Le Versant du Soleil (HB tome 3)

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Le lendemain, vers midi, Paul vint me trouver dans la cuisine alors que je préparais le déjeuner.

─ Dani, bébé ! Je peux t'aider ? Je m'emmerde.

─ Je vois..., fis-je, amusée. T'es le bienvenu quand même, même si tu me prends pour un bouche-trou.

─ Bon, qu'est-ce qui se passe, mets-moi au parfum ? fit Paul, motivé. Tu fais quoi, d'abord ?

─ Une pizza. J'ai dégazé la pâte, maintenant, il faut que je la masse encore un peu avant de l'étaler au rouleau. Mais t'inquiète, je vais le faire.

─ Masser, tu dis ? répéta Paul, les yeux pétillants. Hmmmm ! Sexy !

On rit.

─ Tu peux t'occuper de la salade, si tu veux, j'ai déjà préparé la vinaigrette. Tiens, coupe le concombre en rondelles, s'il te plaît.

─ OK, dit Paul, s'emparant agilement d'un couteau. C'est parti. Par ici le concombre ! Tu vas prendre cher.

On travailla un instant en écoutant la musique qui s'échappait de mon téléphone, posé sur le comptoir.

─ Hé... ça va, bébé ? s'enquit Paul gentiment.

Je lui fis un sourire. Paul m'appelait souvent ainsi. C'était purement affectueux. Tout comme avec Jules, il n'y avait jamais eu le moindre jeu de séduction entre nous. Je savais qu'il me trouvait mignonne et c'était réciproque, mais c'était juste un bon copain. Un ami d'Alessio, d'ailleurs, à l'origine.

─ Ca va, répondis-je.

─ Ce doit pas être facile, pour toi, de voir Alessio avec Chloé... mais t'es classe.

Sa voix était douce. Je me dandinai, un peu mal à l'aise.

─ Oh... écoute, y'a pire dans la vie, quand même...

Je ne voulais pas qu'il me prenne en pitié. Je n'en avais pas besoin.

─ Et toi, Paul ? demandai-je, lui renvoyant la balle. Tu rentres bientôt à Paris. Pressé de retrouver le Kaziski Jolie ?

Paul fronça les sourcils.

─ Tu penses... la flemme ! Je suis bien ici !

On rit de nouveau.

─ Dis, Dani. Franchement. Tu trouves ça nul, que je sois bartender ?

J'écarquillai les yeux, surprise.

─ Quoi ? Pas du tout. Tu trouvais ça nul, quand je travaillais au Starbucks ?

─ Un peu, dit Paul pour me taquiner. Une tête comme toi, servir des cafés !

─ Arrête ! T'aimes ça, être au bar, non ?

─ Ben... je commençais à me dire... enfin... garde ça pour toi, hein ! Mais bref, je me tâtais à l'idée de retourner à l'école. Reprendre des études, quoi.

─ Wahou ! (J'étais épatée). C'est un super projet, Paul.

─ Ah ouais ? Tu crois pas qu'à 28 ans que je serais ridicule avec les petits de Licence, là ?

─ Bien sûr que non. Depuis quand tu te soucies de ce que pensent les autres ? Qu'est-ce que tu veux étudier ?

─ La gestion. La compta. La fiscalité. J'aimerais bien avoir mon propre bar, un jour... gérer l'entreprise. Pas juste servir le client.

Il me considérait d'un air gêné, honteux presque.

─ Mais pour ça, il faut des diplômes et tu sais que j'en ai pas.