est-ce qui pouvait lui prendre autant de temps...? Plus le temps passait, plus le disciple Lan s'inquiétait pour son ami. Avalant sa salive avec difficulté quand une faible, timide étincelle de courage brûla dans son regard, Bao fit face à l'immensité à la froideur majestueuse. Il alla faire un pas en avant lorsque ses yeux au métal iridescent captèrent une silhouette. Une forme obscure qui se dessinait pourtant parfaitement dans les restes ténébreux de la grotte.

Bao plissa ses iris métallisé. Ce n'était pas Yue. Yue ne possédait pas une taille d'une finesse divine. Ni des formes ondulantes, d'une générosité féminine presqu'obsédantes. Ses mèches ne coulaient pas en une cascade de soie noire dans son dos. Et surtout, Yue ne lui avait jamais fait ressortir une immense chaleur rien qu'en l'apercevant. Déglutissant difficilement, Bao fit un pas en arrière. Sa main droite restait crispée sur la garde de son épée, lui, il tremblait de peur. Il ne savait pas qui était cette personne et il préférait ne pas le savoir. Son regard iridescent se releva sur cette silhouette qui, à présent, n'était plus qu'à un mètre. Quoi ? Un mètre ! Mais c'était impossible ! Il venait à peine de baisser les yeux et cette silhouette s'était rapprochée à une vitesse drastique. Cela ne pouvait pas être humain...

Alors qu'il dégainait lentement son épée, il sentit un toucher sur le dos de sa main. Malgré la douceur, la tendresse de cette caresse, ce toucher était d'une froideur... d'une froideur mortelle. Cillant, le jeune disciple contempla la main qui s'était posée sur la sienne. Légèrement, ses sourcils se froncèrent. C'était fin, les veines roulaient, saillaient avec douceur sous cette chair opaline. Il soupçonnait même que ses mouvements étaient graciles... Il gémit, en son for intérieur, de frustration. Cette créature paraissait parfaite !

Rangeant son épée dans son fourreau, ses yeux de métal cherchaient, avec une certaine avidité, cette silhouette gracile, voluptueuse. L'éclat argenté de la lame fine finit d'attirer cette splendide et chtonienne créature qui se retrouvait à quelques centimètres de lui. Ses lèvres, pulpeuses et carmin, effleurèrent celles entrouvertes de Bao ; un frisson plus qu'agréable le parcourut en sentant une vive piqure au niveau de son cou.

Un hoquet, faible, de surprise lui échappa. Ses mains s'enroulèrent autour de la nuque délicate de la créature qui venait mordiller sa chair. Des crocs s'enfoncèrent dans sa peau, déchirant derme et épiderme jusqu'à couper net une veine qui passait par là. Bao sentit sa douleur s'apaiser, son cœur cessa bientôt de battre. Un gémissement, presque suave, franchit ses lèvres fines. Son corps devenait amorphe, ses jambes se dérobèrent sous son poids, l'étincelle de vie quitta ses iris de métal, son teint était plus que blanc. Avec fracas, le disciple Lan tomba à terre, plus aucune goutte de sang ne coulait dans ses veines.

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Wei Wuxian, d'un revers gracile de la main, effaça le sang qui coulait le long de son délicat menton. Un large, magnifique sourire satisfait esquissa ses lèvres suaves, généreuses. Aiya... Ce sang était un délice. D'une démarche féline qui faisait onduler ses hanches obsédantes, il sortit de la grotte. Un papillon d'argent aux ailes translucides voleta jusqu'à lui, ses pattes fines se posèrent sur le bout de son nez délicat. Ses immenses et sublimes ailes s'écartèrent avec douceur avant de se replier avec tendresse sur le corps menu de l'insecte. Wei Wuxian lâcha un petit juron.

- Hua Cheng, tu me gâches la vue.

La voix suave, ronronnante de Hua Cheng lui répondit.

"- Mais je suis la vue, enfin. Et puis, tu ne devrais pas aller à la recherche de ton Lan WangJi pour te venger ?"

Wei Wuxian soupira. Il chassa l'insecte ailé d'un geste gracile de son délicat nez ; ses mains fines se reposèrent sur ses hanches voluptueuses.

- De un, ce ne sont pas tes affaires. De deux, tu ne devais pas aller voir ton GeGe divin ?

"- Mais j'aime bien les histoires d'amour qui se terminent mal !"

Cependant, le papillon prit son envol. Le visage à la beauté obsédante, infernalement ensorcelante, se secoua de droite à gauche. Son regard d'ambre, séduisant, se posa sur un corbeau qui croassait avec violence contre un renard au superbe pelage roux. Il aurait presque put en rire si l'animal fétiche de Hua Cheng n'était pas un de ces canidés sauvages. Les yeux du corbeau se posèrent sur Wuxian, leurs regards semblaient s'aimanter. Le volatile au ramage abyssale croassa une nouvelle fois et s'envola vers son nouveau maître qui laissait une de ses mains fines caresser ses plumes sombres. Cet oiseau sera désormais ses oreilles et ses ailes. D'une caresse gracile sur ses plumes, il lui murmura, suave.

- Va, trouve un homme aux cheveux d'ébène, aux robes blanches comme la neige, aux lèvres comme des boutons de camélia et qui détient un bandeau frontal. Tu seras mes yeux, guide moi.

Le corbeau agita vivement ses ailes, les claqua et s'envola aussitôt, croassant.

Au bout de quelques heures, le Patriarche de Yiling était finalement entré dans la ville colorée de Caiyi. Le sublime bleu de cobalt de ses hanfu serrés lui permit de rester dissimulé aux yeux des habitants. Sa beauté hypnotique, éthérée, cependant, ne passait pas inaperçu. Si bien que femmes et hommes ne cessaient de se demander si c'était un envoyé des Dieux. Un délicieux sourire malicieux esquissa les lèvres suaves de Wei Wuxian. Aiya... Les mortels, tous les mêmes. Ses yeux d'ambre, séduisants et perçants, se posèrent sur les différents objets que les vendeurs ambulants proposaient. Il alla pour prendre un éventail aux couleurs magnifiquement sombre lorsque le corbeau, d'un battement vif d'ailes, se posa sur son épaule fine. Il lui croassa alors que Lan WangJi s'était arrêté dans une petite auberge non loin de là.

Les iris de Wuxian, délicats comme ceux des biches, se posèrent sur le ciel au soleil déclinant. Une jolie teinte de rose orangée colorait le ciel d'azur. Un sourire en coin, délicieux et attrayant, esquissa la rose irrésistible qu'étaient ses lèvres suaves et exquises. Sa main fine lissa les plumes sombres du volatile, l'ambre de ses yeux charmeurs et doux brillait de mille feux, oscillant entre le brun ambré et le rouge rubis.

- Et bien, il est temps d'aller manger, mon beau.

À SUIVRE...

Trinité Vampirique (MXTX MULTIVERSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant