Chapitre 13

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Je ne peux pas m'empêcher de gesticuler, nerveuse. Je suis assise au premier rang, aux côtés de la famille d'Alexander. La journée a été insupportable pour nous et voir Deliah constamment collée au fils de l'Alpha m'a de nombreuses fois donné envie de vomir. Elle n'a aucun scrupule à l'utiliser, alors qu'elle sait qu'il ne lui appartiendra jamais.

La cérémonie traditionnelle est sur le point de commencer et je remue les doigts dans le simple but de me raccrocher à quelque chose mais rien ne me permet de m'ancrer réellement. Je crois qu'Alexia le remarque car elle pose doucement sa main sur la mienne. Je sursaute de stupeur mais je ne peux faire rien de plus car ma vision se teinte de noir avant de s'éclaircir. Quand je pense rouvrir les yeux et avoir Alexia en face de moi, c'est tout le contraire.

Je recule, sans même savoir si je suis toujours dans la réalité ou non. Mais tout ce que je vois, c'est elle. Alenscia me sourit, sans une once de méchanceté. Ses belles lèvres maquillées de rouge se mouvent avec grâce.

— Je t'avais dit qu'on se retrouverait, Léana.

Je déglutis, le cœur balancé par l'incompréhension la plus totale. Elle est totalement impassible, à part son beau sourire qui magnifie son visage de porcelaine.

— Pardon ?

À mon grand étonnement, son visage commence à se changer et j'écarquille les yeux d'effroi, une seconde fois. Cette fois-ci, je reconnais la personne en face de moi sans pouvoir mettre un nom sur elle. Elle a les cheveux noirs de Alenscia mais ses yeux gris sont si familiers des Williams. Son visage ovale est sans conteste celui d'Alexia mais un peu différent. Je fronce des sourcils, incertaine et le souffle court à cause de la situation. Que se passe-t-il encore ?

— C'est moi.

La voix d'Alexia et d'Alenscia sont mélangées, en un chœur parfait. Je les reconnaîtrais à mille kilomètres. Alors que veulent-elles dire par là ? Sont-elles un espèce de mélange bizarre créé par mon traitre de cerveau ?

— C'est notre âme.

Mon cœur bondit. Car je crois comprendre le sens de la phrase.

— La sienne, commence Ale.

— est la mienne, termine Alenscia.

Ma poitrine se soulève à intervalles irrégulières et quand, enfin, je m'apprête à poser une question, je retrouve lien avec la réalité. Cette fois, Alexia m'apparaît clairement, le visage plissé par l'inquiétude et sa main qui me sert fort.

— Léa, ça va ? On dirait que tu as croisé un fantôme.

— Je...

Mais le son meurt dans ma gorge, comme étranglé. Derrière la silhouette d'Ale, collé à elle, le fantôme presque imperceptible, que je suis certainement la seule à voir, d'Alenscia me sourit, rayonnante. Je retire brusquement ma main, faisant sursauter ma meilleure amie, le cœur maltraité.

— Léa ?

Je cligne des yeux en me rendant compte qu'on m'observe étrangement. Je rougis violemment, le cœur cependant toujours oppressé et m'excuse en bafouillant à Alexia avant de me renfoncer dans mon siège, empourprée dans mon malaise. Heureusement pour nous deux, Alexia ne dit rien et met cela sûrement le compte du mariage d'Alex.

Quand je commence à croire que je vais pouvoir être en paix un petit moment avant que la cérémonie ne commence, Nëta touche mon bras, assise à côté de moi et me chuchote :

— Ça fait partie de ton pouvoir. Tu peux voir les âmes ainsi que leurs vies antérieures. Tu l'as vu n'est-ce pas ?

Je me fige comme une statue de glace. Lui demander comme elle sait me démange la gorge mais à quoi je m'attends d'une déesse millénaire, comme moi ? Elle n'a rien oublié, elle.

La Malédiction de La Luna (S2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant