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Daniela


Assise au fond du bus, je regardais le paysage verdoyant des environs de Castel, quand mon téléphone se mit à vibrer dans mon sac. Je m'illuminai en avisant le nom sur l'écran.

─ Nana ! Comment tu te sens ?

─ Comme je suis heureuse de t'entendre, ma chérie. Je t'ai causé du souci, hein ? Ca va bien, maintenant.

─ Oh, Nana. Tu es avec Maman, là... ?

─ Non, avec Juan. Ta mère est censée me ramener à la maison demain.

─ Je suis tellement heureuse d'entendre ça !

─ Et moi donc ! Enfin ! Je ne supporte plus cet hôpital bourré de vieux ronchons... toujours à se plaindre qu'ils ont mal ici, ou là ! Surtout ma voisine de chambre ! Une vraie sorcière. Je deviens dingo, je te dis.

Je ris de bon cœur. J'étais soulagée qu'elle se souvienne de moi, et soit d'aussi bonne humeur.

─ Il parait que tu as grondé ton médecin parce qu'il ne voulait pas te laisser sortir ? la taquinai-je.

─ Les nouvelles vont vite. Comme tu vois, ça a fini par payer.

Sacrée Nana...

Elle avait l'air bien. J'étais contente.

Alors que le bus s'approchait de l'arrêt de la Terrasse, je reçus un SMS de Sora. Je l'ouvris tout en écoutant Nana me raconter ce qu'elle avait prévu de faire en arrivant chez elle : sauver son jardin, se mitonner « de bons petits plats, enfin, de la vraie nourriture », inviter ses copines à lui raconter les derniers potins, etc.


Soraya

Salut. Chloé et moi, on va boire un verre en ville, ça te dit ?


L'optimisme naïf, l'entêtement à toute épreuve, ou plutôt le manque de discernement de la personnalité de Soraya m'arrachèrent un demi-sourire.

Comme si j'allais traîner avec Clochette Lurier...


Dani

Sans façons, merci


Soraya

Sois pas si fermée.


Son SMS, qui eut le propre de m'exaspérer davantage, méritait, au mieux, un silence dédaigneux. Je n'y répondis donc pas.

Soraya s'en aperçut et m'envoya un dernier texto alors que je passais devant le rocher du Diable, en direction de la maison.


Soraya

Bon. Dommage. Le bar est sympa.


Qu'est-ce que j'en avais à foutre ?

─ Ca y est, tu es rentrée ? demanda Nana.

─ Oui, dis-je, poussant la porte de la maison.

─ Ton amoureux est là... ?

─ Alessio ?!

─ Qui d'autre ? répliqua-t-elle.

─ Il n'est pas là. Et ce n'est pas mon amoureux, Nana... arrête, s'il te plaît, je n'aime pas quand tu dis des trucs comme ça.

─ C'est une question de point de vue, mon cœur...

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant