Chapitre huit : Peter

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Je l'ai vue déglutir quand je lui ai annoncé qu'on allait au Mexique. J'ai vu sa main trembler, ses dents malmener sa lèvre. Je ne l'ai envoyée qu'une fois au Mexique. Je ne comprends pas sa réaction. De toute façon, je ne la reconnais plus. Je ne sais plus qui elle est. La gentille fille docile semble avoir disparue. C'est devenu une vraie tête de mule qui me fait chier chaque seconde. Elle méritait la petite leçon au commissariat. Elle doit savoir que ce qu'elle dit, je m'en fous mais balancer Nate... Jamais je ne l'aurai cru capable d'une telle chose. Sa fidélité et son dévouement envers notre famille ont toujours été irréprochables. Mais depuis une semaine, elle n'est plus cette fille. Elle se drogue, boit à ne plus pouvoir marcher et ouvre grand sa gueule en réclamant d'être tuée ou sa liberté. Pourquoi cette entêtement pour mourir ? Avant elle aurait tout fait pour ne pas mourir. Pourquoi ce revirement de situation ?

- Qu'est-ce que c'est ?

Elle regarde une boîte rayée verte et blanche avec son nom gravé en lettres dorées. En vérité, je sais déjà ce que c'est. J'étais dans cet appartement, il n'y a pas moins de deux heures avant de recevoir son appel.

Elle regarde la boîte presque en souriant, comme si c'était un objet qui lui tenait à cœur. Je ne peux m'empêcher de sourire en la voyant comme ça. Elle le remarque, referme la boîte et se dirige vers sa chambre en m'ignorant. Elle est têtue, j'ai l'impression de revenir vingt ans en arrière.

- On part combien de temps ?

Je la suis dans sa chambre et m'adosse contre l'encadrement de la porte. Il est hors de question que je la quitte des yeux. Si elle avait de la drogue dans ses poches, elle doit en avoir dans sa chambre.

- Je ne sais pas.

Elle ouvre sa valise sur le lit et jette des habits dedans sans prendre le soin de les plier. Tailleur, robe, short, tee-shirt, sandales, baskets, survêtements, talons, tout y passe. Elle ouvre un tiroir et en sort une arme qu'elle jette dans sa valise.

- On y va comment ?

- En jet.

Elle se place sur la pointe des pieds et attrape une deuxième arme qu'elle place avec la précédente. Elle soulève le matelas, et en saisit une nouvelle.

- Il y a combien d'armes à feu dans cet appartement ?

- Je ne sais pas, tu veux les récupérer ?

- Je t'ai posé une question.

- Une trentaine.

Putain ! Il va falloir que j'enquête sur la personne qui les lui a filées. Jamais je n'aurai autorisé que Eryne soit entouré d'autant d'armes. La connaissant, elle pourrait se tirer une balle dans le pied rien qu'en ouvrant un tiroir. Ashley se place à genoux, à côté de son lit et en tire une boîte à chaussures. Elle est pleine de briquets. Tous identiques. Ils sont tous rouges. Elle en jette plusieurs dans la valise. Je m'attrape une cigarette et l'allume sans bouger.

- Pourquoi tu as toujours un briquet sur toi si tu ne fumes pas ?

- Pour mettre le feu à ton corps quand tu seras mort.

- Tu seras morte avant moi.

Elle tousse une fois et lorsqu'elle se relève, elle perd son équilibre avant de se rattraper de justesse au meuble. Elle a le teint plus blanc que d'habitude.

- Va manger.

Elle ne dit rien, me contourne et s'enferme dans la salle de bain. Elle fait couler l'eau mais ça ne masque pas le bruit de ses vomissements. J'attrape mon arme et tire dans la serrure avant de m'avancer. On repassera pour la délicatesse.

[L.2] LOVE & SONGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant