MAKO (Tome 1) Ombre et Lumière

Chapitre 1. L'aube

La lune, docile, éclaire mon visage. La nuit est douce, ne puis-je m'empêcher de songer, allongé confortablement sur la plaine bardée d'arbres, en écoutant mon frère d'arme bander son arc.

Cette soirée fut particulièrement mouvementée. La mission que l'on se devait d'exécuter n'était clairement pas chose facile, mais l'appât du gain aidant, l'assassinat nous rapporterait à lui seul sept mille Sogas par tête. Quatre victimes.

Quatre jeune femme et pas n'importe lesquelles, toutes dotées d'un pouvoir démesuré. Celui de ne pouvoir leur résister. Un seul regard en c'en était fini de vous, ces sales mégères pénétraient votre esprit en un battement de cil, amorçant doucereusement votre déchirante descente aux enfers. Un riche homme d'affaire nous avait engagés sur ce contrat, arguant que ses subalternes trop stupides se seraient précipités tout droit dans l'antre de ces sorcières sans précaution en embrassant bêtement leur mort. Il ajoutait alors que des disparitions ou des meurtres à chaque nouvelle lune ne favorisaient nullement son commerce pourtant fleurissant.

Je m'avançais discrètement vers une hutte tandis que Denzia aux aguets, tapis près de la maigre colline voisine, se tenait prêt à décocher sa flèche. D'un commun accord nous partions pour une élimination furtive. L'une des cibles, ne s'étant rendu compte de rien, nettoyais calmement ses lames enduites de sang à même lit de la rivière. Je me précipitais alors sur elle, la faisant chanceler de tout mon poids et l'égorgeais. La lune se reflétait sur l'eau, projetant ingénument l'ombre d'une gerbe de sang qui jaillit sur l'herbe. Denzia, en vigilance constante, m'épaula tandis que je me dirigeais vers la seconde, accroupie près du feu, fricassant son poisson durement acquis, sûrement pêché pendant l'après-midi. L'on pouvait entendre le bois craquer sous la chaleur des flammes, crépitant au gré de la nuit. Un bruit sourd retentit dans la plaine sinistre et silencieuse. La jeune femme ne fut pas épargnée par la flèche. Elle perdit soudain de sa superbe pour échouer pathétiquement sur le sol. Morte. Les deux autres sorcières sortirent au même instant de la hutte et m'apercevant, s'élancèrent dans ma direction. Bien qu'un tant soit peu effrayé, je fermais alors les yeux pour échapper à mon destin, priant pour que Denzia les atteigne avant qu'il ne soit trop tard. L'une mourut rapidement, l'autre, de rage, plongea sur moi et me poignarda, enfonçant sa lame entre mes omoplates. Interloqué, mon compagnon l'acheva d'une flèche dans le crâne.

Denzia courut presque jusqu'à moi.« Eh bah qu'est ce qu'il t'arrive Mako, tu n'étais pas dans ton assiette ? » attaque t'il d'un air arrogant

Il me tend la main, avec son air de badaud, un sourire vicieux qui s'étendant jusqu'à ses yeux. Je la refuse poliment en crachant dedans. Il l'essuie sur sa redingote en riant, pas vexé pour un sou.

« Je ne sais pas... Dès qu'elles m'ont vu, j'ai cru... »

J'avale difficilement ma salive.

« Je savais bien qu'elles étaient là, juste en face, mais quand je l'ai senti tout près de moi, j'en sais rien, j'ai vraiment cru y passer » j'achève dans un murmure à peine audible

Denzia me contemple, un pli soucieux barrant son front.

« Ne t'en fais pas, je serai toujours là pour assurer tes arrières... » jure t'il, le poing sur le cœur

« ... comme à chaque fois » ajoute t'il malicieusement d'un rire sournois.

L'autre lève les yeux vers moi et ragaillardi bien qu'empreint d'une certaine douceur, je lui réponds malgré moi.

« Je le suis aussi. Nous sommes frères d'arme, nous le serons peu importe la dureté des épreuves qui qui se dresseront sur notre chemin »

« Ca, c'est sûr ! » aboie t'il en riant, « retournons au campement, nous panserons ta blessure et je pourrai réviser mon arc. Je trouve avoir été mauvais ce soir mon ami ! »