T'Erreur

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Dans la rue sombre résonnent les pas précipité d'un assassin. Sous la lumière sanguinolente des réverbères reluisent les pavés trempés par la pluie fine et lacérante. L'homme court, hagard apeuré, sans cesse vérifiant qu'il n'est suivi que par son ombre, sans cesse se retournant, troublé par l'écho de sa propre fuite sur le dallage disjoint, sans cesse jetant des regards affolés. Ses talons claquent sur le bitume mal éclairé par des lampes blafardes, son couteau encore rouge bat contre sa cuisse, lui cuisant la chair. Une empreinte rougeoyante s'infiltre de sa poche, l'arme s'essuie, imbibant le tissu récalcitrant. Sur la rue désertée rebondissent les bruits de sa course haletante, il n'a pas trempé ses pieds dans la flaque qui s'étend, là-bas, mais pourtant sa trace est sanglante. Il fuit, se croyant déjà pris, enfermé derrière les barreaux de son imagination; il se sait déjà arrêté, inculpé, condamné et incarcéré par une paire de gendarme plus lugubre que la lourde porte qui verrouillera ses crimes, aussi froids que le corps qu'il laisse, là-bas, derrière lui. Oh, oui! Il aura le temps d'expier, d'assumer, d'y penser, mais pour le moment il continue de courir, comme fuyant la mort qu'il a appelée. Et quand il sera dans sa cellule, il criera comma a crié le cadre au moment ou il le poinçonnait. Il se répandra en larme, à l'instar de cette flaque d'un vermillon visqueux s'écoulant du trou brodé dans le cœur. Continue donc de courir, tu es pris et tu le sais, tué, pris et jeu d'acier. Dans sa poche le cran d'arrêt dégoulinant lui tape contre la hanche. Débarrasse-t-en, voilà, très bien! Avec tes empreintes dessus? Merveilleux, ce sera tellement plus facile de t'attraper! Cours! Cours donc meurtrier, petit dealer impayé, délinquant apeuré, sombre pion sur l'échiquier. Cours donc, après tout, tu l'as tué, tu lui as pris sa vie pour les dix malheureux sous d'argent qu'il avait sur lui, et maintenant tu t'enfuis, laissant derrière toi un corps refroidi par ton âme rabougrie.

Dans la rue sombre les pas se sont éteints, les pavés rougeoient de la lumière du petit matin. Au loin bougonne une sirène blafarde. Est-ce la police? Une ambulance? Une usine qui s'éveille? Qu'importe! Sur une marche de la ruelle, sur une bordure d'appartement, un homme reste étendu de tout son long, couché dans son sang, la tête fracturée contre le béton. Il s'est ouvert le crane en trébuchant sur une tuile, quelle tuile! Le ruisseau carmin s’enfuit de sa tête dans le caniveau, vers un portefeuille couleur de deuil. Dans ce petit, si petit cercueil, gisent des papiers qui ne lui appartiennent pas, des factures, des photos, des souvenirs, et éclairée par le soleil naissant, luit une petite pièce de dix petits sous d'argent sanguinolents.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 20, 2013 ⏰

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