Apollo's baby

Chapitre 1 : Crépuscule sur Athènes

Lorsque Alessio posa ses yeux pour la première fois sur Ethan, le mot beauté pris alors son nom et Alessio promis alors de ne jamais y faire offense.

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Les paysages de Grèce n'étaient en rien inconnu à Alessio qui en vérité ne trouvait plus vraiment de plaisir à les visiter encore et encore avec ses parents. Cela faisait dix-huit ans maintenant que chaque été, lui et ses parents partaient prendre du repos à Athènes. L'été paraissait alors tellement long pour lui que même la plus jolie des vagues ne semblait l'émerveiller comme autrefois. Sa mère comme son père adoraient faire du bateau et savaient pertinemment que fut un temps, Alessio ne pouvait refuser un tour en catamaran. Mais le temps avait fait son œuvre et le jeune homme avait grandi depuis trouvant ainsi la vie de plus en plus fade et monotone, et ce malgré son jeune âge.

"Regarde Alessio ! Regarde comme c'est beau !" s'écria sa mère tout en pointant du doigt l'infinité de la mer Égée.  

La tête dans les nuages et non dans les eaux, c'est avec peu d'entrain qu'Alessio se retourna brièvement vers sa mère en tournant sa tête à gauche d'un air peu intéressé avant que celle-ci ne reprenne sa direction initiale vers le ciel. Quelque chose d'apaisant ou du moins plus intéressant semblait se trouver en haut que le jeune homme semblait bien plus apprécier. Ses parents étaient tombés amoureux de la Grèce lors d'un voyage que le père d'Alessio avait organisé pour celle qui allait devenir quelques années plus tard sa femme. Et au grand dam d'Alessio, ce qui était de base une simple destination vacances était devenu au fil du temps une véritable coutume pour la famille. De plus, c'était leur amour pour ce pays qui avait inspiré le prénom d'origine grec que porte le jeune garçon.

Après une longue heure en mer, le père d'Alessio décida de retourner sur la terre ferme. C'est à quelques mètres à peine de la jetée que les parents d'Alessio avaient acheté une superbe maison il y a déjà plus d'une vingtaine d'années passées. Elle fut témoin de leur amour naissant mais bien plus important encore : de la venue au monde d'Alessio. Si celle-ci avait traversé toutes les tempêtes qu'une idylle de plus de vingt ans pouvait engendrer, c'est aussi ici que sa mère espérait pouvoir y marier son fils comme elle se le vit, jadis, proposé par le père de celui-ci. Alessio, lui, avait pour le moment d'autres projets. Il décida de laisser ses parents ensemble et en profita pour s'enfuir par la petite porte en bois du jardin menant sur les petits chemins de cailloux blancs en direction du village. 

L'air était si doux et les gens si agréables en cette période du mois d'août qu'Alessio prit la décision de se poser sur un banc aux côtés de deux vieillards une fois arrivée dans le cœur de l'antique ville d'Athènes. Ah, Athènes, cette grande cité antique au passé culturel et historique important était devenue avec le temps son petit refuge. S'évader sur les collines de l'Acropole ou bien se faufiler à travers les ruines de l'Agora furent partie intégrante des jeux auxquels il adorait s'adonner étant petit. Mais étrangement, c'était le simple fait de se poser sur un banc en regardant la ville et ses habitants passer et repasser qui lui donnait le plus de plaisir. Il y trouvait là une sorte de profond apaisement. 

Après quelques minutes de contemplation, les deux vieillards assis à sa gauche partirent tout en n'oubliant pas de le saluer. Alessio se retrouva alors seul face à l'immensité d'une ville bien plus imposante que lui qui ne tarda pas à s'assombrir tandis que le crépuscule commençait à prendre place. De là où il était, c'est comme si Athènes prenait vie. Le spectacle de lumière et le mélange des couleurs était tout simplement éblouissant. Il se leva alors pour aller regagner le chemin vers sa maison quand soudain, un jeune homme prit place sur le banc à ses côtés le stoppant net dans son élan. 

Alessio tourna sa tête à gauche en sa direction et fut pris d'une intense surprise. Les cheveux bruns mi-long du jeune homme glissant sur sa joue laissaient deviner un nez impeccable ainsi qu'une bouche rosée à la proportion parfaite. Il ne put voir la couleur exacte de ses yeux,  mais ne put s'empêcher de remarquer une larme couler le long de son visage avant de venir s'effondrer sur le sol. Il fixait, scrutait, observait instamment le mystérieux jeune homme sans en louper un détail ni dire un mot jusqu'à ce que celui-ci sèche sa larme et se retourne vers Alessio. 

Les deux jeunes hommes se regardaient désormais droit dans les yeux. L'un avec curiosité, l'autre avec peine et Alessio découvrit alors le visage de celui qui l'intriguait depuis déjà quelque longues secondes. Ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'entrouvrit légèrement comme par réflexe. Il était évident que jamais de sa vie Alessio n'avait vu d'aussi beau garçon et encore moins d'aussi près. La peau mate du bel inconnu faisait parfaitement contraste avec la peau très claire d'Alessio. Mais c'était un tout qui l'avait séduit. Une harmonie dans les traits et dans les moindres détails de son visage comme s'il venait d'être sculpté dans le marbre. Et quelle ironie que de rencontrer un adonis en plein milieu de cette bonne vieille Athènes. Le garçon entreprit alors une conversation.

"Je te rassure, je ne pleure jamais et encore moins devant les autres", se mit à rire l'inconnu en séchant sa larme avec le dos de sa main.

Alessio, un peu troublé par cette réplique, repris ses esprits et sourit légèrement tout en baissant la tête mais ne dit rien. Il paraissait totalement pris de court. L'inconnu repris alors.

"Je viens souvent ici le soir. C'est un peu mon banc préféré ahah. J'ai toujours trouvé ça presque hypnotisant l'effet que ça fait de voir toutes ces lumières, tous ces gens, toute cette agitation dans la ville. Je me sens comme spectateur de la vie des autres et j'aime plutôt ça. Mais ce qui me plaît le plus ici, c'est cette vue imprenable sur la ville. Aucun endroit au monde ne peut te procurer cette sensation", termina il avant de se lever. 

Alessio, encore un peu dans ses pensées et totalement intrigué par le charisme renversant de son interlocuteur, se tut une nouvelle fois. L'inconnu se retourna alors vers lui.

"Je serais ici à l'exact même heure demain soir et j'espère bien t'y revoir" lui sourit il, tout en s'éloignant d'Alessio. Lui qui depuis peu n'avait que le silence pour réponse vit ici l'incroyable chance de bousculer son quotidien. Il se leva alors précipitamment dans un élan d'adrénaline comme poussé par le destin et lui demanda alors.

"Tu ne m'as même pas donné ton prénom, s'exclama Alessio en voyant l'inconnu s'éloigner de plus en plus.

- Ah, oui, mon prénom... Désolé. Il m'arrive parfois d'oublier les règles de base quand je suis en compagnie d'un beau garçon, lui répondit il tout en continuant de marcher. Ethan, je m'appelle Ethan", ajouta t il en disparaissant dans la nuit.

Alessio resta debout, figé de tout son corps à regarder l'ombre d'Ethan se mouvoir dans la foule athénienne. Beaucoup de choses se bousculaient alors dans sa tête. Ce qui pouvait paraître comme de simples échanges cordiaux pour certains était en fait une invitation à la découverte de l'autre. Alessio en était persuadé, il n'y avait rien de banale là-dedans. Lui qui de ses dix-huit ans n'avait jamais connu de telle interaction venait tout simplement de ressentir un sentiment nouveau. L'amour était un bien grand mot pour une si brève rencontre mais ce dont Alessio était certain, c'est que ce fameux Ethan ne l'avait pas laissé indifférent tant par son visage comparable à l'une des sept merveilles du monde, mais surtout par la manière dont il lui avait parlé comme s'il l'avait, quelque part, toujours connu. Par ailleurs, ce qui intriguait intensément Alessio, c'était les larmes d'Ethan. Il voulait connaître la raison de celles-ci.

Il reprit alors son chemin en direction de sa maison et se repassa ce moment en tête encore et encore. Il ignorait ce qui venait réellement de se passer mais une chose était sûre : il adorait ça. Il arbora son plus grand sourire tout en ouvrant la porte de sa maison, la referma et se dit que finalement cet été pouvait peut-être bien devenir le plus intéressant de toute sa vie.